Cisjordanie: 5 arrestations suite à des représailles meurtrières après le meurtre d’un ado juif
Gallant a signé des ordres de détention administrative à l'encontre de cinq Israéliens soupçonnés de violences à l'encontre de Palestiniens, des violences survenues après la découverte du corps sans vie d'un jeune de 14 ans
Le ministre de la Défense Yoav Gallant a signé dimanche la mise en détention administrative de cinq Juifs soupçonnés d’avoir pris part à des représailles contre des Palestiniens suite au meurtre récent d’un adolescent israélien en Cisjordanie.
Ces mandats d’arrestation ont été annoncés dans un communiqué émis par Honenu, un groupe d’extrême-droite qui offre une représentation juridique aux suspects. L’organisation a indiqué que cinq partisans du mouvement pro-implantation avaient été appréhendés par la police en Cisjordanie, dimanche matin.
Il n’y a pas eu de déclaration officielle de la part de la police sur ces mandats.
Le corps sans vie de Benjamin Achimeir avait été retrouvé le 13 avril, vingt-quatre heures après sa disparition, lorsqu’il avait quitté une exploitation agricole située aux abords de l’avant-poste de Malachei Shalom pour aller garder du bétail. Les forces de sécurité avaient précisé qu’il avait été victime d’un attentat terroriste et la police a finalement arrêté un Palestinien soupçonné d’avoir tué l’adolescent, la semaine dernière.
En cherchant le suspect, les extrémistes juifs avaient attaqué des villages palestiniens environnants et notamment celui d’al-Mughayyir, où ils avaient incendié des maisons et des voitures, entraînant des affrontements entre habitants et forces de sécurité israéliennes. Un Palestinien avait été tué et des dizaines de personnes avaient été blessées pendant ces heurts, dont un journaliste israélien.
Le jour suivant la découverte du corps d’Achimeir, il y avait eu à nouveau, semble-t-il, des altercations violentes entre partisans du mouvement pro-implantation et Palestiniens dans les localités de Beitin et de Duma, qui sont proches de Ramallah.
De nouvelles échauffourées avaient suivi à al-Mughayyir, où six Palestiniens avaient été blessés – l’un grièvement après avoir essuyé une balle dans la tête, avait fait savoir Wafa, l’agence de presse officielle de l’Autorité palestinienne.
Dans un communiqué distinct, qui a indiqué que certains des suspects étaient « mariés et qu’ils avaient des enfants », Honenu a annoncé que cinq personnes avaient été placés en détention pour des périodes distinctes de six, quatre et trois mois.
Honenu a partagé une photo, sur les réseaux sociaux, de l’un des mandats d’arrestation, le nom et le numéro d’identification du suspect étant dissimulés. Le document, signé par Gallant, ordonne l’arrestation d’un citoyen israélien pendant une période de six mois, à partir de dimanche, pour une mise en cause « de la sécurité de l’État et de la sécurité publique ».
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui a travaillé, dans le passé, pour Honenu, s’en est pris à Gallant pour avoir signé ces mandats.
« Les persécutions, de la part de Gallant, des résidents du mouvement pro-implantation correspondent très exactement à ce qu’est en train de faire la Cour antisémite de La Haye au gouvernement israélien », a commenté Ben Gvir, qui préside le parti ultranationaliste Otzma Yehudit, dans un post paru sur les réseaux sociaux.
« C’est une initiative irresponsable qui a été entreprise par l’agence de sécurité du Shin Bet, une initiative qui ne fera qu’apporter plus de munitions à tous ceux qui haïssent Israël », a-t-il continué.
Selon le quotidien Haaretz, l’un des suspects serait un mineur et les autres s’appelleraient Boaz Shpitz, Elhai Carmeli, Tzadok Hacohen et Neria Zarog. Le journal a ajouté que Carmeli resterait en prison pendant 6 mois, Hacohen pour 4 mois et les autres pour 3 mois chacun.
Carmeli et Hacohen avaient déjà été placés en détention administrative, l’année dernière, pour leur participation à des émeutes meurtrières dans la ville palestinienne de Huwara, où les extrémistes juifs avaient semé la désolation. Zarog avait précédemment reçu l’ordre, de la part des militaires, de quitter la Cisjordanie pendant plusieurs mois, et ce à au moins deux reprises.
La détention administrative est majoritairement utilisée pour les Palestiniens soupçonnés de terrorisme mais ce type d’ordonnance a aussi visé des Juifs israéliens qui auraient commis des actes terroristes présumés, ces dernières années.
Cet outil est habituellement utilisé lorsque les autorités sont en possession de renseignements liant un suspect à un crime sans avoir pour autant suffisamment de preuves pour une mise en examen.
Son utilisation contre les extrémistes du mouvement pro-implantation s’est renforcée ces derniers temps, un grand nombre revendiquant leur droit à garder le silence et refusant de coopérer avec les enquêteurs.
Les violences commises par des membres du mouvement pro-implantation se sont multipliées après le massacre qui avait été commis par le groupe terroriste du Hamas dans le sud d’Israël – les hommes armés avaient tué près de 1200 personnes et 253 personnes avaient été prises en otage, des civils en majorité. Les violences étaient déjà en augmentation avant l’assaut meurtrier, selon les groupes de veille.
Depuis le 7 octobre, les soldats ont arrêté environ 3 500 Palestiniens recherchés dans toute la Cisjordanie et notamment plus de 1650 personnes qui seraient affiliées au Hamas. Selon le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne, ce sont plus de 450 Palestiniens de Cisjordanie qui ont perdu la vie dans le même intervalle de temps.
Par ailleurs, toujours dans la même période, au moins 13 Israéliens, dont deux membres des services de sécurité, ont été tués par des Palestiniens en Cisjordanie, selon un bilan israélien.
L’AFP a contribué à cet article.