Cisjordanie : L’armée démolit le domicile de Saleh Al-Arouri, chef du Hamas en exil
Le numéro deux du bureau politique du groupe terroriste dirige son aile militaire en Cisjordanie ; Tsahal a placé une banderole sur le bâtiment détruit qui dit "Hamas = État islamique"

L’armée israélienne a démoli la maison d’un haut-responsable du Hamas, Saleh al-Arouri, dans la ville d’Arura, en Cisjordanie, près de Ramallah. La destruction de l’habitation a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi.
Des images postées sur les réseaux sociaux ont montré l’explosion contrôlée du bâtiment qui a été réalisée par les militaires.
Le 27 octobre, le chef du Commandement central, le général Yehuda Fox, avait signé l’ordre de démolition. Il est difficile de dire si quelqu’un vivait encore dans l’habitation lorsqu’elle a été détruite.
Al-Arouri, qui vit actuellement au Liban, est le numéro deux du bureau politique du Hamas et il est considéré comme le leader de-facto de l’aile militaire du groupe terroriste en Cisjordanie.
Après la destruction du bâtiment, une bannière faite par l’armée a été installée sur les décombres. Affichant un mélange des drapeaux du Hamas et de Daesh, elle est accompagnée du slogan « Hamas = État islamique » en arabe.
Israël s’efforce de mettre en avant ce message faisant l’équivalence entre le Hamas et le groupe terroriste de l’État islamique depuis le début de sa guerre à Gaza, qui a éclaté lorsque le Hamas a commis un assaut meurtrier sur le sol israélien en date du 7 octobre. 2 500 terroristes ont fait irruption en Israël depuis la bande de Gaza par voie terrestre, aérienne et maritime, ont tué plus de 1 400 personnes et pris en otage 230 personnes de tous les âges, sous un déluge de milliers de roquettes tirées sur les villes et villages israéliens.
La vaste majorité des victimes de ces hommes armés qui avaient réussi à prendre le contrôle des communautés frontalières étaient des civils – notamment des nouveau-nés, des enfants et des personnes âgées. Des familles entières avaient été exécutées dans leurs habitations et plus de 260 jeunes avaient été tués alors qu’ils prenaient part à un festival de musique électronique, entre autres barbaries perpétrées par les terroristes.
لحظة تفجير قوات الاحتلال منزل نائب رئيس المكتب السياسي لحركة حماس الشيخ صالح العاروري في بلدة عارورة شمال غرب رام الله pic.twitter.com/BfJgNCwT6q
— القسطل الإخباري (@AlQastalps) October 31, 2023
Al-Arouri, 57 ans, s’est beaucoup exprimé depuis le début de la guerre, faisant des déclarations et accordant des interviews aux médias. Il a notamment affirmé que le Hamas n’avait pas pris pour cible des civils, malgré les preuves attestant du contraire – c’est les civils que les terroristes ont systématiquement visé, qu’ils ont violenté et massacré, assassinant des enfants et des vieillards.
Les forces de sécurité israéliennes s’étaient emparées de l’habitation d’al-Arouri il y a une semaine et demie. Des sources palestiniennes avaient alors fait savoir que le bâtiment avait été transformé « en installation militaire ».
Une bannière avait été accrochée sur l’habitation, avec une photo d’al-Arouri apparaissant sur le fond bleu et blanc d’un drapeau israélien. Un slogan écrit en arabe disait : « L’ancienne maison de Saleh al-Arouri est devenue aujourd’hui le siège d’Abu Nimer, le Shin Bet israélien ».
Les services israéliens de renseignement pensent qu’al-Arouri avait aidé à préparer le kidnapping et le meurtre de trois adolescents israéliens — Gil-ad Shaar, Eyal Yifrach et Naftali Fraenkel — en 2014, ainsi que de nombreux autres attentats. Il avait purgé une peine dans une prison israélienne et il avait été libéré au mois de mars 2020 dans le cadre de l’échange de prisonniers qui avait permis la remise en liberté du caporal Gilad Shalit, kidnappé par le Hamas en 2006. Arouri devait être impliqué dans la conclusion de cet accord qui avait entraîné la libération de plus de mille détenus sécuritaires palestiniens qui étaient incarcérés en Israël en échange du retour de Shalit, en 2011.
Il s’était installé à Istanbul mais il avait été obligé de quitter la ville lorsqu’Israël avait renoué des liens avec la Turquie – les relations entre les deux pays avaient été rompues après un raid de Tsahal contre une flottille de solidarité qui tentait de briser le blocus maritime de la bande de Gaza, une opération militaire qui avait entraîné la mort de neuf ressortissants turcs qui se trouvaient à bord du navire Mavi Marmara.

Après avoir passé du temps en Syrie, l’homme a fini par poser ses valises à Beyrouth. Depuis, il gère les opérations militaires du Hamas en Cisjordanie, il organise des activités en lien avec le terrorisme et il s’occupe du transfert des fonds nécessaires au financement des attentats du Hamas.
Il est aussi l’un des responsables du Hamas les plus proches des autorités iraniennes et du groupe terroriste du Hezbollah, au Liban.
A Beyrouth, al-Arouri a établi une force locale du Hamas qui s’appuie sur des activistes des camps de réfugiés libanais. Le groupe a suivi une formation militaire et il a à sa disposition un arsenal de roquettes, quoique beaucoup plus modeste que celui du Hezbollah.
Un certain nombre d’attaques commises le long de la frontière avec le Liban, ainsi que des tirs de roquette en direction du nord de l’État juif, ont été revendiqués par des factions terroristes palestiniennes, notamment par le Hamas.
La semaine dernière, al-Arouri a rencontré le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah et le leader du Jihad islamique palestinien Ziad al-Nakhaleh. Les trois hommes ont évoqué la guerre en cours dans la bande de Gaza et ils ont convenu de coordonner leurs efforts.

En 2018, al-Arouri s’était rendu dans la bande de Gaza pour prendre part aux initiatives de réconciliation avec le mouvement du Fatah, son rival dont le siège est à Ramallah. Le Hamas avait pris le contrôle de Gaza qui se trouvait entre les mains de l’Autorité palestinienne, liée au Fatah, à l’occasion d’un coup d’état sanglant en 2007.
Au cours de l’année 2018, les États-Unis avaient offert une rançon de 55 millions de dollars pour toute information sur le lieu où se cachait al-Arouri, affirmant qu’il s’était rendu coupable de terrorisme. L’un des adolescents qui avaient été enlevé, Naftali Fraenkel, était un citoyen israélo-américain.