Cisjordanie: Préparatifs de démolition de la maison du Palestinien qui a tué un soldat
L'armée a cartographié la maison du quadragénaire, père de cinq enfants et originaire d'un village du nord de Ramallah, qui a renversé des soldats jeudi et tué Maksym Molchanov

L’armée israélienne s’est déployée dans la ville palestinienne de Deir Ammar, au nord-ouest de Ramallah, avant l’aube vendredi afin de cartographier la maison du terroriste qui a tué un soldat qui n’était pas en service et blessé six de ses compagnons dans une attaque au camion-bélier la veille près d’un poste de contrôle en Cisjordanie, non loin de Modiin.
Pendant l’opération, l’armée a fait savoir que des émeutiers palestiniens ont lancé des pierres et des cocktails Molotov sur les soldats, qui ont riposté par des moyens de dispersion des émeutes dont le fusil Ruger. La cartouche de calibre .22 d’un fusil Ruger est considérée comme moins létale que les cartouches de gros calibre généralement utilisées par l’armée. Les organisations de défense des droits de l’homme sont opposées à son utilisation pour le contrôle des émeutes dans la mesure où il peut malgré tout tuer.
Aucun soldat n’a été blessé.
Cette intervention est le premier volet du processus en vue de la démolition, qu’Israël pratique contre le domicile des Palestiniens accusés de terrorisme.
Le processus prend généralement plusieurs mois et est émaillé d’audiences judiciaires pour entendre les recours interjetés par les familles des terroristes, mais il est rare que ces derniers aboutissent.
L’efficacité de cette politique fait l’objet de vifs débats jusqu’au sein de l’establishment sécuritaire israélien et les militants des droits de l’homme la condamnent, pour son caractère punitif collectif, jugé injuste. L’administration Biden s’est également prononcée contre cette pratique.

Daoud Abdel Razak Faiz, le terroriste, s’est présenté à hauteur du checkpoint Maccabim, côté israélien, a fait demi-tour sans entrer en Cisjordanie et renversé des soldats qui n’étaient pas en service et marchaient sur le bord de la route. Les soldats se rendaient d’un poste militaire voisin à la gare routière afin de prendre part à une activité de cohésion à Modiin.
Faiz a pris la fuite en direction du poste de contrôle de Hashmonaim, à sept kilomètres environ, où il a été abattu par les soldats avant de pouvoir entrer en Cisjordanie.

L’attaque a fait un mort, un autre dans un état grave et deux autres dans un état raisonnable.
Un adolescent palestinien travaillant sur un stand au bord de la route et un couple d’Israéliens de 25 ans, dont le véhicule a été heurté par le terroriste, ont également été blessés.

Le soldat tué est le caporal Maksym Molchanov, 20 ans, venu d’Ukraine en 2017 par le biais de la Naale Elite Academy de l’Agence juive, programme destiné aux adolescents juifs désireux de terminer leurs études secondaires en Israël.
Molchanov était un « soldat seul », un de ceux dont les parents ne vivent pas en Israël ou qui ne sont pas aidés financièrement par ces derniers.
L’année dernière, Molchanov avait fait un don de moelle osseuse qui avait permis de sauver la vie d’un garçon de 12 ans.
Il a été promu à titre posthume au grade de sergent.
Faiz, père de cinq enfants et originaire de la ville voisine de Deir Ammar, en Cisjordanie, était titulaire d’une autorisation d’entrée et de travail en Israël. Selon l’agence de sécurité Shin Bet, on ne lui connaissait pas d’infractions en matière de sécurité.
Le ministère de la Défense a fait savoir qu’il a été appréhendé par des gardes de sécurité en faction au poste de contrôle de Hashmonaim il y a de cela deux semaines, apparemment ivre et refusant de se livrer au contrôle. Les gardes « ont utilisé une force raisonnable » pour l’interpeller.

Les tensions sont élevées dans le secteur suite aux attentats palestiniens, en Israël et en Cisjordanie, qui ont fait 27 victimes civiles et trois soldats, et plusieurs blessés graves depuis le début de l’année.
Selon un décompte du Times of Israel, 177 Palestiniens de Cisjordanie ont été tués depuis le début de l’année, la plupart lors d’affrontements avec les forces de l’ordre ou d’attentats, sans oublier les civils innocents et autres victimes tués dans des circonstances encore peu claires, parfois par des résidents d’implantations israéliens armés.
Selon les chiffres fournis jeudi par les autorités, les forces de sécurité ont à leur actif plus de 2 000 opérations d’arrestation en Cisjordanie et ont déjoué plus de 470 attentats terroristes depuis début 2023.