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Interview

Claude Lanzmann reste « inquiet » pour l’existence de l’Etat hébreu

Intellectuel engagé, ancien ami de Jean-Paul Sartre et compagnon de Simone de Beauvoir, le cinéaste refuse que l'on dise "qu'Israël est la rédemption de la Shoah"

Claude Lanzmann. (Crédit : Flash90)
Claude Lanzmann. (Crédit : Flash90)

L’écrivain et cinéaste français Claude Lanzmann, défenseur de longue date d’Israël, continue à se dire « inquiet » pour l’existence de l’Etat hébreu, qui reste menacé selon lui par l’Iran.

L’auteur du monumental « Shoah », documentaire fleuve sur l’extermination des Juifs par les nazis, a reçu ce week-end un prix saluant l’ensemble de son oeuvre au festival international du film de Haïfa.

Dans un entretien accordé à l’AFP, le cinéaste évoque spontanément l’Iran en faisant part de son inquiétude pour l’Etat hébreu.

« Je suis inquiet pour Israël. Si l’Iran se dote de l’arme nucléaire, quoi qu’on en dise aujourd’hui ce serait un vrai changement, un saut qualitatif. Je suis plutôt d’un tempérament pessimiste et je pense qu’Israël n’en a pas fini avec les guerres », déclare le réalisateur, auteur de « Pourquoi Israël » (1972) et « Tsahal » (1994).

Cette inquiétude est partagée par de nombreux Israéliens après l’accord conclu en juillet entre les grandes puissances et Téhéran sur le programme nucléaire iranien, qui a été qualifié d' »erreur historique » par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Interrogé sur l’isolement international d’Israël, notamment en raison de ses relations tendues avec les Etats-Unis et d’une campagne internationale de boycott, Claude Lanzmann se cabre.

« Je défends Israël un point c’est tout. C’est quoi le contexte actuel ? », demande-t-il avec une certaine irritation. « Le boycott n’est pas encore en place. Depuis le temps qu’on dit qu’Israël est isolé… Les Israéliens ne sont pas des idiots et l’isolement ils le rompront ! ».

« Et puis ils ne sont pas non plus totalement isolés, il y a des pays et des gens qui les défendent », ajoute-t-il.

« Il y a beaucoup de raisons d’être fier de ce pays. Ce qu’ils font dans leurs start-up, l’humanité entière en profite ».

‘Très peur’ de la mort

Claude Lanzmann est surtout connu dans les cercles universitaires et intellectuels en Israël, où il a reçu le titre de Docteur Philosophiae Honoris Causa de la prestigieuse Université Hébraïque de Jérusalem.

Mais en Israël, comme en France, son documentaire « Shoah » a révolutionné l’histoire, et son enseignement, de l’extermination systématique des juifs pendant la Deuxième guerre mondiale, imposant le terme même de « Shoah » (« anéantissement » en hébreu) dans le langage courant.

Intellectuel engagé, ancien ami de Jean-Paul Sartre et compagnon de Simone de Beauvoir, Claude Lanzmann refuse que l’on dise « qu’Israël est la rédemption de la Shoah » même s’il concède que la relation entre les deux est « compliquée ».

« Je n’accepte pas qu’on dise qu’il a fallu six millions de morts pour permettre à ce pays d’exister, comme le fait (Steven) Spielberg dans son film ‘la Liste de Schindler' », dit le cinéaste.`

Adolf Eichmann on trial in Jerusalem, 1961 (photo credit: AP file)
Adolf Eichmann on trial in Jerusalem, 1961 (photo credit: AP file)

Claude Lanzmann ne ménage cependant pas ses critiques à l’égard d’Israël concernant l’organisation du procès d’Adolf Eichmann, criminel de guerre nazi, capturé par les agents du Mossad en 1960 et exécuté en Israël en 1961.

Le réalisateur a ainsi consacré son dernier documentaire, « le Dernier des injustes » (2013), à la réhabilitation de Benjamin Murmelstein, ancien président du Conseil juif du ghetto de Terezin, en République tchèque, exclu du procès Eichmann par Israël qui avait jugé que son témoignage manquait de fiabilité en raison d’une soi-disant compromission avec les nazis.

Plus légèrement, Claude Lanzmann, qui va fêter ses 90 ans en novembre, confie que cela lui fait « très plaisir » que la ville de Netanya, où vit une importante communauté francophone, au nord de Tel-Aviv, ait décidé de donner son nom à une promenade de bord de mer.

« J’aime bien l’idée d’une promenade de bord de mer, et puis ça se fait de mon vivant, on attend pas que je sois mort », plaisante-t-il.

Interrogé sur la mort, il reconnaît en avoir « très peur ».

« La mort est un scandale absolu. Il n’y a que la vie. C’est aussi le sens de ‘Shoah' ».

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