Clignez des yeux et vous la raterez : la stratégie de défense de Liberman
“Plus de guerre d’usure,” dit le nouveau ministre à la direction de l’armée dans une référence possible au bourbier de Gaza
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Profondément ancrée dans le discours d’inauguration du ministre de la Défense Avigdor Liberman à la direction de l’armée israélienne mardi, une phrase pourrait éclairer ce que sera sa stratégie sécuritaire d’Israël.
« Nous n’avons pas le luxe de mener des guerres d’usure interminables », a déclaré mardi Liberman à l’Etat-major de l’armée israélienne.
L’une des critiques contre le nouveau ministre de la Défense est son imprédictibilité, sa propension à changer d’avis, sans sembler s’inquiéter de sa cohérence.
Cette phrase, qui peut sembler bénigne, pourrait proposer un aperçu sur la doctrine militaire de Liberman.
Israël est sans aucun doute impliqué dans une guerre d’usure contre le Hamas depuis des années, chaque partie travaillant lentement contre l’autre.
Avec un strict contrôle de la frontière et des opérations à large échelle de temps à temps, Israël travaille à épuiser les armes et les combattants du Hamas. Pendant ce temps, le Hamas, avec des roquettes et des « tunnels terroristes », espère diminuer la détermination israélienne.
Mais en dix ans de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas, depuis un violent coup d’état, aucune des deux parties n’a essayé de mettre l’autre KO.
Pendant la dernière incursion de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, l’opération de 2014 baptisée en Israël Bordure protectrice, l’objectif n’était pas de détruire le Hamas, mais de donner un « coup important » à l’organisation terroriste et à son réseau de tunnels, selon le propre compte-rendu de l’armée.
Une tape sur le nez, c’était aussi l’objectif d’Israël deux ans plus tôt pendant l’opération Pilier de défense en 2012, et quatre ans auparavant pendant l’opération Plomb durci en 2008 – 2009.
Liberman, qui a appelé à une prise de pouvoir complète dans la bande de Gaza pendant le conflit de 2014 et a également encouragé une réponse « disproportionnée » en réponse aux actes d’agression du Hezbollah dans le nord du pays, peut viser à supprimer ce style de guerre lente, et préférer des actions spectaculaires et drastiques.
La phrase de 13 mots du ministre de la Défense est à peine un plan de bataille pour Gaza. Elle ne précise ni comment Israël mènerait une telle guerre de non-usure, ni ce qu’Israël ferait avec une bande de Gaza appauvrie si la guerre d’usure de dix ans s’achevait, deux questions cruciales.
Elle donne cependant aux généraux israéliens des indications sur ce qu’ils peuvent attendre de leur nouveau patron, dont les commentaires et les recommandations sur des sujets militaires ont rarement été pris au sérieux.
Par exemple, Liberman ministre de la Défense tiendra-t-il sa promesse de décembre de tuer le dirigeant du Hamas Ismail Haniyeh s’il ne rend pas les corps de deux soldats israéliens détenus à Gaza sous 48 heures ?
(Un universitaire israélien impertinent a créé un site internet pour suive ce développement : isismailhaniyehdeadyet.com)
A part sa remarque contre les guerres d’usure, le discours de Liberman a fourni de précieux détails sur ce à quoi ressemblera le ministère de la Défense. Le reste de son exposé était un commentaire décousu et dur à suivre sur le besoin pour l’armée israélienne non seulement de défendre Israël, mais d’utiliser sa position pour inspirer la population.
Pour le ministre de la Défense, les civils en Israël sont tout aussi importants pour la défense nationale que les soldats : « Par conséquent je pense que la première mission de l’armée israélienne est le maintien de la force morale nationale. »
Ce que signifie exactement « force morale nationale » est moins clair.
« C’est en trois dimensions », a-t-il dit, indiquant qu’il y avait de la profondeur.
Une dimension de sa « force morale nationale » est la compréhension qu’Israël ne peut mener des guerres que quand il n’a pas le choix.
Le deuxième aspect est sa croyance que « l’unité du peuple » est plus importante que « l’intégrité territoriale ». Il s’agit d’une référence à sa volonté redécouverte de céder du territoire en échange de la paix, qui n’a pas vraiment promu l’unité jusqu’à présent, au moins pas dans la coalition.
La « dimension » finale est le besoin d’un accès égal aux opportunités. Liberman a cité les notes aux tests faibles de la ville relativement pauvre de Kiryat Malachi, comparées à celles de la plus riche Raanana. Il s’est cité lui-même comme exemple de réussite pour les immigrants (il est arrivé en Israël depuis la Moldavie en 1978) et a déclaré qu’Israël était « plus l’Amérique que l’Amérique » comme « pays d’opportunité ».