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Revue de presse israélienne

Comment résoudre le problème Zoabi ?

Retour sur le dernier épisode de la députée arabe israélienne controversée, et suites de l'attentat en Turquie

Ilan Ben Zion est journaliste au Times of Israel. Il est titulaire d'une maîtrise en diplomatie de l'Université de Tel Aviv et d'une licence de l'Université de Toronto en études du Proche-Orient et en études juives

La députée Hanin Zoabi (au centre), de la Liste Arabe Unie, confronte ses camarades parlementaires en assemblée de la Knesset après ses remarques sur l'accord de réconciliation entre la Turquie et Israël, le 29 juin 2016. (Crédits  : capture d'écran YouTube)
La députée Hanin Zoabi (au centre), de la Liste Arabe Unie, confronte ses camarades parlementaires en assemblée de la Knesset après ses remarques sur l'accord de réconciliation entre la Turquie et Israël, le 29 juin 2016. (Crédits : capture d'écran YouTube)

La députée Hanin Zoabi, de la Liste Arabe Unie, qui a pris part à la flottille Mavi Marmara en 2010, fait la Une des journaux après son intervention à la Knesset mercredi : elle a qualifié les soldats israéliens qui avaient pris d’assaut le bateau, qui voulait mettre fin au blocus en 2010, de “meurtriers”.

Ses commentaires ont fait se lever de leurs sièges de nombreux membres de la Knesset, les incitant à prendre le podium pour outrage. Une fois le calme revenu, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rejoint la chorale de critiques, expliquant qu’il examinait les recours légaux pour l’évincer du Parlement.

« Le mépris de Zoabi », c’est ainsi que Yedioth Ahronoth qualifie l’épisode, à sa Une de jeudi. Comme à son habitude, Israel HaYom ne cite personne dans ses titres, « Zoabi a exagéré, le temps est venu de la renvoyer de la Knesset ». Haaretz joue sur les deux tableaux : « Zoabi : les soldats qui ont attaqué la flottille sont des meurtriers ; Netanyahu appelle à son renvoi ».

Alors que les tabloïds voient rouge et que leurs éditorialistes écrivent sans fin sur la façon dont la parlementaire arabe devrait plier bagages, le quotidien de gauche semble moins s’en soucier.

D’une façon inattendue, l’édito de Dan Margalit d’Israel HaYom, dans lequel il écrit que Zoabi « n’est pas une traîtresse, c’est l’ennemie » est relégué dans les pages intérieures, peut-être parce qu’il n’a pu assembler qu’une centaine de mots, loin de ses interminables jacasseries habituelles.

« Elle n’a jamais renoncé à ses valeurs violentes, à ses intentions antisémites et à son désir de voir l’Etat juif baigner dans son sang », accuse-t-il.

Pendant que Margalit traîne Zoabi dans la boue pour ses « remarques intolérables », il met en garde sur le fait que l’évincer du Parlement devra être fait « à tête reposée ».

« Une punition trop extrême sera comprise par l’extrême-gauche à l’étranger comme une répression de la liberté d’expression et un nouveau déclin de la démocratie israélienne », écrit-il. S’opposant au Likud (peut-être est-ce pour cela qu’il est en page 28 ?), il rejette la suggestion d’une loi la bannissant de la Knesset, proposant au contraire que ce devrait être aux électeurs arabes de la renvoyer.

Zoabi savait parfaitement ce qu’elle faisait lorsqu’elle a pris le micro, analyse Ben Dror Yemini dans Yedioth Ahronoth. « Elle voulait que, au lieu d’un débat sérieux sur l’accord avec la Turquie, la Knesset crie et s’agite à cause d’un autre discours incitant au terrorisme et qualifiant les soldats israéliens de ‘meurtriers’ ».

Il va plus loin, comparant son discours à l’attentat de l’aéroport d’Istanbul de la veille, déclarant qu’ils provenaient tous deux d’idéologies radicales et servaient à clore le débat. « Paradoxalement, l’attaque de Zoabi » – utilisant le mot hébreu pour les attaques terroristes – « a eu plus d’influence sur le débat à la Knesset que l’attaque à Istanbul ».

« On dirait que la mission de sa vie est le conflit entre les Juifs et les Arabes », se demande-t-il. « Elle n’a aucun intérêt en l’amélioration de la vie des Arabes. Elle n’est intéressée que par une seule chose : créer un gouffre entre les Juifs et les Arabes. Elle sait que sa remarque sur les soldats israéliens la rendra encore plus haïe des Juifs. Elle veut que plus de Juifs n’haïssent pas qu’elle, mais aussi tous les Arabes ».

Yemini ajoute que la discussion de l’accord signé avec la Turquie plus tôt cette semaine reste essentielle, et la Turquie reste en haut des sujets traités par la presse israélienne.

Haaretz met à jour le bilan de l’attaque sur l’aéroport d’Ataturk, qui est maintenant de 42 morts, et cite le chef de la CIA, disant que cet assaut mortel sur une cible civile porte tous les signes du groupe Etat Islamique.

Allant plus loin, Haaretz rapporte que l’agence de presse turque, Dogan, a déclaré que les services de renseignements turcs avaient reçu une alerte sur une possible attaque à Istanbul trois semaines plus tôt, pendant que la chaîne américaine NBC révèle que les renseignements américains avaient également alerté leurs homologues turcs.

Yedioth Ahronoth reproduit le récit d’un employé de l’aéroport, qui se souvient de l’horreur de l’attaque. « Il n’y a pratiquement aucune sécurité aux sorties », confie Murat au journal.

« Quand ils sont entrés, l’un s’est précipité au rez-de-chaussée, et un second a couru dans l’escalator allant au deuxième étage. Un autre est entré par une seconde entrée, de l’autre côté du bâtiment. Il a crié aux gens qu’il allait faire exploser une bombe, et ils ont tous couru vers la direction opposée, paniqués. Là, le terroriste qui était au rez-de-chaussée a commencé à les arroser avec sa kalachnikov ».

La couverture d’Israel HaYom penche plus vers le « circulez, rien à voir ». « Malgré l’attentat, pour de nombreux Israéliens l’attrait de la Turquie est trop fort », écrit le journal. Et moins de 24 heures après l’explosion, les Israéliens étaient déjà de retour vers Istanbul, mais contrairement à ce que voudrait faire passer le journal, les personnes interrogées sont soit en correspondance, ou en voyage d’affaires.

Le titre cite un voyageur : « après l’attaque, nous nous sentons plus en sécurité ». Mais il faut aller à la fin de l’article pour lire la suite de la citation de Shimon : « et je ne quitte même pas l’aéroport, donc je n’ai pas de problèmes ».

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