Conscription : Des extrémistes Haredim bloquent une autoroute dans le centre d’Israël
Des membres de la "faction de Jérusalem" ont bloqué une partie de la route 4 à la sortie de Bnei Brak pour manifester contre un projet de loi sur le service militaire
Des centaines de manifestants ultra-orthodoxes d’une secte extrémiste ont bloqué la circulation sur une grande autoroute près de Tel Aviv pendant l’heure de pointe jeudi après-midi pour protester contre un projet de loi sur la conscription des étudiants de Yeshivot haredim.
La manifestation a eu lieu sur la route 4 à la sortie de Bnei Brak, une grande ville ultra-orthodoxe située juste à l’est de Tel Aviv. Les manifestants ont marché sur l’autoroute et ont résisté aux tentatives de la police de dégager la route, bloquant la circulation sur plusieurs kilomètres.
Les manifestants sont affiliés à la Faction de Jérusalem, un groupe extrémiste ultra-orthodoxe qui compte quelque 60 000 membres et qui est considéré comme l’un des opposants les plus virulents aux efforts visant à étendre l’obligation d’enrôlement aux étudiants des Yeshivot et aux autres Haredim. Le groupe, qui s’oppose au caractère sioniste laïc d’Israël, est connu pour les manifestations similaires qu’il a organisées ces dernières années.
Les participants brandissaient des pancartes proclamant qu’ils préféraient mourir ou aller en prison plutôt que de se soumettre à la conscription obligatoire et traitaient la police de « nazis », en plus d’autres insultes, selon le site d’information en hébreu Ynet.
« Nous préférons mourir plutôt que d’aller à l’armée. Il vaut mieux mourir », clamait l’un des manifestants dans une vidéo partagée sur les réseaux sociaux.
« Nous n’avons pas fondé l’État et ce n’est pas à nous de l’aider à résoudre ses problèmes », a ajouté un autre manifestant.
La police a indiqué avoir arrêté sept manifestants et que l’autoroute avait été rouverte à la circulation à 21 heures..
Le projet de loi auquel ces manifestants s’opposent, qui a déjà fait l’objet d’une première lecture à la Knesset, abaisserait de 26 à 21 ans l’âge actuel de l’exemption du service obligatoire pour les Haredim étudiant dans des Yeshivot et augmenterait « très lentement » le taux d’enrôlement des ultra-orthodoxes.
L’avancement du projet de loi, alors que l’armée déclare avoir besoin de milliers de soldats supplémentaires dès que possible en raison du fardeau de la guerre en cours contre le Hamas dans la bande de Gaza, a suscité l’ire de nombreux Israéliens sionistes – laïcs et religieux. La communauté ultra-orthodoxe compterait des dizaines de milliers d’hommes valides aptes à être enrôlés dans l’armée.
השתטחו על הכביש ומנעו תנועת כלי רכב: מפגינים נגד חוק הגיוס ביצעו חסימות בכביש 4, המשטרה מנסה לפנות אותם מהאזור | תיעוד @AkivaWeisz pic.twitter.com/luH8fNWR8r
— כאן חדשות (@kann_news) June 20, 2024
Les hommes ultra-orthodoxes en âge de servir dans l’armée ont pu éviter d’être enrôlés pendant des décennies en s’inscrivant dans des Yeshivot pour l’étude de la Torah et en obtenant des reports de service répétés d’un an jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de l’exemption militaire.
En 2017, la Haute Cour avait statué que les exemptions massives au service militaire sur une base collective étaient illégales et discriminatoires. Depuis lors, les gouvernements successifs ont tenté en vain de formuler une nouvelle législation pour régler la question, tout en demandant à la Cour des reports répétés.
"נמות ולא נתגייס": כמו שהבטיחו כ-100 חרדים קיצוניים בהנהגת הרב צבי פרידמן את כביש 4 ברקע הדיונים על חוק הפטור מגיוס לחרדים. זה קורה רגע לפני סוף השבוע בשעה שעורק התחבורה הראשי עמוס מאוד. מי שמנסים לשמור על הסדר הציבורי הם שוטרי מרחב דן ושוטרי מג"ב. נעדכן @N12News pic.twitter.com/gpwdINwORL
— אור רביד | Or Ravid (@OrRavid) June 20, 2024
La question est particulièrement sensible en raison de la guerre en cours contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza, au cours de laquelle 311 soldats israéliens ont perdu la vie, et des affrontements en cours contre le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah le long de la frontière d’Israël avec le Liban, qui ont entraîné la mort de 15 soldats et réservistes.
Compte tenu de la nécessité de mobiliser un grand nombre de soldats, le gouvernement a soutenu la proposition de prolonger la durée du service des réservistes.
La Haute Cour a exigé qu’une nouvelle politique égalitaire soit légiférée, faute de quoi l’État commencerait immédiatement à recruter des dizaines de milliers d’étudiants de Yeshivot, une mesure à laquelle les partis ultra-orthodoxes sont farouchement opposés.
La Cour a statué en mars que l’État devait cesser de subventionner les Yeshivot dont les étudiants Haredim sont éligibles à l’appel sous les drapeaux, le cadre juridique permettant de le faire ayant expiré. En conséquence, Netanyahu a dû faire face à un sérieux casse-tête politique en raison de la haute priorité que les partis politiques ultra-orthodoxes accordent à la fois au financement des Yeshivot et aux exemptions militaires.
צועדים מצומת קוקה קולה לגהה. שוטרים לצד מפגינים. pic.twitter.com/8u0MuUOb9u
— שילה פריד???????? (@shilofreid) June 20, 2024
Bien que de nombreux membres de la coalition aient exprimé de fortes réserves à l’égard du projet de loi sur la conscription, tous les députés de la coalition, à l’exception d’un seul, ont voté en sa faveur lors de la session plénière de la Knesset la semaine dernière, certains d’entre eux ont explique que le projet de loi pourrait être sauvé en commission. Le projet de loi est actuellement examiné pour les deuxième et troisième lectures qu’il doit passer pour avoir force de loi.
Le gouvernement de coalition compte sur le soutien de deux partis orthodoxes, qui font pression à la fois sur le projet de loi relatif à la conscription et sur un autre projet de loi qui modifierait le processus de nomination des rabbins locaux, en octroyant un plus grand pouvoir au Grand Rabbinat au détriment des autorités locales.
Lundi soir, la Douzième chaîne a rapporté qu’Aryeh Deri, chef du parti Shas, avait menacé de faire tomber le gouvernement si le « projet de loi sur les rabbins » n’était pas adopté. Un grand journal associé à l’autre parti Haredi au pouvoir, Yahadout HaTorah, a proféré une menace similaire.
Elana Kirsh a contribué à cet article.