COP29 : La foi nécessaire pour motiver les hommes à contrer la crise climatique – Diacre scientifique
À la conférence de l’ONU, un groupe interconfessionnel de Jérusalem souligne l'importance de preuves scientifiques, mais dit que la foi pourrait inspirer le changement
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
BAKOU, Azerbaïdjan – Les autorités religieuses doivent exercer leur influence morale pour convaincre leurs fidèles ainsi que les dirigeants mondiaux d’agir face à la crise climatique, car les appels lancés par le monde laïc et les scientifiques du climat sont trop souvent ignorés, ont indiqué mardi les participants à une réunion organisée dans le cadre de la conférence annuelle de l’ONU sur le climat.
Lors de cet événement parrainé par le Centre Interconfessionnel pour le Développement Durable , basé à Jérusalem, Lisa Graumlich, présidente de l’American Geophysical Union, a partagé son parcours. Devenue l’année dernière l’une des premières climatologues des États-Unis à être ordonnée diacre de l’Église épiscopale, elle est convaincue que les institutions religieuses sont en position privilégiée pour promouvoir des actions contre le dérèglement climatique.
Graumlich a expliqué que, pendant des années, elle avait participé à des conférences telles que la conférence COP29 des Nations unies (ONU), qui se tient cette année à Bakou, en Azerbaïdjan, jusqu’au 22 novembre.
Ayant commencé à étudier le problème du réchauffement climatique dans les années 1970, elle a expliqué « qu’elle était convaincue que si la communauté scientifique réunissait plus de données et d’analyses, publiait des rapports plus denses, puis des résumés plus concis, et faisait des présentations PowerPoint plus percutantes, le public et surtout les dirigeants mondiaux se réveilleraient et agiraient. C’est ce que j’ai fait pendant 40 ans », a-t-elle dit.
Elle a ajouté avoir « découvert que la connaissance scientifique est nécessaire mais insuffisante pour motiver les changements transformateurs dont l’humanité a besoin. »
Selon elle, les leaders religieux bénéficient de plusieurs atouts. Le dérèglement climatique pose des défis moraux profonds, et toutes les traditions religieuses se fondent sur des principes de compassion et de justice, qui résonnent avec la nécessité de préserver la Terre en tant que création commune. Les chefs religieux pourraient inspirer, mobiliser et servir de modèles aux communautés, en réduisant par exemple les émissions, en économisant l’énergie et en utilisant des énergies renouvelables dans leurs espaces publics. Ils pourraient aider à protéger les communautés vulnérables aux effets du réchauffement climatique, tels que la sécheresse, les inondations et l’élévation du niveau de la mer. Les institutions religieuses sont généralement des « voix de confiance » capables de sensibiliser et d’influencer les comportements, a-t-elle ajouté.
Notant que le dérèglement climatique est devenu un sujet de discorde politique aux États-Unis, Graumlich, qui vit à Tucson, en Arizona, a souligné que les leaders religieux pouvaient « réduire l’intensité de ce conflit ». Elle a cité le cas des éleveurs de l’Arizona qui ont plus de mal à faire face aux conditions météorologiques liées au dérèglement climatique. Elle a souligné l’importance de « dialoguer, de mettre la politique de côté et d’utiliser les valeurs de la gestion de la terre pour sensibiliser à l’action climatique en réponse aux expériences vécues par ces personnes et ces communautés ».
Le métropolite Séraphin Kykotis, du patriarcat orthodoxe grec d’Alexandrie et de toute l’Afrique, a pour sa part rappelé l’incapacité de la communauté internationale à réduire les émissions de gaz à effet de serre au cours des 50 dernières années, exhortant les dirigeants à agir de manière responsable pour protéger l’humanité et la planète.
« En tant que membres de communautés religieuses, nous appelons nos dirigeants à dialoguer et à résoudre les problèmes au lieu de gaspiller chaque jour des sommes d’argent en tuant des gens, en augmentant les dépenses militaires, en agissant comme Caïn contre son frère Abel », a déclaré Kykotis, qui exerce son ministère au Zimbabwe et était l’un des plus hauts dignitaires religieux présents à la conférence. « Après les souffrances de la Seconde Guerre mondiale et le génocide des Juifs et d’autres communautés, nous avons créé l’ONU pour garantir la paix et la sécurité. La crise du climat affecte notre sécurité et notre coexistence pacifique ».
Le rabbin Yonatan Neril, fondateur et directeur du Centre interconfessionnel pour le développement durable, a rappelé que si 85 % des citoyens du monde étaient affiliés à une religion, « dans les démocraties du monde entier, la plupart des électeurs religieux choisissent des candidats qui s’opposent aux mesures climatiques. »
Citant le défunt rabbin Jonathan Sacks, selon qui Dieu a confié à l’humanité la capacité de prendre ses responsabilités, Neril a estimé que la religion pouvait redonner espoir aux personnes désespérées face au changement climatique — « pas l’espoir naïf que Dieu agira comme par magie, mais l’espoir que nous avons la capacité d’opérer un changement. »
La conférence, qui rassemble près de 66 800 participants selon l’ONU, accueille pour la deuxième année consécutive un pavillon de la foi, offrant 40 événements avec près de 200 intervenants, dont Neril.