Israël en guerre - Jour 368

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Corruption, infox et faux comptes : « C’est pas moi, c’est eux » – Netanyahu

Rejetant les critiques concernant sa politique à Gaza, le Premier ministre a dit avoir voulu occuper la bande et la confier à un pays arabe : "Il n'y a pas eu de volontaires"

Raoul Wootliff est le correspondant parlementaire du Times of Israël

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à une conférence de presse de campagne à la résidence de Jérusalem, le 1er avril 2019 (Crédit : GALI TIBBON / AFP)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à une conférence de presse de campagne à la résidence de Jérusalem, le 1er avril 2019 (Crédit : GALI TIBBON / AFP)

Déclenchant un bombardement médiatique cinq jours seulement avant les élections nationales, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rejeté, dans la matinée de jeudi, des accusations multiples de leadership médiocre et d’actes délictueux, pointant du doigt ses rivaux politiques qui, a-t-il affirmé, conjuguent incompétence et culpabilité, contrairement à lui.

S’exprimant au micro de la station de radio Kan pour sa toute première interview depuis la semaine ayant précédé le scrutin de 2015, Netanyahu a accusé les dirigeants de Kakhol lavan de « campagne de mensonges » et de « calomnie du sang » à son encontre. Rejetant toutes les critiques de ce que lui et son gouvernement ont réalisé – depuis la politique nationale dans la bande de Gaza jusqu’aux travaux d’infrastructure -, le Premier ministre a indiqué qu’il avait apporté une « prospérité sans précédent » à Israël, qui se trouverait menacée si un Benny Gantz « incompétent » était amené à lui succéder.

Alors que l’Egypte et l’envoyé de l’ONU Nikolay Mladenov œuvrent actuellement à la négociation d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas après une flambée de violences la semaine dernière, Netanyahu a nié avoir abandonné les résidents du sud, prétendant avoir amélioré la situation et cherché un moyen de se saisir de la bande de Gaza, actuellement entre les mains des terroristes du Hamas, pour la céder à une puissance arabe régionale.

« Nous avons fait beaucoup à Gaza, nous n’avons pas conquis la bande parce qu’alors, il aurait fallu prendre en charge environ deux millions de Palestiniens. J’ai discuté du problème avec de nombreux dirigeants arabes et aucun d’entre eux ne s’est porté volontaire pour s’en occuper et gérer Gaza, » a dit Netanyahu, qui a ajouté que l’option d’une opération à grande échelle visant à détruire le Hamas était encore possible. Il a toutefois également admis qu’une solution à long-terme restait hors d’atteinte.

Une photo prise depuis le kibboutz israélien de Nahal Oz des manifestants palestiniens se rassemblant le long de la frontière avec Israël. (Crédit : AFP PHOTO / JACK GUEZ)

« Toutes les options – notamment entrer et occuper Gaza – sont encore sur la table, » a-t-il dit. « Je ne sais pas s’il y aura un calme à long-terme mais je ne veux pas m’engager dans des guerres qui ne sont pas nécessaires. Je veux que toutes les mères et que tous les pères sachent que je n’envoie pas leurs enfants pour rien sur le champ de bataille. Il est possible que nous devions, dans le futur, nous engager dans une opération militaire d’envergure dans la bande de Gaza. Mais ce sera le dernier recours. »

De son côté, le leader de Kakhol lavan, Benny Gantz, n’a aucune réponse à apporter aux tirs de roquettes en cours depuis l’enclave côtière « sinon m’en attribuer la responsabilité », a accusé le Premier ministre.

Selon lui, l’opinion publique sait que Gantz « n’a ni l’expérience, ni les capacités nécessaires pour prendre la tête du pays » et l’ancien chef d’état-major a donc recours à « une campagne de mensonges à mon encontre, constituée des accusations les plus ridicules. »

Netanyahu a spécifiquement nié toute malversation dans une enquête de corruption impliquant l’achat de sous-marins dans laquelle plusieurs de ses plus proches conseillers sont impliqués. Il a rejeté des accusations lancées contre lui dans ce dossier.

Ces accusations sont liées à la révélation selon laquelle Netanyahu avait, dans le passé, été actionnaire d’une entreprise du Texas, Seadrift Coke, une firme qui devait être finalement achetée par un fournisseur de ThyssenkKrupp, le fabricant naval allemand au centre d’une enquête pour corruption.

Photo prise le 1 décembre 2012, au siège du géant allemand de l’industrie ThyssenKrupp AG à Essen, en Allemagne. (Crédit : AFP PHOTO/PATRIK STOLLARZ)

Certains médias ont suggéré que Netanyahu avait fait un retour sur investissement de plus de 700 % grâce aux actions de Seadrift, acquises au prix de 400 000 dollars puis revendues en 2010 à son cousin, l’homme d’affaires Nathan Milikowsky, pour la somme de 4,3 millions de dollars. Ce profit spectaculaire a fait naître des spéculations sur de possibles irrégularités dans les accords financiers de Netanyahu.

Le Premier ministre a toutefois raillé ces accusations, clamant qu’au lieu de montrer un comportement délictueux de sa part, elles étaient au contraire la preuve de ses compétences en matière de commerce et qu’elles pouvaient même justifier les votes en sa faveur.

« Je suis fier de comprendre l’économie, de comprendre le commerce et d’avoir la capacité de reconnaître les opportunités d’investissement quand elles se présentent, » a-t-il dit. « C’est un domaine auquel Yair Lapid et Gantz ne comprennent rien. Mes connaissances et compétences en économie ne m’ont pas seulement servi, moi – mais elles ont servi le pays tout entier quand j’ai accédé à mes fonctions. J’ai apporté des milliards à l’économie israélienne : la décennie qui s’est écoulée a été la meilleure pour le pays. »

Netanyahu a une nouvelle fois affirmé que Kalhol lavan avait recours à une « calomnie du sang » à son encontre en mettant en doute sa décision de donner son approbation à la vente par le fabricant naval allemand de sous-marins à l’Egypte, réduisant de ce fait l’avantage militaire qualitatif d’Israël. « On m’accuse de trahison ! Ces allégations sont fabriquées de toutes pièces, » a-t-il dit.

Les dirigeants du parti Kakhol lavan, Benny Gantz, (à gauche), et le député Yair Lapid, lors d’une conférence de presse, à Tel Aviv, le 31 mars 2019. (Flash90)

Il a également vigoureusement écarté les déclarations laissant entendre que le moment choisi pour annoncer le retour de la dépouille du sergent de première classe Zachary Baumel, qui aurait été tué pendant la bataille de Sultan Yacoub en 1982 alors qu’il était âgé de 21 ans, ait été lié avec le scrutin de la semaine prochaine.

« Cela n’a aucun sens – la date a été déterminée en raison de considérations opérationnelles survenues au cours des dernières 48 heures, lorsque les différentes vérifications ont été achevées, » a-t-il dit.

Attaquant Gantz encore une fois, Netanyahu a indiqué qu’il pensait que l’homme qu’il avait lui-même nommé au poste de chef d’état-major ne serait pas capable d’assumer la fonction de Premier ministre.

« C’est trop lourd pour lui. Il s’écrase sous la pression, » a dit Netanyahu, expliquant que c’était le message réel d’une campagne controversée du Likud qui a mis en cause la stabilité psychologique de Gantz.

Netanyahu a rejeté de même l’idée que le Likud aurait utilisé les réseaux sociaux pour propager des infox au sujet de ses adversaires. « Ils ont utilisé des robots. Ce n’est pas nous. C’est eux qui ont fait se répandre des mensonges, ce n’est pas nous, » a-t-il déclaré.

Kakhol lavan avait caracolé en tête des sondages, devant le Likud, le mois qui avait suivi la formation de cette alliance conclue entre la formation Hossen LeYisrael de Gantz et le parti centriste de Yair Lapid, Yesh Atid. Il s’est récemment essoufflé dans les enquêtes d’opinion. Un sondage réalisé mercredi par le quotidien Haaretz indique que le Likud pourrait être à la tête d’un bloc de 67 sièges à l’issue des élections du 9 avril, battant Kakhol lavan sur un score de 30 à 17.

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