Coupure du direct d’AP sur Gaza : Israël annonce révoquer sa décision
Ce revirement intervient après que le gouvernement américain a indiqué être "en contact direct" avec le gouvernement israélien et lui avoir demandé de rétablir le direct
![Le ministre des Communications, Shlomo Karhi, assistant à une conférence sur le journalisme numérique, à l’université Reichman, à Herzliya, le 9 janvier 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90) Le ministre des Communications, Shlomo Karhi, assistant à une conférence sur le journalisme numérique, à l’université Reichman, à Herzliya, le 9 janvier 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)](https://static-cdn.toi-media.com/fr/uploads/2023/01/Capture-décran-2023-01-09-à-17.34.09-640x400.png)
Le ministre israélien des Communications Shlomo Karhi a annoncé mardi soir qu’Israël révoquait sa décision de suspendre le direct sur Gaza réalisé par l »agence de presse américaine AP, après des pressions de Washington en ce sens.
« Etant donné que le ministère de la Défense souhaite examiner la question des diffusions » réalisées depuis la ville de Sderot, toute proche de la bande de Gaza, « et le risque pour nos forces, j »ai ordonné d’annuler l’opération et de rendre l’équipement à l’agence AP » jusqu’à ce que le ministère de la Défense se prononce, indique Shlomo Karhi dans un communiqué.
Cette décision a été annoncée après que le gouvernement américain a indiqué être « en contact direct » avec le gouvernement israélien et lui avoir demandé de rétablir le direct.
Associated Press avait annoncé plus tôt dans la journée que son direct vidéo sur le territoire palestinien avait été coupé par Israël qui accuse l’agence de presse de violer une loi ayant permis aux autorités israéliennes d’interdire la chaîne qatarie Al-Jazeera sur leur territoire.
Cette décision a immédiatement suscité de vives réactions à l’étranger, du porte-parole du secrétaire général de l’ONU, pour qui il s’agit d’un développement « plutôt choquant » à la Maison Blanche qui a demandé à Israël de rétablir le direct vidéo d’AP, en passant par Reporters sans frontières (RSF) qui a dénoncé une « censure éhontée ».
AP a attribué la coupure de son direct à « une utilisation abusive par le gouvernement » de Benjamin Netanyahu de la loi votée début avril qui permet d’interdire la diffusion en Israël de médias étrangers « portant atteinte à la sécurité » de l’Etat.
AP a déclaré que les autorités avaient saisi sa caméra et son matériel de diffusion.
En parallèle, dans un article relatant les faits, l’agence a précisé qu’Al-Jazeera faisait partie des milliers de clients des flux vidéo qu’elle retransmet en direct.
Selon elle, des agents du ministère des Communications sont arrivés dans l’après-midi sur le site d’AP à Sderot dans le sud d’Israël, à la lisière de la bande de Gaza, et ont saisi le matériel.
Ces fonctionnaires ont remis à l’AP un document, signé par le ministre Karhi, alléguant que l’agence viole la nouvelle loi sur la radiodiffusion étrangère, toujours selon l’agence.
« Nous exhortons les autorités israéliennes à restituer notre équipement et à nous permettre de rétablir immédiatement notre diffusion en direct, afin que nous puissions continuer à fournir » ces images « importantes à des milliers de médias à travers le monde », écrit AP.
Le ministère des Communications avait indiqué dans un premier communiqué que « les photographes d’AP photographient régulièrement la bande de Gaza depuis le balcon d’une maison à Sderot », en mettant aussi « l’accent sur les activités de soldats (israéliens) et l’endroit où il se trouvent ».
Les règles de la censure militaire israélienne imposées à la presse dans le cadre de la guerre à Gaza interdisent la publication d’images ou d’informations susceptibles de permettre de localiser des soldats ou des installations militaires israéliens.
« Le gouvernement israélien a décidé qu’il n’autoriserait pas Al-Jazeera qui soutient le Hamas terroriste à diffuser depuis Israël », a dit le texte, précisant que AP avait reçu « des mises en garde » d’inspecteurs du ministère des Communications mais qu’elle n’en avait pas tenu compte.
L’annonce de la coupure avait été dénoncée par l’association de la presse étrangère (FPA) qui y a vu « une décision scandaleuse » et le signe qu’Israël est, selon elle, sur une « pente glissante ».
Les autorités israéliennes ont souvent critiqué la couverture par Al-Jazeera de l’actualité en Israël et dans les Territoires palestiniens où la chaîne a des correspondants.
Le 5 mai, Benjamin Netanyahu s’est appuyé sur la loi votée par le Parlement début avril pour annoncer l’interdiction de la chaîne et la fermeture de ses bureaux, pour une période de 45 jours renouvelables.
M. Netanyahu a dans le passé accusé Al-Jazeera d’être « un organe de propagande du Hamas et d’avoir participé activement » à l’attaque sanglante menée en Israël le 7 octobre par le mouvement palestinien Hamas.