Critiques envers la police pour l’arrestation d’une femme arabe ordonnée par Ben Gvir
Il pourrait s'agir d'une erreur due à une interprétation erronée d'une vidéo diffusée sur TikTok
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

Une femme arabe israélienne a été arrêtée ce matin pour « menace de trouble à l’ordre public », après que le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, a envoyé via les réseaux sociaux au service de police chargé de la lutte contre l’incitation à la haine en ligne un message laissant entendre qu’elle avait rendu hommage à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023.
Toutefois, nombre d’observateurs ont depuis indiqué que cette arrestation était manifestement liée à une mauvaise interprétation du message, et le bureau du procureur de l’État en a lui-même critiqué le bien-fondé.
La détention de l’intéressée a été prolongée de trois jours par le tribunal de première instance de Nazareth.
Dans la publication en question, on voit cette femme, présentée par les médias comme étant Entisar H. – selon la police, une enseignante spécialisée dans les questions animalières – en train de danser sur la chanson « Betty Boop » dans l’école de Nazareth qui l’emploie, avec en incrustation les paroles « Good times » et les mots « Aujourd’hui – 7/10/23 » au bas de la vidéo, jour de l’attaque du Hamas.
שרשור סיפורו של חרטא: 2 שרים כבר רקדו על הריקוד של אינתיסאר חיג'אזי מטמרה מדריכה בקרן קרב, גם המשטרה. הכי עצוב זה שלל כלי התקשורת שפרסמו ואיש לא טרח להקדיש 5 דקות לבדיקה בסיסית. זה הסרטון שלה ולטענת המשטרה פורסם אתמול עם כיתוב בעברית כדי להסית לטרור ולהתסיס דווקא ביום הנורא הזה pic.twitter.com/WIAa1B9ANg
— יוסי מזרחי Yossi Mizrachi (@yosimiz1) October 8, 2024
La police a déclaré avoir perquisitionné son domicile à Tamra, dans le nord d’Israël, pendant la nuit, et a publié une photo d’elle les yeux bandés à bord d’un véhicule de la police, affirmant que la police « continuerait d’enquêter et réprimer les incitations à la violence et les actes de terrorisme ».
4. המעצר של מדריכת החיות, לפי בן גביר בהוראה שלו, בוצע כשעיניה מכוסות בפלנלית, בדיוק כמו מעצרי מחבלים בשטחים, למרות שהפרקליטות אסרה זאת בתחילת השנה אבל המשטרה מצפצפת.
5. מעצר בעבירת חופש ביטוי מחייב אישור פרקליטות אבל למי אכפת?
5. ברגישות היא תקבל כנראה ציון נכשל אבל הסתה?? pic.twitter.com/vYiFYidq6g— יוסי מזרחי Yossi Mizrachi (@yosimiz1) October 8, 2024
Ben Gvir a par la suite écrit sur X : « Tolérance zéro pour l’incitation à la haine et les partisans du terrorisme. »
Au vu des termes de la mise en accusation, son avocat explique que la vidéo a été publiée aux premières heures du 7 octobre 2023, avant qu’elle n’ait entendu parler des « événements horribles dans le sud », et qu’elle n’avait eu aucune intention de troubler l’ordre public ou d’inciter au terrorisme.
Usagers des réseaux sociaux et journalistes ont eux aussi des doutes sur les faits qui lui sont reprochés : ainsi, l’organisation d’investigation Fake Reporter a constaté que les comptes de la femme sur les réseaux sociaux ne donnaient aucun signe d’activisme politique ou nationaliste et qu’elle avait par la suite témoigné de sa tristesse à propos d’une des victimes du massacre du 7 octobre.
Il est également à noter que la vidéo semble renvoyer à un challenge de danse alors à la mode sur TikTok et que la date est mentionnée parce que la vidéo a été republiée hier – un an jour pour jour après sa première publication – en utilisant la fonction « Ce jour-là ».
La police ne l’a pas interpelée pour suspicion d’incitation au terrorisme, d’incitation à la violence ou de crimes connexes, mais pour suspicion de « trouble à l’ordre public ».
Le procureur de l’État, Amit Aisman, a récemment reproché à la police de ne pas respecter l’obligation qui lui est pourtant faite d’obtenir l’autorisation de ses services pour enquêter sur les cas d’incitation à la haine en arrêtant des personnes pour ce chef d’accusation mineur.
Les services du procureur de l’État ont réagi à cet incident en disant que, compte tenu des « circonstances de l’incident telles qu’elles ont été publiées, ils ignoraient pour quelle raison la police avait décidé de menotter la suspecte et de lui bander les yeux ».