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D-Day : les petites histoires d’un grand jour

Le Jour J ou "D-Day", surnom du Débarquement du 6 juin 1944, a eu son lot d'anecdotes, d'histoires insolites et incroyables

"Into the Jaws of Death", photographie des troupes américaines avançant dans l'eau d'Omaha Beach, le 6 juin 1944. (Domaine public)
"Into the Jaws of Death", photographie des troupes américaines avançant dans l'eau d'Omaha Beach, le 6 juin 1944. (Domaine public)

« L’aventure érotique »

« Quand les Allemands sont arrivés, les hommes ont dû se cacher. Mais quand les Américains sont arrivés, il a fallu cacher les femmes », cette blague française résume bien « l’aventure érotique » que le commandement américain avait promise aux GI’s débarquant en France, pour les motiver à combattre, affirme l’historienne américaine Mary Louise Roberts dans son livre Des GI’s et des femmes.

La propagande décrivait la France comme « un bordel génial habité par 40 millions d’hédonistes ». Dans les leçons de langue étrangère publiées, on apprenait au GI à dire en allemand « Tu veux une cigarette ? », alors qu’en français, c’était « Vous êtes très jolie, Madame », raconte l’historienne.

Il y a eu ainsi, au Havre ou à Cherbourg, « un nombre incroyable de mauvais comportements », allant du racolage aux ébats « en plein jour, dans les parcs, les cimetières, sur les rails de chemin de fer », voire aux viols.

« 152 soldats américains ont été poursuivis en justice » pour viols, dont 130 Noirs, signe selon elle du « racisme permanent » de l’armée américaine.

Le spectre de l’échec

Non, la victoire n’était pas acquise. A tel point que Dwight Eisenhower, commandant des forces alliées, avait rédigé ce communiqué le 5 juin, justement nommé « In case of failure » (« en cas d’échec ») : « Les débarquements dans la zone de Cherbourg-Le Havre n’ont pas réussi à conquérir une tête de pont suffisante et j’ai dû replier les troupes (…) Si quelque faute a été commise, j’en porte seul la responsabilité. »

L’attaque est assez vite réussie à Utah, Gold, Juno et Sword mais frôle le fiasco à Omaha Beach.

Ici, les falaises avantagent les défenses allemandes. La mer est très agitée et des embarcations coulent à pic. Les GI’s débarquent trop loin des côtes, se trouvant avec de l’eau jusqu’à la taille. Certains se noient immédiatement. Sur les quelque 34 000 Américains débarqués, 2 500 perdront la vie ou seront blessés, donnant à Omaha Beach le surnom de « Bloody Omaha », « Omaha la sanglante ».

Quant aux soldats arrivés par les airs, « les largages sont souvent catastrophiques », rappelle l’historien français Jean Quellien, auteur de « La Bataille de Normandie ». Les hommes sont dispersés. Avec un équipement de 30 à 40 kg sur le dos, parfois prisonniers de leur harnais et des marais, certains meurent avant même de combattre.

La guerre de la désinformation…

Une vaste opération de manipulation britannique, baptisée « Fortitude », vise à conforter les Allemands dans l’idée que le débarquement aura lieu en Scandinavie puis dans le Pas-de-Calais, plus au nord de la France et donc plus près des côtes anglaises, et non en Normandie.

On bâtit des camps virtuels, avec des chars gonflables, le long des côtes britanniques faisant face au Pas-de-Calais. On fait parvenir des messages radio bidons. On organise des fuites de fausses informations vers les services de renseignement allemands.

La supercherie est si bien exécutée qu’après le 6 juin, les Allemands croiront encore à l’imminence d’un deuxième débarquement dans le Pas-de Calais. Et Hitler tardera à donner l’ordre à la 15e armée, basée dans le Pas-de-Calais, de rejoindre le front normand.

« Ce qui a vraiment fait la différence a été l’opération Fortitude », explique Antony Beevor, historien britannique spécialiste de la Seconde Guerre mondiale.

… et du cryptage

Mais il fallait aussi empêcher que l’ennemi puisse décrypter les messages des soldats lors du débarquement. Un Allemand parlant anglais aurait eu tôt fait de les comprendre en se mettant sur la même longueur d’ondes. Mais utiliser un code prenait trop de temps à chiffrer puis déchiffrer.

Les Américains ont alors choisi les Amérindiens, et en particulier les Comanches, comme agents de transmissions.

« Mon père m’a expliqué qu’en langue comanche, ‘homme blanc fou’ signifiait Hitler », explique à l’AFP John Parker, 59 ans, fils de Simmons Parker. Une mitrailleuse de calibre 30 était traduite par « machine à coudre à feu », un avion bombardier « oiseau enceinte » et un champ de mines « sous la terre et ça tuera ».

Un débarquement en… Indonésie

En décembre 2018, la poste britannique a dû présenter ses excuses après avoir dévoilé un timbre destiné à marquer en 2019 le 75e anniversaire du 6 juin 1944 et qui montrait des troupes américaines débarquant en… Nouvelle-Guinée néerlandaise (Indonésie aujourd’hui).

« Nous voudrions vous présenter nos sincères excuses », a indiqué la Royal Mail.

« Merci de corriger ou vous passerez pour des imbéciles », avait tweeté Paul Woodadge, un historien spécialiste du sujet.

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