D’anciens militaires israélo-éthiopiens fustigent le plan de rapatriement
Dans une lettre adressée à Netanyahu, cinquante signataires dont les proches attendent d'immigrer accusent le gouvernement de ne pas honorer sa promesse de 2015
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Un groupe de militaires et anciens soldats dont les parents et les proches sont en attente d’immigration depuis l’Ethiopie vers Israël depuis plus de 15 ans, affirme que le projet de rapatriement de plus de 2 000 membres de la communauté Falash Mura ne vient pas honorer la promesse du gouvernement de faire émigrer le reste de la communauté.
Dans une lettre adressée au Premier ministre Benjamin Netanyahu, cinquante signataires l’accusent d’enfreindre la promesse faite par son propre gouvernement en 2015, de rapatrier le restant des membres de la communauté d’ici la fin de cette année.
Netanyahu a annoncé jeudi un plan de transport aérien de 2 000 Juifs éthiopiens vers Israël dans les mois à venir. Ce plan, discuté par le Premier ministre avec son homologue éthiopien Abiy Ahmed, qui prévoit l’allocation de 370 millions de NIS pour cette immigration de masse, a été approuvé lundi lors d’une réunion du cabinet.
Environ 9 000 des futurs immigrants attendent à Gondar et à Adis-Abeba depuis 15 ans ou plus, selon les militants locaux. Le gouvernement estime qu’ils sont 8 000.

« Nous sommes cinquante militaires de carrière et anciens militaires à avoir signé cette lettre. Parmi nous, plus de 35 officiers et anciens combattants. Nous avons tous un frère, une sœur ou un parent qui attend depuis plus de dix ans d’immigrer en Israël, et nous sommes à chaque fois déçus par votre incapacité à tenir une promesse concernant l’immigration de nos familles. »

La lettre énumère les promesses non honorées par le Likud, notamment un communiqué du parti datant du début de l’année, avant les élections de mars, dans lequel le parti affirme que le rapatriement du restant de la communauté était un élément central du programme du gouvernement, à faire approuver dans les 100 jours.
Aucun plan de ce type n’a été inclus dans l’accord de coalition sur lequel se base l’autorité du gouvernement actuel.
« Il est impensable que l’immigration [juive] du monde entier se poursuive et que des quotas et des limites soient imposés à l’immigration des Juifs d’Ethiopie. Comment est-ce-que la décision de n’autoriser l’immigration de seulement 2 000 Ethiopiens est supposée alléger notre douleur ? Qui décider quelle mère pourra immigrer et rejoindre ses enfants et quelle mère ne sera pas incluse dans ce quota diabolique ? », poursuit la lettre.
« L’immigration immédiate de nos frères et sœurs et de nos parents est une obligation pour l’Etat d’Israël », poursuit la lettre. « Nous ne resterons pas silencieux pendant que vous transformez notre douleur en jeu politique. »
Dans une publications Facebook, le soldat réserviste Gelagay Alemayehu a exhorté Netanyahu a « tenir ses promesses ».
גלגיה אלמייהו:מכתב פתוח לראש הממשלה Benjamin Netanyahu – בנימין נתניהו.אני כותב את המילים האלו בחזרה שלי מהמילואים,…
פורסם על ידי המאבק להעלאת יהודי אתיופיה ב- יום שני, 7 בספטמבר 2020
Les personnes qui travaillent avec la communauté en Ethiopie signalent qu’elle est confrontée à une catastrophe humanitaire provoquée par la pandémie de coronavirus.
Ni le gouvernement israélien ni le Joint Distribution Committee, une organisation de secours juive, n’envoie de soutien. L’Agence juive, qui n’est pas habilitée à transporter des personnes par avion sans une décision du gouvernement, a cependant aidé le groupe de bénévoles « Struggle To Save Ethiopian Jewry » (SSEJ), qui semble être la seule organisation à collecter des fonds et à fournir une aide sur le terrain.
Le coronavirus a frappé très durement la communauté sur le plan économique. Le travail se raréfie et la nourriture tarit, avec des prix en hausse de 35 à 50 %. Les familles en Israël qui envoyaient auparavant de l’argent à leurs proches sont à court d’argent en raison de leurs propres problèmes liés au COVID-19, et les organisations philanthropiques sont moins en mesure de collecter des dons en raison de la pandémie.