Dans le silence et les larmes, les Israéliens commémorent l’attaque du 7 octobre
Une minute de silence est observée et les drapeaux sont mis en berne lors des cérémonies commémoratives organisées dans tout le pays à la mémoire des 1 400 personnes décédées et en faveur des 242 otages
Israël se recueille mardi, dans le silence et les larmes, en hommage aux victimes de l’attaque d’une ampleur sans précédent du Hamas il y a un mois, qui a traumatisé le pays.
Contrairement à Yom Hazikaron et Yom HaShoah, la minute de silence n’a pas été accompagnée d’une sirène.
Après le silence, les drapeaux israéliens ont été mis en berne et les personnes en deuil ont chanté l’hymne national, Hatikvah.
Une cérémonie du ministère de la défense s’est tenue lundi soir dans la salle du souvenir du Mont Herzl, le plus grand cimetière militaire d’Israël, où les noms nouvellement gravés de 349 personnes tuées le 7 octobre ont été dévoilés sur les murs de l’édifice commémoratif.
Parmi ces noms figurent ceux de soldats, d’officiers de police, d’agents du Shin Bet et de membres d’équipes de sécurité civile qui sont morts en défendant des communautés le 7 octobre.
Au même moment, les visages des otages détenus à Gaza ont été projetés sur les murs de la vieille ville de Jérusalem.
À Raanana, une cérémonie commémorative organisée par Yad Lebanim, une organisation dédiée à la commémoration des soldats israéliens tombés au combat, a commencé par la prière commémorative Yizkor mardi matin, après quoi des bougies commémoratives ont été allumées et les participants ont été invités à chanter Hatikvah.
Une autre cérémonie de Yad Lebanim était prévue mardi soir à Petah Tikvah, sur la place Yad Lebanim.
L’organisation a déclaré qu’elle distribuerait des rubans jaunes aux participants en signe de solidarité avec les otages.
L’utilisation du ruban jaune en signe de solidarité avec les otages détenus par des groupes terroristes à Gaza depuis le 7 octobre rappelle une campagne menée en 2008 pour sensibiliser au sort de Gilad Shalit, un soldat israélien détenu à Gaza entre 2006 et 2011.
Conformément à cette symbolique, une cérémonie commémorative organisée par l’université de Bar Ilan a permis de lâcher 242 ballons jaunes, un pour chaque otage connu encore détenu par le Hamas.
Ailleurs dans le pays, les mouvements de jeunesse ont marqué la journée par des plans de cours et des activités connexes, et les écoles et les universités organisent leurs propres cérémonies.
« Les atrocités ont laissé une cicatrice terrible, des traumatismes au niveau personnel mais aussi au niveau national », a dit Asher Cohen, le président de l’Université hébraïque de Jérusalem, dont plusieurs diplômés ont été tués. « Mais il y a de l’espoir, il y aura une renaissance », a-t-il ajouté.
Au micro, se succèdent les témoignages, coupés par les larmes. Un enseignant montre la photo de son fils et de sa petite-amie tués par les commandos du Hamas. « Ils croyaient dans la paix », dit-il.
Plus de 1 400 personnes sont mortes depuis le 7 octobre, en majorité des civils tués le jour de l’attaque sanglante du groupe terroriste islamiste palestinien dans le sud d’Israël, près de la bande de Gaza, selon les autorités israéliennes.
Shay Dickmann, une étudiante en médecine de 28 ans est venue parler de sa cousine, Carmel Gat, prise en otage au kibboutz Beeri, qui se situe à moins de 5 kilomètres du territoire palestinien. Celle-ci aurait dû revenir sur les bancs de l’université dans un mois.
« Dans chaque classe où vous entrez, chaque fois que vous voyez une chaise vide, rappelez-vous que Carmel aurait pu être assise là. Mais au lieu de cela, elle est à Gaza », a-t-elle dit à l’assemblée.
« Ne laissez pas cette réalité devenir normale », a imploré cette étudiante, vêtue d’un tee-shirt noir sur lequel a été imprimée la photo de sa cousine.
« Il y a 241 personnes innocentes kidnappées par le Hamas. Elles sont vivantes, pour autant que l’on sache. Chaque jour, la chance de les revoir en vie diminue. Il faut les ramener maintenant », dit-elle.
Plusieurs dizaines de personnes ont également assisté à une cérémonie à la Bezalel Academy of Art and Design, où des bougies ont été allumées.
« Je ne pense pas qu’il y ait une seule personne qui ne soit pas touchée par ces horribles attaques », a dit Sharon Balaban, une artiste professeure dans cette école. « Tout le monde connait quelqu’un qui a été blessé, tué ou impacté ».
Plusieurs autres rassemblements sont prévus dans la journée, à Tel-Aviv, Jérusalem et ailleurs dans le pays.
À 18 heures, des groupes se rassembleront sur les places centrales de chaque grande ville afin d’allumer des bougies à la mémoire des personnes tuées, puis à 18 h 30, un service commémoratif devrait avoir lieu au centre culturel de Tel-Aviv, accompagné par l’orchestre philharmonique.
La cérémonie sera retransmise en direct sur les réseaux sociaux et sur les écrans installés lors des veillées.
Après la cérémonie à Tel Aviv, un rassemblement commémoratif et une manifestation sont prévus à Jérusalem à 19h30, sous l’égide des familles endeuillées. Le groupe prévoit d’établir un camp permanent à l’extérieur de la Knesset, où les participants exigeront la démission du Premier ministre Benjamin Netanyahu et la dissolution du gouvernement.
Mardi matin, à la Knesset, les séances des commissions ont été interrompues à 11 heures afin d’observer la minute de silence, et plusieurs ministères ont organisé leurs propres cérémonies commémoratives.
Mardi soir, des centaines de personnes se sont rassemblées devant le mur Occidental à Jérusalem pour les otages et les personnes portées disparues.
Une flamme a été allumée et devrait voyager dans différentes capitales du monde tant que les otages n’ont pas été libérés. « Ramenez les à la maison maintenant! », ont scandé les participants à ce rassemblement au mur Occidental.
Ils ont brandi des portraits de leurs proches, des jeunes adultes, mais aussi des enfants et même un bébé de 9 mois.
La cérémonie a commencé avec prières et chants religieux. Elle s’est poursuivie avec des appels à libérer ces otages.
One month – Earlier this evening, in the Western Wall in Jerusalem , a collective prayer for the safety of the hostages and in memory of the victims. Credit: Dafna Yosha pic.twitter.com/jeajKw4JNj
— Yonat Friling (Frühling) (@FrilingYonat) November 7, 2023
« Ils sont à Gaza depuis 32 jours! », s’est emportée Rachel Goldberg, dont le fils Hersh a été enlevé lors du festival de musique dans le désert. « Ils ont besoin de vous les dirigeants du monde, les dirigeants d’Israël pour sauver leur vie », a-t-elle dit, la voix étranglée par l’émotion.
Un peu plus tôt mardi, un rassemblement peu habituel a eu lieu devant les remparts de la Vieille ville de Jérusalem: une quarantaine d’Israéliens et de Palestiniens, juifs, musulmans et chrétiens, ont observé 15 minutes de silence à la mémoire « de tous ceux qui sont morts depuis le début de la guerre ».
Un homme a entonné une prière pour les morts en hébreu avant qu’un autre, chrétien, ne dise une prière: « beaucoup de gens sur cette terre que Tu appelles sainte, sont en deuil ».
במעמד עשרות משפחות ומטה החטופים: תפילה למען חזרתם של החטופים התקיימה הערב ברחבת הכותל המערבי
"כאן, בכותל המערבי, בחרתם להתחיל מסע של אור. אור שינצח את החושך."@BringThemHome23 #BringThemHomeNow #thewesternwall pic.twitter.com/saDJhjlm9y— western wall (@westernwall_il) November 7, 2023
Lundi soir déjà, 1 400 bougies, portant le nom des victimes de l’attaque du 7 octobre, ont été allumées devant le mur Occidental.