Dans un sermon très inhabituel, l’Iranien Khamenei se réjouit de l’attaque « logique et légale » du 7 octobre
Le guide suprême a dit que Téhéran et ses mandataires « ne reculeraient pas » après la mort de chefs terroristes et que l'attaque de missiles était « la punition minimale pour les crimes du régime sioniste usurpateur »
Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a – chose rare – prononcé un sermon vendredi pour défendre l’attaque de missiles de cette semaine contre Israël qui a fait monter d’un cran les craintes d’une guerre régionale, tout en se réjouissant de l’attaque « logique et légale » menée par le Hamas le 7 octobre dernier, qui a déclenché la guerre à Gaza et nourri les violences dans tout le Moyen-Orient.
Devant des dizaines de milliers de personnes réunies dans une mosquée de la capitale, Téhéran, Khamenei a déclaré que les groupes armés soutenus par l’Iran au Moyen-Orient « ne reculeraient pas », même après la mort de plusieurs chefs terroristes – morts imputées à Israël.
Pour son premier sermon public du vendredi depuis pas moins de cinq ans, Khamenei s’est exprimé en arabe pour évoquer la lutte contre Israël menée par « l’axe de la résistance » aligné sur l’Iran, dont font notamment partie le Hezbollah libanais et le groupe terroriste palestinien du Hamas.
« La résistance dans la région ne reculera pas face à ces martyres et finira par l’emporter », a déclaré Khamenei à la foule réunie dans la mosquée Imam Khomeini Grand Mosalla, portant des portraits des dirigeants du Hezbollah et du Hamas assassinés. Le combat du Hezbollah rend un « service vital à toute la région », a-t-il affirmé.
Il a rendu hommage à la « défense féroce » opposée par les groupes terroristes aux forces israéliennes depuis un an, allusion à l’attaque brutale du Hamas contre Israël le 7 octobre et aux attaques ultérieures, en gages de solidarité, du Hezbollah, des houthis du Yémen et des milices en Irak et en Syrie.
L’action contre Israël des terroristes soutenus par Téhéran est « logique et légitime », a affirmé Khamenei, et « personne n’a le droit de les critiquer ».
Khamenei avait un fusil auprès de lui au moment de son sermon, rien de très inhabituel pour les imams musulmans chiites en Iran qui dirigent les prières du vendredi et font ainsi passer le message qu’ils sont prêts à en découdre avec l’ennemi.
Le discours a été précédé d’un hommage au chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, tué lors d’une frappe israélienne sur le sud de Beyrouth le 27 septembre, en même temps que le commandant des Gardiens de la révolution, Abbas Nilforoushan.
« Punition minimale »
Le sermon de Khamenei a eu lieu quelques jours avant le premier anniversaire des atrocités terroristes du 7 octobre, et après que l’Iran eut tiré cette semaine pas moins de 200 missiles sur Israël en représailles à la mort de Nasrallah, Nilforoushan et du chef du Hamas Ismail Haniyeh à Téhéran en juillet.
« Ce que nos forces armées ont fait est la punition minimale pour les crimes commis par le régime sioniste usurpateur », a déclaré Khamenei à propos des tirs de missiles, deuxième attaque directe de l’Iran contre Israël soutenu par les États-Unis.
Le dirigeant iranien a accusé Israël d’être un « régime malveillant » qui « ne se maintient que grâce au soutien américain ».
Cela « ne durera plus longtemps », a-t-il dit.
« Les Palestiniens ont eu raison » de lancer l’attaque sans précédent du 7 octobre contre Israël, a déclaré Khamenei, la qualifiant même d’action « logique et légale ».
L’Iran a rendu hommage à l’attaque du Hamas – l’attaque la plus meurtrière contre les Juifs depuis la Shoah – tout en se dégageant de toute forme de responsabilité.
Téhéran a rompu ses relations avec Israël après la révolution islamique de 1979 et fait depuis cette date de la cause palestinienne et de la destruction de l’État juif une pièce maîtresse de sa politique étrangère.
C’est en janvier 2020 que Khamenei avait pour la dernière fois dirigé les prières du vendredi lorsque l’Iran avait tiré des missiles sur une base de l’armée américaine en Irak, en représaille à une frappe qui avait tué le commandant des Gardiens de la révolution, Qassem Soleimani.
Le Hamas, le Hezbollah et d’autres groupes armés au Moyen-Orient, ainsi que le régime syrien d’Assad, font partie de « l’axe de résistance » aligné sur l’Iran contre Israël et son allié, les États-Unis.
En avril, Téhéran a lancé des missiles et des drones contre Israël en représailles à une frappe israélienne meurtrière qui avait tué un commandant des Gardiens de la révolution dans les locaux du consulat iranien de Damas.
Lors des deux attaques [iraniennes], la quasi-totalité des missiles ont été interceptés par Israël ou ses alliés.
Vendredi toujours, l’agence de presse iranienne semi-officielle SNN a cité le commandant adjoint des Gardiens de la révolution, Ali Fadavi, qui aurait déclaré que si Israël ripostait aux tirs de missiles de cette semaine, Téhéran s’en prendrait aux installations énergétiques et gazières israéliennes.
« Si les occupants commettent une telle erreur, alors nous prendrons pour cibles toutes leurs sources d’énergie, leurs installations et toutes les raffineries et gisements gaz », a déclaré Fadavi.
Par ailleurs, le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araqchi est arrivé à Beyrouth pour une visite quelques heures suite aux frappes aériennes israéliennes qui auraient visé le successeur présumé de Nasrallah. Araqchi s’est entretenu avec des hauts fonctionnaires libanais, dont le premier ministre par intérim Najib Mikati et le président du Parlement Nabih Berri – un allié du Hezbollah.
Le plus haut diplomate iranien a également déclaré que sa présence à Beyrouth « en ces circonstances difficiles » était la meilleure preuve que l’Iran soutenait le Liban et les chiites.
Araqchi a déclaré que Téhéran était favorable aux négociations en vue d’un cessez-le-feu au Liban à la condition que le Hezbollah le soit et que la même chose ait simultanément lieu concernant Gaza, pour laquelle États-Unis et autres médiateurs ne parviennent pas à faire émerger un accord pour organiser la trêve, la libération des otages et la fin des hostilités entre Israël et le Hamas – ce dernier étant absent de la table des négociations.