Dans un Tel Aviv apaisé après le cessez-le-feu, les Israéliens espèrent des jours meilleurs
Des marchés presque vides aux rues marquées par les missiles, la ville espère retrouver un peu de normalité, un jour après l’entrée en vigueur de la trêve avec l’Iran

Malgré l’entrée en vigueur, mardi, d’un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran, mettant fin au conflit de 12 jours entre les deux pays, Tel Aviv n’a pas encore retrouvé son rythme habituel, mais les habitants de la ville gardent toutefois l’espoir d’un avenir meilleur.
Le cessez-le-feu, annoncé abruptement par le président américain Donald Trump aux premières heures de mardi et entré en vigueur à 7 heures, a été accueilli avec un soulagement prudent. Beaucoup d’Israéliens étaient cependant sceptiques quant à sa pérennité, mercredi, et les rues de Tel Aviv relativement désertes.
Le marché du Carmel, le shuk HaCarmel, habituellement bondé de riverains et de touristes, était étrangement calme. Le mois de juin est généralement synonyme d’affluence, où il est normalement difficile de se frayer un chemin dans les allées surpeuplées. Mais mercredi, le marché en plein air n’attirait qu’une petite fraction de ses visiteurs habituels.
« Nous n’avons pas encore retrouvé notre routine », confie Shahar Yoseph, vendeur de fruits et légumes au marché.
Son étal est resté ouvert pendant la majeure partie du conflit, qui a duré près de deux semaines, mais l’activité n’a toujours pas repris.
« Nous avons perdu environ 80 % de notre chiffre d’affaires depuis le début des combats », ajoute-t-il. « Mais j’espère que d’ici un jour ou deux, les choses reviendront à la normale. »

Parmi les rares passants dans les allées étroites du marché figurait Ariel Yona, une femme à la double nationalité israélienne et américaine, originaire de Miami, à la recherche d’un semblant de normalité.
« Tout était fermé depuis deux semaines et je voulais souffler un peu », dit-elle.
Yona est arrivée en Israël à la fin du mois de mai pour le mariage de sa sœur, qui a fini par être annulé en raison du conflit.
« On a réussi à organiser une cérémonie réduite et plus intime », explique-t-elle.
« Maintenant, j’essaie de profiter d’Israël autant que possible avant de repartir. »

Son vol a toutefois été annulé en raison de la fermeture de l’espace aérien israélien, et elle ignore encore quand et comment elle pourra rentrer chez elle.
Yona raconte le choc qu’elle a ressenti à l’annonce du cessez-le-feu entre Israël et l’Iran.
« C’est arrivé de nulle part. Un instant, nous étions en guerre, et l’instant d’après, nous ne l’étions plus », dit-elle. « Tout cela m’a semblé très aléatoire – je n’ai toujours pas compris ce qui s’est passé. »
Malgré l’incertitude, elle affirme puiser sa force dans la résilience des Israéliens.
« J’étais en Israël le 7 octobre 2023 », se souvient-elle, évoquant le pogrom meurtrier perpétré dans le sud du pays par le groupe terroriste palestinien du Hamas au cours duquel plus de 1 200 personnes avaient été assassinées par les terroristes du groupe et 251 kidnappées et emmenées en otages dans la bande de Gaza, déclenchant la guerre en cours à Gaza. « J’ai vu comment les Israéliens s’unissaient alors. Je sais qu’ils peuvent le faire à nouveau aujourd’hui. »

À quelques rues de là, les plages de Tel Aviv, habituellement bondées à cette époque de l’année de touristes et de locaux se disputant les meilleures places, étaient étrangement calmes. La journée était pourtant idéale pour aller à la plage, mais seuls quelques baigneurs étaient dispersés le long du rivage et la promenade était presque vide.
Lidor Tayer, venu de la ville d’Ashdod, s’est installé sur la promenade pour proposer aux passants d’enfiler les tefillin.
« C’est très particulier d’installer un stand de tefillin à Tel Aviv, beaucoup de gens ici ne partagent pas ce mode de vie », explique-t-il. « Mais quand on commence à discuter, on découvre qu’il existe une base pour une conversation ouverte. »

Pour Tayer, ces échanges sont essentiels aujourd’hui en Israël.
« Il y a une fracture dans la société israélienne, qui a récemment atteint un point critique », souligne-t-il, en référence aux tensions politiques internes. « Cela me permet de parler aux gens calmement et de leur montrer mon point de vue. »
Il espère que le cessez-le-feu avec l’Iran pourra aussi ouvrir la voie à des conversations, même au-delà des frontières.
« J’aimerais que les dirigeants iraniens soient remplacés. J’aimerais que les citoyens iraniens vivent dans la démocratie et la prospérité », dit-il. « Peut-être que ce cessez-le-feu est une bonne chose, peut-être qu’un dialogue est possible. Tout ne doit pas passer par la guerre et la force. »

Un peu plus loin, le site d’impact d’un missile iranien restait ceinturé par les autorités israéliennes.
Le missile avait frappé le 16 juin, détruisant deux bâtiments et causant d’importants dégâts dans un rayon de trois pâtés de maisons, brisant des vitres, blessant quatre personnes et plongeant un quartier très animé, rempli de restaurants, de cafés et de petits commerces, dans le désarroi.
Les passants s’arrêtaient devant la zone bouclée, certains examinant les dégâts, d’autres prenant des photos.
Parmi eux, Gali Alfendari, de retour de la plage après avoir passé près de deux semaines chez elle.

« Je voulais venir ici pour voir les dégâts. C’est très, très triste », confie-t-elle. « Presque tout le monde s’arrête pour regarder. Tout le monde connaît ce coin de rue, et le voir dans cet état est choquant. »
Interrogée sur le cessez-le-feu, Alfendari se montre sceptique quant à sa durée.
« Je doute qu’il tienne très longtemps », dit-elle. « Nous, les Israéliens, vivons dans l’angoisse de ce qui pourrait arriver ensuite. »
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