L’Etat fait volte-face et reconnaît une casheroute privée
La bataille juridique va maintenant se porter sur l'utilisation du terme "casher"
Le gouvernement n’imposera plus d’amendes aux propriétaires de restaurants qui se présentent comme cashers sur la base de certificats privés de casheroute, a annoncé cette semaine le procureur général, inversant une politique de longue date.
Le procureur général, Yehuda Weinstein, a ajouté dimanche dans un avis de la Haute Cour que le gouvernement devra également annuler les amendes précédentes déjà remises aux deux restaurants de Jérusalem, Topolino et Carousela, mentionnés dans la plainte. Les deux établissements avaient été pénalisés pour s’être qualifiés eux-mêmes de casher alors qu’il ne disposaient pas de la certification casher traditionnelle délivrée par le rabbinat.
Le geste a été salué par un certain nombre de mouvements progressistes et non-orthodoxes, mais le rabbinat, un organisme financé par l’État composé de rabbins orthodoxes et ultra-orthodoxes, a réagi négativement à la décision et a convoqué une réunion d’urgence de sa direction, a rapporté le site d’information Ynet.
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Ce tournant significatif dans le processus des certifications casher en Israël était en préparation depuis plusieurs années.
L’effort a été mené par le mouvement masorti israélien, qui offrait ses propres certificats casher pour le vin depuis trois ans. En parallèle, le parti Yerushalmim de Jérusalem a créé il y a deux ans sa propre certification casher, alternative et privée.
Mais ce fut le Centre d’action religieuse, le bras juridique du mouvement libéral israélien qui a amené la bataille de la casheroute au tribunal au nom des deux restaurants mentionnés dans la plainte.
La décision a souligné que les restaurants utilisant une autre méthode de certification casher devaient le faire de façon très claire et évidente, de sorte que les clients ne la confondent pas avec le certificat du grand rabbinat.
En outre, ils ne peuvent pas faire de publicité en utilisant le mot « casher », mais seulement mentionner qu’ils ont une certification privée.
« Voilà la vraie bataille : la façon dont le mot ‘casher’ va maintenant se décliner à la Knesset », a déclaré le rabbin Aaron Leibowitz, le conseiller municipal de Yerushalmim qui a géré le processus de certification casher alternative du parti.
« Le procureur général nous a accordé une grande victoire, mais a redessiné les lignes de bataille et cela promet d’être intéressant. »
En novembre 2012 cinq restaurants de Jérusalem avaient décidé de renoncer à leur certification casher officielle et ont assigné le rabbinat de la ville au tribunal après avoir été condamnés à des amendes de 1 000 et 2 000 shekels (environ 225 et 450 euros) pour s’être appelés eux-mêmes casher.
À l’époque, le mouvement Yerushalmim avaient organisé des rassemblements de soutien pour sensibiliser le public, puis, sous la férule de Leibowitz, a cherché à créer un substitut au monopole du rabbinat sur la certification casher.
L’été dernier, Leibowitz a organisé un atelier d’essai du programme de certification alternative, en commençant par un café local de Jérusalem.
Chaque établissement a un classeur documentant le processus de sa certification de casheroute, que les clients peuvent consulter s’ils le souhaitent.
Le libellé est très clair, affirme Leibowitz, indiquant que la nourriture est préparée selon les lois juives qui se rapportent aux ingrédients et à leur préparation.
Il en est de même pour le libellé « Masorti », qui permet d’éviter d’utiliser le mot « casher ».
Certains restaurants avaient été irrités par le monopole du rabbinat sur la certification casher, se plaignant que l’organisation facturait trop pour ses services et appliquait une interprétation trop stricte de la loi juive.
L’association progressiste orthodoxe Neemanei Torah VaAvodah dit que la décision prouvait la nécessité d’une législation de la Knesset pour faire face à une foule de questions relatives à l’Etat et la religion en Israël.
« Les problèmes liés à la casheroute, aux conversions, au système judiciaire et aux enterrements religieux ne vont pas disparaître et c’est à nous en tant que société de les résoudre ensemble », a écrit l’association dans un communiqué.
Pour le mouvement masorti, qui délivre sa propre forme de certification casher pour le vin depuis trois ans, la décision de la Haute Cour est « un faisceau de lumière », a déclaré le procureur Yizhar Hess, le président du mouvement.
Leibowitz insiste sur le fait que la déclaration du procureur général ne se réfère explicitement ni à la certification Masorti ni à celle de Yerushalmim.
Cependant, elle affecte toute certification autre que celle du Grand Rabbinat, poursuit Leibowitz, que ce soit celle de Yerushalmim ou « des certifications Haredi pirates qui contournent également l’utilisation du terme ‘casher' »
En fait, la décision montre « que beaucoup de gens font ce que nous faisons », a déclaré Leibowitz. « C’est ce qui met le rabbinat en effervescence. Le rabbinat nous a présenté comme illégaux, et nous venons de recevoir notre propre certificat. C’est une énorme faille dans l’armure du rabbinat, et bien sûr les haredim et sionistes religieux vomt combattre à la Knesset, pour que nous soyons placés hors la loi. »
La prochaine étape de la bataille tournera autour de l’utilisation du mot ‘casher’, explique Leibowitz.
« En tant qu’activiste et rabbin, la question de la certification casher m’intéresse, et ce projet soulève bien des questions. Ils sont sur la défensive. »
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