Israël en guerre - Jour 433

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Une vie bouleversée à jamais

De jeunes rescapés du festival Nova, cible du Hamas, témoignent à Paris

Sur les 1 140 tués du côté israélien, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels israéliens, 364 festivaliers seront massacrés à la rave

Les photos des personnes tuées et retenues en captivité par les terroristes du Hamas pendant leur attaque de la rave-party Supernova, dans le sud d'Israël, affichées sur le site même d'événement alors que des DJ israéliens passent de la musique en commémoration du massacre du 7 octobre à proximité du kibboutz Reim, le 28 novembre 2023. (Crédit : AP Photo/Ohad Zwigenberg)
Les photos des personnes tuées et retenues en captivité par les terroristes du Hamas pendant leur attaque de la rave-party Supernova, dans le sud d'Israël, affichées sur le site même d'événement alors que des DJ israéliens passent de la musique en commémoration du massacre du 7 octobre à proximité du kibboutz Reim, le 28 novembre 2023. (Crédit : AP Photo/Ohad Zwigenberg)

Pour dire l’horreur mais aussi pour la dépasser, ils témoignent. Trois survivants de l’attaque, par le groupe terroriste islamiste du Hamas, du festival de musique techno Tribe of Nova ont raconté à Paris leur vie ravagée depuis le 7 octobre, en marge de la projection d’un documentaire consacré à ces évènements tragiques.

« Nous ne sommes plus les mêmes », a glissé Yuval Vacknin, 24 ans, lors d’une conférence de presse mercredi à l’ambassade d’Israël.

La veille, l’étudiante en ingénierie était restée tête baissée, la voix empreinte d’émotion, après la projection du film « Nova », du réalisateur indépendant Dan Peer, dans un cinéma parisien, devant des dizaines de personnes, notamment des journalistes, invitées par l’ambassade d’Israël en France.

En 52 minutes, 212 éléments – vidéos, messages vocaux, caméra de surveillance – principalement confiés par des survivants, mais aussi des images filmées par les caméras des assaillants, montrent la fête, ses préparatifs, des rires et des danses… puis un insondable cauchemar.

Ce documentaire produit par la société israélienne Kastina pourra être diffusé gratuitement, dans un geste inhabituel, par toutes les chaînes israéliennes.

Il est différent du film réalisé par les autorités israéliennes, montrant les massacres commis par des terroristes du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien et diffusé à un public sélectionné dans plusieurs pays.

Le 7 octobre, Tribe of Nova est pris d’assaut par des terroristes du Hamas lors de leur attaque sanglante sur le sud d’Israël depuis la bande de Gaza. Sur les 1 140 tués du côté israélien, selon un décompte de l’AFP à partir de chiffres officiels israéliens, 364 festivaliers seront massacrés à la rave.

Des festivaliers fuyant la rave party attaquée par le Hamas, à proximité du kibboutz Reim, le 7 octobre 2023. (Crédit : Shye Weinstein)

Les images les plus choquantes ne sont pas diffusées, ou elles sont floutées, « par respect pour les victimes », expliquait en décembre Dan Peer.

Quelque 250 personnes sont également prises en otage, dont une quarantaine de festivaliers. Si une centaine ont été relâchées depuis, 132 manquent toujours à l’appel, selon les autorités israéliennes. Parmi elles, 27 sont mortes, selon un décompte de l’AFP à partir des données officielles israéliennes.

Originaire du kibboutz de Zikim, voisin du lieu de la fête et de Gaza, Yuval Vacknin dit avoir survécu deux fois. La première, en échappant in extremis aux terroristes du Hamas. Puis, de retour chez elle, quand elle a dû attendre la libération du kibboutz par l’armée israélienne, cachée dans un abri.

« C’est un miracle que je sois sortie vivante de là », souffle Michal Ohana, 27 ans, la seule selon elle de son groupe d’amies à être rentrée vivante de la rave.

« Des images et des voix me reviennent et me donnent des crises d’angoisse », confie-t-elle après avoir narré son interminable fuite, durant laquelle elle a reçu une balle dans la jambe et vu de nombreux festivaliers, policiers et soldats, tomber autour d’elle.

« Jusqu’à 6H30 (quand les assaillants sont arrivés, NDLR), c’était la meilleure fête de ma vie », se souvient Itay Razumenko, qui, du haut de ses 25 ans, regrette l’insouciance perdue et ses difficultés à surmonter cette épreuve : « Nos parents ne savent pas comment nous parler, nous ne savons pas comment leur parler. »

Des voitures brûlées sur le site de l’attaque trois jours plus tôt par des terroristes palestiniens sur le lieu de la rave party qui a tourné au massacre, près du kibboutz Reim, dans le désert du Néguev dans le sud d’Israël, le 10 octobre 2023. (Crédit : Jack Guez/AFP)

Un psychologue accompagne les trois victimes durant leur séjour à Paris, où elles ne cessent de raconter et donc de revivre leur traumatisme. Une aide encore insuffisante vu la profondeur de leurs blessures.

Infirmière vétérinaire au Portugal, Michal Ohana confie ses difficultés à « reprendre (son) travail car (elle s’)occupe d’animaux blessés. »

« Le calme n’est pas revenu dans le pays. Il y a toujours des alertes et des sirènes », ajoute-elle, évoquant l’attentat à la voiture bélier survenu mardi à Raanana, une banlieue de Tel-Aviv, qui a fait un mort et au moins 13 blessés, dont deux Français.

Israël a lancé, suite aux massacres du 7 octobre, une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.

Plus de 24 000 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé dirigé par les terroristes du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza. L’armée israélienne affirme avoir tué plus de 9 000 membres du groupe terroriste à Gaza, en plus d’un millier terroristes à l’intérieur d’Israël le 7 octobre.

Ces représailles n’ont pas été abordées par la presse, après la projection.

A Paris, Itay Razumenko se concentre sur ses terribles souvenirs, qu’il serait « inhumain d’oublier » et avec lesquels lui et ses compagnons d’infortune doivent « apprendre à vivre (…) pour toujours ».

« Nous nous sentons comme des émissaires. C’est notre devoir désormais » d’en parler, remarque-t-il. Et d’ajouter : « Ce sentiment de contribuer m’aide aussi psychologiquement. »

« Il faut parler et raconter les choses hors d’Israël », abonde Yuval Vacknin, qui indique avoir d’abord refusé les sollicitations médiatiques. « Le mois dernier, j’ai compris que c’était important et que cela contribuait à la compréhension de ce que nous avons vécu. »

Dans les prochaines semaines, Israël enverra d’autres délégations, composées d’autres rescapés de la rave, dans les capitales européennes pour témoigner, en marge de la projection de « Nova », selon son ambassade à Paris.

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