Démolition de Khan-al-Ahmar : l’État demande un délai supplémentaire
La demande fait suite à la saisie de la Haute Cour par le mouvement pro-implantation Regavim qui demandait pourquoi la démolition, ordonnée il y a dix ans, n'a toujours pas eu lieu
L’État a déclaré à la Haute Cour de justice lundi qu’il ne rasera pas le village bédouin de Khan al-Ahmar au sud de la Cisjordanie et a demandé un délai pour vérifier certains détails de la mise en œuvre de la démolition.
La demande, au nom du Premier ministre Benjamin Netanyahu et du ministre de la Défense Benny Gantz, a été déposée avec un jour de retard en réponse à la saisie de la Cour suprême par le mouvement pro-implantation Regavim qui demandait que le gouvernement explique pourquoi la démolition, ordonnée pour la première fois il y a plus de dix ans, n’a toujours pas eu lieu.
« La classe politique a décidé que le contexte actuel ne permet pas l’application de l’ordonnance de démolition pendant les quatre prochains mois », indique la réponse, signée par le chef du conseil de sécurité nationale Meir Ben Shabbat et par Avi Roee, conseiller au ministère de la Défense en matière d’implantations.
Le bureau du Premier ministre, en accord avec le ministère de la Défense, fera « un effort supplémentaire pour terminer les protocoles en cours auprès de l’administration civile pour examiner davantage d’options et formuler un plan d’ensemble convenu » pour la démolition.
« Pour ce faire, l’échelon politique a besoin d’un délai supplémentaire de plusieurs mois », indique la réponse, soulignant qu’il y a « d’importantes considérations » qui influenceront le calendrier de démolition.
Malgré la demande de délai, l’État affirme qu’il « insiste sur la nécessite de faire appliquer l’ordre de démolition du hameau et qu’à cet égard, il n’y a aucun changement de position ».
Regavim a répliqué que la réponse du gouvernement n’était pas différente des autres déclarations d’intentions faites par le passé.
« L’engagement présumé de l’État à appliquer la loi et à discuter avec les résidents n’est pas différent des fois précédentes où l’État a déclaré exactement les mêmes choses à la Haute Cour », a dénoncé le directeur du groupe, Meir Deutsch.
« Chaque fois, une nouvelle carte est tirée de la pile d’excuses qui empêche la mise en œuvre des annonces de l’État », a-t-il ajouté. « Nous nous demandons si Netanyahu a confondu ‘ne peut’ et ‘ne veut pas’ « .
Bien que Netanyahu et Gantz aient publié une réponse commune, il existe un conflit de fond entre les responsables du ministère de la Défense, qui disent vouloir procéder immédiatement à la démolition, et le bureau du Premier ministre, qui se méfie des retombées diplomatiques, a rapporté le site d’information Globes.
Il y a deux mois, le tribunal a accédé à la demande du gouvernement de retarder l’audience de la requête, fixant au 1er novembre la date limite pour soumettre une réponse, mais les documents n’ont pas été déposés avant dimanche.
En mai 2018, la Cour suprême avait donné son feu vert à la démolition du village, conformément au projet de l’État.
La communauté internationale a fait pression contre. Israël estime que le hameau, situé près de plusieurs grandes implantations israéliennes et près d’une autoroute conduisant à la mer Morte, a été établi sans permis de construction.
La démolition de Khan al-Ahmar a préoccupé de nombreux résidents d’implantations, et de nombreux membres de la droite israélienne, qui ont critiqué le gouvernement pour avoir mis à exécution les ordres de démolition des avant-postes de Netiv HaAvot et d’Amona, mais laissé les communautés palestiniennes.
Une fois le village démoli, les résidents devraient être transférés à plusieurs kilomètres à l’est, à proximité de la ville palestinienne d’Abou Dis. Le site a été raccordé à l’eau, à l’électricité et aux services d’assainissement, et une école y a été construite pour remplacer l’établissement actuel, financé par l’Italie, construit à partir de pneus remplis de boue et qui était devenu un symbole du village.
Mais les résidents s’opposent avec véhémence à ce départ, disant qu’ils n’ont jamais été consultés et que le secteur qui leur est destiné n’est pas adapté à leur mode de vie rural et situé, de surcroît, à proximité d’une décharge. Ils affirment également que les habitants d’Abou Dis leur ont dit de rester là où ils étaient.