Depuis Israël, Baerbock dit que l’Allemagne est prête à autoriser la vente d’Eurofighter à l’Arabie saoudite
La ministre allemande des Affaires étrangères souligne, entre autres, la reconnaissance de Berlin envers Ryad d'intercepter les missiles tirés par les Houthis sur Israël
L’Allemagne est désormais disposée à autoriser de nouvelles ventes d’avions de combat Eurofighter à l’Arabie saoudite, a déclaré dimanche la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, alors que le veto allemand bloque un contrat conclu il y a plusieurs années.
« Nous ne nous voyons pas, en tant que gouvernement fédéral allemand, nous opposer aux considérations britanniques sur d’autres Eurofighter », a indiqué Baerbock à des journalistes lors d’un voyage en Israël, soulignant le rôle constructif joué par Ryad dans la crise sécuritaire au Proche-Orient depuis l’attaque du groupe terroriste palestinien du Hamas contre Israël le 7 octobre.
L’Allemagne a gelé les ventes d’armes à Ryad depuis l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi fin 2018, imputé au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane notamment par le renseignement américain, bloquant ainsi une importante commande de 48 Eurofighter Typhoon, signée à Londres lors d’une visite du prince saoudien il y a plusieurs années.
L’Eurofighter est un programme conduit par le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne rassemblant les industriels BAE Systems, Airbus et Leonardo.
Lors de sa visite en Israël, Baerbock a souligné que l’Arabie saoudite et Israël n’avaient « pas renoncé à leur politique de normalisation » après l’attaque du 7 octobre. « Le fait que l’Arabie saoudite intercepte désormais les missiles tirés par les Houthis sur Israël le souligne, et nous en sommes reconnaissants », a-t-elle ajouté.
« Le fait que l’armée de l’air saoudienne utilise également des Eurofighter dans ce cadre est un secret de polichinelle », a poursuivi la ministre.
« L’Arabie saoudite contribue de manière déterminante à la sécurité d’Israël, même ces jours-ci, et elle contribue à endiguer le risque d’une conflagration régionale », a-t-elle ajouté.
L’embargo de l’Allemagne irrite depuis plusieurs années ses partenaires britannique et français.
Cette position arrêtée sous le mandat de l’ex-chancelière conservatrice Angela Merkel a été ancrée dans le contrat de coalition de la coalition SPD-Verts-libéraux du chancelier Olaf Scholz, les écologistes – parti de Baerbock – étant particulièrement fermes dans ce refus du fait, également, du rôle de l’Arabie saoudite dans la guerre au Yémen.
« Le monde, en particulier ici au Moyen-Orient, est devenu un endroit complètement différent depuis le 7 octobre », a justifié Baerbock dimanche.
Le ton était de nouveau monté récemment contre l’attitude de Berlin, le président d’Airbus, Guillaume Faury, estimant que ce gel des ventes entachait la « crédibilité » du pays vis-à-vis de ses partenaires.