Deri : Il n’y avait pas de plans pour une offensive, l’armée a dû en élaborer un
Gallant promet une "attaque combinée terrestre, maritime et aérienne" ; Deri, observateur du cabinet de guerre, dément les rumeurs de désaccords entre les dirigeants
Lundi, Aryeh Deri (Shas), observateur au sein du cabinet de guerre restreint, a expliqué, dans une tentative de justifier le temps écoulé depuis l’attaque massive du groupe terroriste contre Israël, qu’au moment de l’assaut du 7 octobre, Israël n’avait pas de plan prêt pour renverser le Hamas.
« Tout le monde est d’accord sur l’objectif, qui est que le Hamas doit cesser d’exister, que ce soit dans un contexte gouvernemental ou opérationnel », a affirmé Deri lors d’une réunion du Shas à la Knesset.
« Mais il faut préciser qu’aucun plan [à cet effet] n’existait auparavant. Nous sommes en train de l’élaborer en pleine guerre », a ajouté Deri, qui n’a servi que trois mois dans Tsahal alors qu’il approchait la trentaine. « Ce n’est pas comme si l’armée était prête et que l’échelon politique n’avait plus qu’à décider. »
De son côté, le ministre de la Défense Yoav Gallant a promis lundi soir qu’Israël mènerait une offensive terrestre à Gaza, ajoutant qu’elle serait « mortelle ».
Le député Deri ne fait plus partie du cabinet à titre officiel depuis janvier, date à laquelle la Cour Suprême de justice a ordonné qu’il soit démis de ses fonctions ministérielles au sein du gouvernement qui venait d’être formé, en raison de ses condamnations pénales antérieures. Il est toutefois resté un membre important de la coalition et est considéré comme un conseiller de confiance du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le cabinet de guerre restreint est composé de Netanyahu, de Gallant et de l’ancien chef d’état-major de Tsahal et ancien ministre de la Défense Benny Gantz, qui a formé un gouvernement d’urgence avec Netanyahu après l’assaut du Hamas. Les observateurs sont Gadi Eisenkot (HaMahane HaMamlahti), ancien chef de Tsahal, Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques, et Deri.
Il a également déclaré que le gouvernement d’urgence d’Israël était confronté à des « défis sans précédent », mais que tous ses membres partageaient les mêmes objectifs et s’accordaient sur les stratégies à adopter.
« Personne n’aimerait être à la place de ceux qui prennent les décisions », a-t-il déclaré, ajoutant qu’au cours de toutes ses années passées dans différents cabinets, il n’avait jamais vu de dirigeants « face à des défis et à des problèmes aussi complexes et sans précédent ».
Il a démenti les allégations de la presse israélienne selon lesquelles les hauts gradés de l’armée et les membres du cabinet de guerre étaient en conflit sur le calendrier et l’ampleur d’une incursion terrestre.
« Il n’y a pas de tensions ou de désaccords entre l’armée et les rangs politiques », a-t-il déclaré.
Il a tenu ces propos alors que l’armée semblerait pousser les dirigeants politiques à lancer une offensive le plus tôt possible.
En réponse aux rumeurs de désaccords, le gouvernement a publié lundi un communiqué affirmant que Netanyahu, Gallant et Gantz ont « une confiance totale et réciproque et sont clairement unis dans leurs objectifs » et qu’ils « travaillent en étroite et pleine coopération 24h/24 pour mener l’État d’Israël à une victoire totale sur le Hamas. »
Plus tard lundi, le bureau de Netanyahu a publié une vidéo où on le voit assis à côté de Gallant et du chef de Tsahal Herzi Halevi, insistant avec véhémence sur le fait qu’ils partageaient tous trois le même avis. « Nous travaillons ensemble, comme un poing fermé, avec pour seul objectif : l’élimination du Hamas », a affirmé Netanyahu.
Après avoir inspecté une zone proche du littoral de Gaza avec la marine israélienne, Gallant a déclaré aux forces armées qu’elles devaient « rester prêtes à une offensive, parce qu’elle viendra ».
« Nous nous préparons minutieusement. Ce sera une attaque meurtrière. Il s’agira d’une attaque combinée terrestre, maritime et aérienne », a-t-il déclaré. « Faites votre travail, préparez-vous, vous serez déployés », a ajouté Gallant.
Et le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, a déclaré que les forces terrestres étaient « très bien préparées » pour une offensive à Gaza.
« Nous voulons réduire le Hamas à néant. Sa direction, son aile militaire. C’est pourquoi nous attaquons en force. Nous tuons des commandants de haut rang, nous tuons des agents, nous détruisons des infrastructures et nous agissons avec une grande détermination », a assuré Halevi aux commandants de la 146e division dans le nord d’Israël.
Se référant aux délais, Halevi a déclaré qu’il « y a des considérations tactiques, opérationnelles et stratégiques qui nous ont pris plus de temps, et les forces qui prennent plus de temps, sont mieux préparées, et c’est ce que les forces font maintenant ».
Depuis l’assaut sans précédent lancé le 7 octobre par le Hamas, qui a fait quelque 1 400 morts israéliens, pour la plupart des civils, et au moins 224 citoyens enlevés, Israël a procédé à des frappes aériennes de grande ampleur sur Gaza et a appelé quelque 360 000 soldats de réserve. Il s’agit de l’appel le plus important de l’histoire du pays, et la plupart des signes indiquent une invasion terrestre imminente de Gaza, dans le but déclaré de renverser le Hamas du pouvoir et de libérer les otages.
Deri a déclaré qu’un grand nombre d’informations non étayées circulaient, faisant probablement allusion aux divers articles sur les raisons pour lesquelles l’attaque terrestre aurait été retardée, et notamment la pression diplomatique exercée par les États-Unis.
« De nombreuses informations sans fondement circulent et créent la confusion dans la société et parmi les soldats », a-t-il déclaré.