Israël en guerre - Jour 432

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Des accusations d’antisémitisme font bouillonner les eaux calmes d’Oxford

Bien que le débat sur Israël ait été une source de division, beaucoup disent que la vie est agréable pour les Juifs dans la ville universitaire la plus typique de Grande-Bretagne

Un étudiant juif  lors d'un débat avec Alan Dershowitz, au Centre Chabad d'Oxford, le 1er novembre 2015. (Crédit : autorisation Siège mondial Chabad Lubavitch)
Un étudiant juif lors d'un débat avec Alan Dershowitz, au Centre Chabad d'Oxford, le 1er novembre 2015. (Crédit : autorisation Siège mondial Chabad Lubavitch)

OXFORD, Angleterre (JTA) – Pour une ville qui a récemment fait la Une des journaux pour ses problèmes d’antisémitisme, Oxford est un lieu assez tranquille pour les Juifs.

Un vendredi, il y a peu, des dizaines de familles et d’étudiants juifs portant des kippas appréciaient le soleil de la fin de journée, se promenant vers l’une des deux synagogues d’Oxford.

Ils se retrouvaient dans un bâtiment moderne qui abrite un centre communautaire juif, avec une cuisine casher et une synagogue avec un plafond haut, en pente, de plâtre blanc, qui donne l’impression de se tenir entre les pages d’un livre géant. Ce bâtiment a des salles séparées pour les fidèles progressistes (conservateurs et réformistes) et la prière orthodoxe, où les services sont organisés simultanément.

À travers la Grande-Bretagne et en Europe occidentale, les fidèles couvrent souvent leurs kippas avec un chapeau lorsqu’ils se rendent à la synagogue, où ils sont inspectés ou questionnés – et parfois même fouillés – à l’entrée par la police ou l’armée. Mais, bien que le Centre juif d’Oxford soit pourvu d’une certaine forme de sécurité, les visiteurs peuvent souvent entrer sans qu’on leur pose de questions.

Cela fait partie de la vie dans une ville où très peu d’incidents antisémites violents se produisent, dit Jake Berger, étudiant en troisième année de psychologie et originaire de Manchester.

« Je me sens vraiment plus en sécurité couvert d’une kippah ici qu’à Manchester », dit-il.

Pourtant, malgré la rareté des attaques physiques contre les Juifs, la rhétorique antisémite et les discours de haine contre Israël à Oxford ont demandé davantage de surveillance et jeté une ombre laide sur ce bastion de la gauche britannique.

Ville universitaire pittoresque de 160 000 habitants, située à moins de 100 km au nord-ouest de Londres, Oxford est internationalement célèbre pour son excellence scolaire et pour l’agitation de ses leaders dans une grande variété de domaines. L’université d’Oxford a été classée cinquième meilleure mondiale dans le Center for World University Rankings cette année.

Les élèves remplissent les nombreux pubs aux prix abordables jusque tard dans la nuit. Le week-end, les amateurs s’adonnent à la randonnée ou à la voile le long du canal d’Oxford, qui coupe le centre de la ville et s’étend sur environ 130 km.

En particulier pour les Juifs qui supportent ouvertement Israël, Oxford est un « Eden avec un côté sombre », selon Richard Black, étudiant en histoire de quatrième année et ancien membre du JSOC local, la Société juive de l’université d’Oxford. En tant que militant pro-israélien, il a été qualifié de « baby killer » (tueur d’enfant) à plusieurs reprises à Oxford.

Il dit qu’il a entendu un camarade de classe expliquer que les Juifs exploitent la mémoire de l’Holocauste tout en engageant leur propre holocauste contre les Palestiniens, ajoutant que les Juifs contrôlent les finances et les médias américains. Après une dispute sur Israël, se souvient Black, un membre de la faculté universitaire lui a dit que la Bible hébraïque était « génocidaire » et que Black fournissait « la meilleure publicité pour l’antisémitisme ».

Black se rappelle également que lors d’un événement en 2011, une militante pro-palestinienne lui a dit que « Adolf Hitler était un homme bon ». Elle portait une banderole soutenant les Palestiniens et parlait avec Black calmement des facteurs qui ont conduit à l’existence d’Israël, y compris l’Holocauste.

« J’ai été choqué à l’époque, mais j’ai pris l’habitude », dit Black.

Comme beaucoup d’étudiants juifs à Oxford, Black cite le péjoratif de plus en plus populaire « Zio » comme preuve de l’antisémitisme répandu, mais secret. Diminutif de sioniste, « c’est raccourci, utilisé par les gens qui haïssent les Juifs comme couverture pour ce qu’ils disent vraiment : ‘Sale Juif' », dit Black. « Le vrai sens se trouve dans le contexte : les médias Zio, le lobby Zio – Vous entendez ce genre de choses ici ».

L’an dernier, le militant des droits africains Zuleyka Shahin, au cours d’une campagne qui a échoué pour obtenir la présidence de l’Oxford Union, a écrit sur Facebook que « les hommes blancs judéo-chrétiens » et « les hommes blancs Zio » sont « complices du financement des guerres et du génocide social de mon peuple ».

En février, un étudiant d’Oxford non-juif en avait assez des jacassements antisémites. Alex Chalmers, co-président de la branche du Labour de l’université, a démissionné de son poste suite au vote au sein de la branche d’une motion soutenant une Semaine contre l’apartheid israélien, expliquant qu’il ne voulait plus être associé à un cadre de travail où sévit « une sorte de problème avec les Juifs ».

Le mot « Zio », a-t-il écrit dans un éditorial expliquant sa décision, « faisait partie du lexique du club [travailliste] ». La chanson « Rockets sur Tel Aviv » figurait dans les favorites au sein d’une certaine partie du club. Les préoccupations des étudiants juifs « ont été ridiculisées », a ajouté Chalmers.

Sa démission a déclenché une enquête interne par la branche du Labour d’Oxford qui a constaté que le Club travailliste de l’université d’Oxford n’était pas institutionnellement antisémite, mais faisait face à des « difficultés » qui devaient être abordées, a raporté le Jewish Chronicle.

Richard Black, deuxième en partant de la gauche, avec des amis et camarades de classe, au Centre Chabad d'Oxford, en novembre 2015 (Crédit : Charlie Woods)
Richard Black, deuxième en partant de la gauche, avec des amis et camarades de classe, au Centre Chabad d’Oxford, en novembre 2015 (Crédit : Charlie Woods)

De manière plus significative, il a également été à l’origine d’une réaction en chaîne, exposant le parti de gauche à un examen intense des médias en Grande-Bretagne, qui a généré l’un de ses pires fiascos en matière de relations publiques depuis des années.

Le leader du parti Travailliste, Jeremy Corbyn – lui-même marqué indigne de confiance par les dirigeants de la communauté juive du fait de son soutien aux groupes terroristes du Hamas et du Hezbollah – a été contraint de suspendre au moins 20 membres du parti qui avaient fait des remarques ou des déclarations haineuses sur les Juifs et Israël.

Parmi ceux suspendus ce mois-ci figurait l’ancien maire de Londres, Ken Livingstone, qui a dit que Hitler avait soutenu le sionisme. Il tentait de prendre la défense d’une députée travailliste qui avait été suspendue plus tôt pour avoir fait une déclaration similaire.

Plus tôt ce mois-ci Ephraim Mirvis, le grand rabbin des Congrégations hébraïques unies du Commonwealth, a déclaré au Times of London que les étudiants juifs dans les universités britanniques, dont Oxford, font face à un « mur de l’anti-sionisme, qu’ils sentent et savent être de la haine anti-juif ». Il doit prendre la parole plus tard ce mois-ci à l’Oxford Union.

Pour certains étudiants et professeurs juifs, la tempête est « juste un brouhaha », a déclaré Jonathan, ancien étudiant en informatique qui a obtenu son diplôme en 2013. Il retourne à Oxford régulièrement pour des activités au JSOC et assister à des conférences.

Jonathan, Juif pratiquant qui ne voulait pas que son nom de famille soit mentionné, a dit : « Ceux qui connaissent l’antisémitisme sont les ‘hacks’ », ce qui signifie les personnes actives dans la politique étudiante ou universitaire.

Image de l'université d'Oxford (Crédit : Shutterstock)
Image de l’université d’Oxford (Crédit : Shutterstock)

La plupart des Juifs à Oxford « jouissent d’une très bonne situation sécuritaire et d’une communauté juive robuste avec d’excellentes installations, ce qui est en fait beaucoup mieux que ce que l’on trouve dans beaucoup d’autres universités britanniques », a déclaré Berger, étudiant en psychologie de Manchester. Même Black – partisan du Parti conservateur – a déclaré que « pour chaque expérience négative » avec les non-juifs à Oxford, il en a eu « une centaine de positives ».

Alors que le récent scandale a mis à jour un discours de haine généralisé à Oxford, il a également renforcé un rejet croissant de l’antisémitisme « par la grande majorité à Oxford » qui comprend « comment la critique d’Israël se transforme en antisémitisme », dit Black.

Le mois dernier, quatre des six délégués d’Oxford à l’Union nationale des étudiants de la Grande-Bretagne ont déclaré que leur université devrait se désaffilier de l’union après l’élection de Malia Bouattia à sa présidence. Bouattia, étudiante à l’université de Birmingham, est accusée de justifier la violence contre les Israéliens et de s’être opposée à une motion visant à condamner le groupe terroriste Etat islamique de peur qu’il stigmatise les Musulmans. Elle a également blâmé les « médias dirigés par les sionistes » pour l’oppression dans les pays du Sud.

Deux universités britanniques, Lincoln et Newcastle, ce mois-ci, se sont désaffiliées du syndicat, citant le manque de confiance dans son leadership. Oxford doit tenir un référendum sur la désaffiliation dans les prochaines semaines.

Quant aux Israéliens vivant à Oxford – il y a des centaines d’entre eux, la plupart sont étudiants ou chercheurs – ils disent qu’ils ne subissent aucune discrimination ni abus par rapport à leur pays d’origine.

« C’est un endroit très international, de nombreuses langues y sont parlées, c’est très tolérant », a déclaré Lior Weizman, 36 ans, père de quatre enfants qui a déménagé à Oxford l’année dernière pour travailler en tant que post-doctorant à Oxford, spécialisé dans l’imagerie médicale du cerveau.

« Je ne suis pas une personne politique », a-t-il déclaré. « Mais s’il y a des cas de personnes qui sont discriminées à Oxford en raison de leur pays d’origine, je ne les ai pas rencontrées. »

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