Israël en guerre - Jour 495

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Des célébrités enregistrent un album pour sensibiliser les jeunes à la Shoah

"Paskol Shlishi" a réuni de grands musiciens israéliens et des survivants pour créer 13 chansons originales sur le génocide juif, pendant la Seconde Guerre mondiale

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Les artistes et les survivants de l'Holocauste qui ont participé à Paskol Shlishi, un album composé de musique inspirée de l'Holocauste organisé par Zikaron Basalon et Shoah pour la Journée de commémoration de l'Holocauste 2023 (Crédit : Autorisation/Zikaron Basalon)
Les artistes et les survivants de l'Holocauste qui ont participé à Paskol Shlishi, un album composé de musique inspirée de l'Holocauste organisé par Zikaron Basalon et Shoah pour la Journée de commémoration de l'Holocauste 2023 (Crédit : Autorisation/Zikaron Basalon)

Depuis toujours, les artistes israéliens écrivent des chansons sur la Shoah. On peut citer parmi eux Ehud Manor et Avi Toledano, dont la chanson Chai avait été interprétée par Ofra Haza lors du concours de l’Eurovision en 1983 où il avait représenté Israël ou encore Yehuda Poliker, fils de survivants d’Auschwitz originaire de Thessalonique, en Grèce, dont les chansons mélancoliques reflètent une enfance marquée par le traumatisme subi par ses parents.

Un nouvel album de 13 chansons, Paskol Shlishi (Third Soundtrack), écrit par des musiciens israéliens de premier plan, entre dans le cadre d’une initiative artistique qui vise à sensibiliser les troisième et quatrième générations aux tragédies et aux leçons de la Shoah.

« Nous avons saisi l’opportunité qui se présentait de faire ce projet avec des survivants, avec pour objectif de créer quelque chose qui touchera les générations actuelles, les troisième et quatrième générations », explique Moshe Klughaft, un directeur de campagne politique qui s’adonne également à l’écriture de chansons et à la production d’albums, et dont les propres aïeux sont nés pendant la Shoah.

Klughaft avait déjà composé des chansons et des albums sur le thème de la Shoah. Il avait ainsi donné une seconde vie à des chansons juives du ghetto grâce à ses collaboration avec Aviv Geffen, Ninet, Mosh Ben Ari et d’autres, ainsi qu’à la chanson My Mother qui a été interprétée par la chanteuse pop Noa Kirel.

Mais alors qu’il envisageait de produire un autre titre sur la Shoah, Klughaft est entré en contact avec la station de radio Galgalatz et avec Zikaron Basalon, un groupe qui organise des réunions chez l’habitant, dans tout le pays – avec des survivants qui racontent leur histoire aux familles qui les accueillent, à leurs amis et à leurs voisins.

« Nous ne savions pas trop comment procéder », confie Klughaft. « Comment amener des chanteurs en pleine gloire à écrire des chansons sur la Shoah ? ».

L’équipe de Zikaron Basalon a élaboré un plan, et c’est ainsi que l’organisation a réuni dans un hôtel d’Herzliya, l’hiver dernier, un groupe éclectique de musiciens, de survivants et de chefs spirituels pour un week-end de discussions intensives.

Une deuxième réunion a eu lieu deux mois plus tard, durant laquelle les musiciens ont été divisés en groupes et envoyés dans des chambres d’hôtel transformées en studios d’enregistrement.

« Nous avons pris des gens venus de tous les horizons musicaux – musiques Mizrahie et Hassidique, rock et pop, un mélange total et tous styles confondus, et ce qui en est ressorti était intéressant, courageux et très différent », a déclaré Klughaft.

Ils ont composé 14 chansons en deux jours seulement, a déclaré Klughaft.

« Nous pensions que cela prendrait des années. Nous pensions que ce ne serait pas prêt avant le prochain Yom HaShoah », se souvient-il.

La chanteuse Rita a participé au Paskol Shlishi de 2023, un projet de Zikaron Basalon et Galgalatz avec des musiciens majeurs qui travaillent ensemble sur un album de chansons sur l’Holocauste (Crédit : Autorisation/Paskol Shlishi)

Les groupes de musiciens forment des duos improbables mais intéressants : Guy Mezig, chanteur groovy et Harel Skaat, un chanteur pop ; Benaia Barabi et Rita, la diva. Le crooner Sivan Talmor interprète plusieurs solos, comme « The Map of Pain » d’Ivri Lider, dont la mère est une survivante de la Shoah. Tamir Greenberg chante « Why Me ? » (« Pourquoi moi ? »), qui parle des survivants.

Pour Yonatan Razel, pianiste et chanteur dont les chansons spirituelles et religieuses lui ont valu des admirateurs dans toute la société israélienne, cette expérience collective a été « l’une des meilleures [qu’il a] jamais vécues”.

Razel a écrit « The Number Song » avec Guy Mezig, Doron Medalie, Harel Skaat et Tal Kastiel en hommage à Mordechai, un survivant de 99 ans qui leur avait parlé du numéro qui était gravé sur son bras.

Le grand-père de Razel avait sauté d’un train qui se dirigeait vers l’un des camps et sa famille avait été sauvée par une famille néerlandaise. La fille de Razel, Chana, a été nommée ainsi en hommage à Hannah, la femme non-juive qui avait sauvé sa famille.

C’est le grand-père de Razel, professeur de violoncelle, qui avait familiarisé son petit-fils avec les mots prononcés par le Jacob biblique dans la Genèse, des mots que Razel a utilisés dans sa chanson « Katonti« .

Je ne suis pas digne de la moindre de toutes les miséricordes

et de toute la vérité

que tu as montrées à ton serviteur

« Nous avons grandi en étant conscients que nous avions été sauvés », déclare Razel.

Le fait d’associer des histoires personnelles au travail collectif qui a été réalisé pour l’album a créé des liens particuliers entre les artistes, ainsi qu’un album qui reflète toute la mosaïque de la musique et de la société en Israël, explique Razel.

Il y voit également une tentative intéressante d’impliquer les jeunes générations de l’Israël post-Shoah dans une aventure plus large.

« Ce que j’ai appris, c’est que lorsqu’on est connecté à son cœur et que c’est sincère, on peut atteindre les cœurs de tous ceux qui vous entourent », s’exclame Razel. « Nous avons créé quelque chose à partir d’une certaine vérité artistique, à partir d’une certaine vérité israélienne et j’espère que ça se reflétera auprès du public israélien. »

La chanteuse israélienne Rita indique qu’en écrivant ses chansons, elle ne pense généralement guère aux paroles qui en émergeront.

« Dans cette chanson, l’histoire prend le pas sur tout le reste et il faut savoir comment la raconter », confie Rita dans un clip vidéo retraçant les sessions d’enregistrement de Paskol Shlishi, un clip qui a été créé par la Douzième chaîne. « Il faut savoir comment exprimer les choses de manière à ce que que l’auditeur sache les entendre, sans être trop effrayé ».

« Il s’est passé quelque chose d’intéressant dans les studios de ces chambres d’hôtel », dit Shai Tsabari, qui apporte un groove moyen-oriental à ses ballades rock et qui a chanté avec Kobi Oz, Stav Beger, Alon Edar et Aya Zehava Feiglin sur « The Old Man from Berlin » (Le vieil homme de Berlin).

« Quelque chose nous poussait à avancer en permanence », ajoute Tsabari, dont les parents sont nés au Yémen. « Les égos, habituellement présents, se sont effacés. C’est comme si nous avions tous compris qu’il ne s’agissait pas simplement d’une chanson, ni de tenter d’écrire un tube. »

Le projet a nécessité une énergie différente, explique Tsabari, et un objectif très réel – un travail qui a été facilité par le cadre offert par Zikaron Basalon, par les témoignages individuels et par les chefs spirituels.

« C’était une démarche presque mythique, c’était comme si on nous murmurait à l’oreille : ‘Lâche prise, c’est vraiment important’, » explique-t-il.

Les musiciens qui ont participé au projet étaient là car ils avaient décidé d’y participer, dit Klughaft, qui affirme être sûr que le succès de cet album ouvrira la porte à d’autres, laissant entrer aussi d’autres voix.

Les chansons seront interprétées lors de la cérémonie officielle de la journée de commémoration de la Shoah, diffusée sur la Douzième chaîne lundi soir, et elles seront reprises dans d’autres cérémonies à travers le pays.

Divers événements seront organisés par Zikaron Basalon, dans les écoles et dans les les mouvements de jeunesse, autour des chansons de Paskol Shlishi, avec des présentations et des discussions sur les histoires et sur les survivants qui se cachent derrière les paroles.

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