Des centaines de personnes réclament justice pour le procureur argentin assassiné
Une veillée à la chandelle a été organisée par la communauté juive pour commémorer le meurtre présumé d’Alberto Nisman, qui enquêtait sur l’attentat du AMIA

BUENOS AIRES – Un an après la mort mystérieuse du procureur argentin Alberto Nisman, des centaines de personnes sont venues lundi lui rendre hommage à Buenos Aires dans une cérémonie marquée par un seul mot : justicia.
Une veillée aux chandelles organisée par la communauté juive a eu lieu au coucher du soleil sur la place Alemania de Buenos Aires, un parc boisé dans le quartier nord de Palermo.
Ariel Cohen Sabban, président de l’organisation de rassemblements des associations juives argentines DAIA, a déclaré que la mort de Nisman, qui avait initialement été classée comme un suicide mais que beaucoup appelle un assassinat, « constitue une nouvelle attaque contre la possibilité de faire avancer la justice » sur l’attentat à la bombe du AMIA en 1994, qui avait fait 85 morts et laissé la communauté juive traumatisée.
Nisman enquêtait sur des liens iraniens avec l’explosion, et devait témoigner contre des présomptions de dissimulation de ces liens par la présidente d’alors, Cristina Fernández de Kirchner, la nuit où il a été retrouvé mort dans son appartement de Buenos Aires.
« La mort tragique du procureur Alberto Nisman a marqué un tournant sinistre dans notre histoire récente, a déclaré Sabban. Nous voulons savoir comment l’arme est arrivée et qui la tenait. »
« Comment est-il possible qu’un an d’enquête ne mène à absolument rien ? »
Le changement récent de gouvernement – Mauricio Macri a remplacé Kirchner en décembre – était « un moment très spécial, d’espoir, et qui rouvre de nouveaux horizons », a déclaré Sabban.
Des envoyés des ambassades européennes et, plus important, plusieurs ministres du nouveau gouvernement ont participé à la veillée d’hommage – un contraste flagrant avec le traitement négligent de l’enquête sur le meurtre de Nisman de la précédente administration, son refus d’exprimer ses condoléances à la famille, et les accusations posthumes d’utilisation de fonds publics par Nisman pour payer des prostituées.

La vice-présidente du pays, Gabriela Michetti, se tenait derrière la mère de Nisman, Sara Garfunkel, pendant que la foule rendait hommage à son fils assassiné, et a déclaré au journal La Nacion que le nouveau gouvernement, qui a commencé son mandat en décembre, ferait tout ce qui est en son pouvoir pour résoudre l’affaire.
Con Sara Garfunkel, la mamá de Nisman en la Plaza Alemania pic.twitter.com/YAlly4j3po
— Gabriela Michetti (@gabimichetti) January 18, 2016
La veille, Macri avait rendu visite aux filles de Nisman et présenté ses condoléances, un geste symbolique visant à montrer la détermination du nouveau gouvernement à permettre une enquête indépendante sur le meurtre du procureur.
Le corps de Nisman avait été retrouvé quatre jours après qu’il a poursuivi la présidente d’alors, Kirchner, accusant son gouvernement de dissimuler le rôle de l’Iran dans l’attentat de 1994 conter un centre juif.
La plainte de Nisman accusait le gouvernement d’établir un « canal de communication parallèle » avec l’Iran afin de « transmettre et mettre en place des ordres établies par le président [Kirchner] et, par ce moyen, d’atteindre des objectifs illicites », y compris la mise en place de relations commerciales.
Sa mort a été découverte juste quelques heures avant qu’il ne puisse présenter les preuves aux députés argentins au parlement. Il a été retrouvé mort dans son appartement, un pistolet .22 à ses côtés, et les partisans de Kirchner ont déclaré que sa mort était un suicide.

Les personnes rassemblées sur la place Alemania un an plus tard ne semblent pas y croire. Les cris de « Justice ! » et « Oui, c’est possible » retentissaient à intervalle régulier dans la foule, et des affiches « CFK [Cristina Fernández de Kirchner], qui l’a tué ? » étaient brandies.
« La mort de Nisman touche directement la démocratie argentine », a déclaré à la foule, depuis une scène décorée du visage maintenant familier de Nisman, le journaliste Joaquin Morales Sala.
« Nisman n’a pas été tué une fois, mais trois, a déclaré Sala. Quand sa mère a trouvé son corps sans vie dans son appartement. Quand ils l’ont calomnié et insulté après sa mort et lui ont interdit le droit d’être défendu. Et la troisième fois quand certains juges ont refusé d’enquêter sur les graves accusations qu’il avait portées contre le gouvernement de l’époque. »
Waldo Wolff, un membre de la chambre basse du parlement argentin du parti Proposition républicaine de Macri et ancien collègue de Nisman, a déclaré au Times of Israel que pour honorer la mémoire de Nisman, le nouveau gouvernement devait autoriser une enquête sur la mort du procureur, et pas l’entraver comme l’avait fait l’administration Kirchner.
« En ce qui nous concerne, nous ferons tout ce que nous pouvons pour donner une réponse au public », a déclaré Wolff.
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