Des dirigeants du monde commentent les 80 ans de la libération d’Auschwitz
Dans la matinée d'anciens détenus, accompagnés par le président polonais Andrzej Duda, ont déposé des fleurs devant le Mur de la mort de ce camp, où étaient fusillés les détenus

Quatre-vingts ans après, le monde commémore lundi la libération d’Auschwitz-Birkenau où des cérémonies, sur le site même de cet ancien camp nazi allemand, doivent réunir une cinquantaine de survivants.
Dans la matinée d’anciens détenus, accompagnés par le président polonais Andrzej Duda, ont déposé des fleurs devant le Mur de la mort de ce camp, où étaient fusillés les détenus.
Certains portaient des écharpes à rayures bleues et blanches symbolisant leurs anciens uniformes de prisonniers. Au pied du mur, ils ont allumé des bougies à la mémoire des morts, puis touché le mur avec une main, en silence.
Sous la porte d’entrée historique de Birkenau, ils vont prendre part à une cérémonie officielle, aux côtés de dizaines de dirigeants, dont le roi Charles III et le président français Emmanuel Macron, ainsi que le chancelier et le président allemands, Olaf Scholz et Frank-Walter Steinmeier. Israël sera représenté par son ministre de l’Education Yoav Kisch.
La cérémonie doit débuter lundi à 16H00 locales (15H00 GMT) et réunir 54 délégations internationales.
Union européenne
« Nous n’oublierons jamais les 6 millions de Juifs assassinés de sang-froid et toutes les victimes de l’Holocauste », a souligné la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dimanche soir à la veille du 80e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau.
« Alors que les derniers survivants disparaissent, il est de notre devoir, en tant qu’Européens, de nous souvenir de ces crimes innommables et d’honorer la mémoire des victimes », a-t-elle ajouté sur le réseau social X. A Bruxelles, le bâtiment de la Commission a été illuminé en hommage aux victimes.
Ukraine
« La mémoire de l’Holocauste s’affaiblit progressivement. Nous ne devons pas permettre l’oubli », a déclaré le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, lui-même d’origine juive. « C’est la mission de chacun de faire tout ce qui est possible pour empêcher le mal de gagner », a-t-il ajouté, dans une allusion claire à la Russie et après avoir participé à des commémorations des victimes de l’Holocauste dans le ravin de Babi Yar à Kiev, site de l’un des plus grands massacres par balles de Juifs de la Seconde Guerre mondiale.
France
Le président de la France, Emmanuel Macron, a promis lundi que son pays ne cèderait « rien face à l’antisémitisme sous toutes ses formes » à l’occasion du 80e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau.
« L’universalisme de la France se nourrit de ces combats et se retrouve aussi dans cet imprescriptible », a-t-il écrit sur le livre d’or du Mémorial de la Shoah lundi matin à Paris. Le chef de l’Etat doit ensuite se rendre à Auschwitz, en Pologne, pour la cérémonie.
Russie
Vladimir Poutine a rendu hommage lundi aux soldats soviétiques qui ont vaincu un « mal terrible et total » en libérant le camp d’Auschwitz en janvier 1945, à l’occasion des commémorations en Pologne du 80e anniversaire de cet événement auquel le président russe ne participe pas.
« Nous nous souviendrons toujours que c’est le soldat soviétique qui a écrasé ce mal terrible et total, et remporté la victoire dont la grandeur restera à jamais dans l’Histoire mondiale », a-t-il déclaré dans un message publié par le Kremlin.
Italie
« Des hommes, des femmes, des enfants, des vieillards arrachés à leurs maisons, obligés de tout abandonner (…) seulement parce que juifs. Un plan dont la férocité préméditée fait de la Shoah une tragédie sans équivalent dans l’Histoire. Un plan, conduit par le régime hitlérien, qui a trouve en Italie la complicité du régime fasciste à travers les infâmes lois raciales, la chasse (aux juifs, ndlr) et les déportations », a écrit la Première ministre italienne d’extrême droite Giorgia Meloni dans un message.
À partir de 1938, le régime fasciste de Mussolini a adopté des lois pour priver les Juifs de leurs droits, en leur interdisant de travailler dans l’administration, en interdisant les mariages mixtes, en autorisant la confiscation de leurs biens et, finalement, leur internement.
« L’antisémitisme n’a pas été vaincu en abattant les grilles d’Auschwitz. C’est un fléau qui a survécu à la Shoah, pris des formes diverses et se propage à travers de nouveaux instruments et chemins. Combattre l’antisémitisme sous toutes ses formes, anciennes et modernes, est une priorité de ce gouvernement », a déploré Mme Meloni.
Giorgia Meloni, dirigeante du parti post-fasciste Fratelli d’Italia, avait dénoncé déjà en octobre 2022 « la fureur nazi-fasciste » à l’occasion du 79e anniversaire de la rafle du ghetto juif de Rome, qui s’était traduite par l’arrestation de centaines de personnes.
Quelques étrangers ou personnes issues de mariages mixtes avaient été ensuite libérés, mais 1.022 hommes, femmes et enfants avaient été déportés dans les camps de concentration. Seuls 15 hommes et une femme en étaient revenus.
Au total, près de 8.000 juifs italiens sont morts dans les camps de concentration.