Des données aériennes révèlent les flux de ventes d’armes d’Israël à l’Azerbaïdjan
Un journal a révélé que, depuis 2013, une centaine de vols opérés par la compagnie aérienne azérie avaient atterri sur l'unique base israélienne où les explosifs sont autorisés

Une centaine de vols en provenance d’Azerbaïdjan ont atterri sur une base aérienne du sud d’Israël, ces dix dernières années, affirme un article paru lundi dans le quotidien Haaretz.
Cela jette ainsi une lumière nouvelle sur les relations militaires entre les deux pays, reflétant des relations bilatérales qui se sont considérablement améliorées.
S’appuyant sur des données aéronautiques accessibles au public, Haaretz a montré que 92 vols cargo effectués par Silk Way Airlines avaient atterri sur la base aérienne militaire d’Ovda, dans le sud d’Israël, depuis 2016.
Une centaine de vols de ce type ont suivi le même chemin depuis 2013.
Ovda est l’unique base aérienne à partir de laquelle des explosifs peuvent être transportés hors du pays.
Les vols ont commencé en 2013, avec la délivrance par le chef de l’Autorité de l’aviation civile israélienne, Giora Romm, d’une exemption permettant aux avions de Silk Way de transporter des armes « classées comme substances dangereuses interdites de vol ».
Cette exemption, prorogée en 2016, est toujours en vigueur, d’après Haaretz.
Le quotidien a identifié des pics dans les livraisons d’armes, en 2016, 2020 et 2021, périodes d’intenses combats dans le Haut-Karabagh, au cœur d’un conflit ancien entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.
Ce conflit a conduit les États-Unis et une grande partie de l’Europe à imposer des sanctions et restrictions sévères aux exportations de matériels de guerre vers ces deux pays.
Israël s’est abstenu de prendre de telles mesures et a bénéficié de manière significative du resserrement de la concurrence dans le domaine des exportations de défense.
Israël a été l’un des tout premiers pays à reconnaître l’indépendance azérie en 1991, et les deux pays sont depuis longtemps en phase sur la question iranienne.
Le Stockholm’s International Peace Institute affirme que les exportations de défense israéliennes vers Bakou ont commencé en 2005, avec la vente de plusieurs systèmes de roquettes développés par Israel Military Industries (IMI Systems).
En 2018, IMI a été acquise par Elbit Systems, fabricant israélien d’électronique de défense, qui a vendu des roquettes d’artillerie légère à l’Azerbaïdjan, utilisées pour tirer illégalement des bombes à sous-munitions sur des zones résidentielles du Haut-Karabakh, a constaté Human Rights Watch.
Haaretz estime que les fabricants israéliens ont également vendu des drones de renseignement et des drones Hermes, des missiles antichars Spike, des canons automoteurs ATMOS, des mortiers Cardom de 120 millimètres et des mortiers Hanit, des missiles antiaériens Barak, des drones Searcher et Heron, des navires de patrouille de la marine, des supports de canon Typhoon, des systèmes de missiles Spike, des missiles guidés antichars Lahat, des drones kamikazes Harop, des systèmes radar avancés et des équipements de communication de dernière génération.
Toujours selon Haaretz, les contrats de défense signés entre les deux pays lors de la visite du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Bakou en 2016 auraient excédé les 5 milliards de dollars.
Le pays à majorité chiite aurait, pour sa part, fourni à Israël d’importantes quantités de pétrole, en plus de son appui face à l’Iran.
Israël aurait ainsi fait passer en contrebande les fichiers d’archives nucléaires volés à l’Iran via l’Azerbaïdjan en 2018.
En 2022, Bakou a annoncé son intention d’ouvrir pour la première fois une ambassade en Israël.