Des doyens de Columbia accusent les étudiants juifs de « privilèges » et d’une prétendue richesse
Le panel d'experts chargé d'enquêter sur l'antisémitisme dans les universités US révèle des SMS entre les administrateurs ayant qualifié le responsable du Hillel de "problématique"
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
New York Jewish Week via JTA – Des administrateurs de l’université Columbia ont déclaré que les étudiants juifs occupaient une « place privilégiée », ont désigné un responsable de Hillel comme étant un « problème » et ont écrit « Incroyable ce que $$$$ [l’argent] peut faire », lors d’une table ronde sur la vie juive sur le campus en mai, révèlent des SMS nouvellement publiés.
Columbia avait déjà suspendu trois des quatre administrateurs impliqués après la publication, le mois dernier, de photos de certains de ces messages. Aujourd’hui, la commission de l’Éducation et du Travail de la Chambre des représentants des États-Unis, qui enquête sur l’antisémitisme à Columbia et dans d’autres campus, a obtenu et publié l’intégralité des échanges de SMS.
Si certains éléments de ces messages ont déjà été rapportés, les échanges complets montrent que les responsables de l’université minimisent les préoccupations des étudiants en matière d’antisémitisme, dénigrent le directeur du Hillel de l’école et suggèrent que les étudiants juifs retiennent l’attention en raison de leur argent.
Les conversations ont eu lieu alors que les administrateurs participaient, le 31 mai, à une table ronde intitulée « La vie juive sur le campus : Passé, présent et futur ».
« Je viens d’un endroit tellement privilégié », a écrit Susan Chang-Kim, vice-doyenne et directrice administrative de l’université. « Difficile d’entendre les malheurs, nous devons nous réunir au Kraft Center », le centre des étudiants juifs de Columbia, où se trouve Hillel.
« Oui, aveugle à l’idée que les Juifs qui ne soutiennent pas Israël n’ont pas d’espace pour se réunir », a répondu Cristen Kromm, doyenne de la vie étudiante de premier cycle.
« Si seulement toutes les communautés identitaires disposaient de ces ressources et de ce soutien », a-t-elle ajouté quelques minutes plus tard.
Les nouveaux SMS éclairent également un échange précédemment rapporté entre Kromm et Chang-Kim, qui, selon la commission parlementaire, concernait un article publié en octobre par le rabbin de Hillel, Yonah Haïm, sur l’antisémitisme dans les campus, intitulé « Sonner l’alarme ».
« Et nous pensions que Yonah avait tiré la sonnette d’alarme », a écrit Kromm vers la fin de l’échange, suivi de deux émojis de vomissement.
« Je vais vomir », a répondu Chang-Kim.
« Incroyable ce que $$$$ peut faire », a ajouté Kromm à un moment donné, apparemment lorsque Brian Cohen, le directeur exécutif du Hillel de Columbia, parlait des étudiants qui recevaient de l’attention dans les médias et à Washington.
À un autre moment, alors que Brian Cohen parlait, Chang-Kim a écrit : « Il est vraiment problématique ! »
« Il dépeint nos étudiants comme étant dangereux », a-t-elle ajouté.
« Il sait exactement ce qu’il fait et doit profiter pleinement de ce moment. Le potentiel de collecte de fonds est énorme », a déclaré Matthew Patashnick, vice-doyen associé chargé du soutien aux étudiants et aux familles, dans l’un des messages signalés le mois dernier.
À d’autres moments de l’échange, qui a duré près de deux heures, Chang-Kim a écrit « Fumée et miroirs » et « J’essaie d’être ouverte d’esprit pour comprendre, mais les portes se ferment ».
Dans un autre message partagé avec le New York Jewish Week le mois dernier, Chang-Kim a envoyé un SMS à Josef Sorett, le doyen de l’université, pendant que Cohen s’exprimait. « Il est notre héros », écrit Chang-Kim dans un message vraisemblablement sarcastique. Neuf minutes plus tard, Sorett a écrit « MDR », l’acronyme pour « mort de rire ». Il n’était pas clair si son SMS était une réponse tardive à Chang-Kim ou s’il réagissait à quelque chose d’autre. Il n’a pas répondu à une demande de commentaire.
Outre Cohen, les intervenants étaient l’ancien doyen de la faculté de droit, David Schizer, qui co-préside le groupe de travail sur l’antisémitisme de l’université, Rebecca Massel, journaliste étudiante au Columbia Spectator, le journal du campus, et Ian Rottenberg, directeur du Centre pour la vie religieuse de l’université.
Un membre du public assis derrière l’un des doyens a pris des photos des textes des administrateurs et les a partagées pour la première fois le mois dernier avec le Washington Free Beacon, un organe d’information conservateur qui a fait un compte rendu agressif de l’incident et de ses retombées.
L’université a suspendu Chang-Kim, Kromm et Patashnick le mois dernier, après que les SMS ont été révélés.
L’université a déclaré mardi que Sorett resterait à son poste de doyen, mais qu’il serait récusé pour toutes les questions liées à l’enquête sur les SMS. Sorett coopère avec l’enquête et a informé son équipe que les trois autres administrateurs ont été mis à pied dans l’attente de l’enquête, a déclaré un responsable de Columbia au New York Jewish Week.
« Nous nous sommes engagés à combattre l’antisémitisme et à prendre des mesures durables et concrètes pour faire en sorte que Columbia soit un campus où les étudiants juifs et tous les membres de notre communauté se sentent en sécurité, valorisés et capables de s’épanouir », a déclaré le responsable. « Le doyen a réitéré son engagement à tirer les leçons de cette situation et d’autres incidents survenus au cours de l’année écoulée afin de construire une communauté de respect et de dialogue sain. »
La commission parlementaire qui a publié la transcription des SMS a attiré l’attention du monde entier ces derniers mois en organisant des auditions explosives sur l’antisémitisme dans les campus avec les dirigeants de plusieurs universités d’élite. Elle s’est engagée à continuer d’insister sur cette question.
Les étudiants juifs méritent mieux que de voir le harcèlement et les menaces dont ils font l’objet qualifiés de « privilèges », et les enseignants juifs méritent mieux que de subir les moqueries de leurs collègues », a déclaré la présidente de la commission, Virginia Foxx, dans un communiqué publié mardi. « Ces SMS confirment une fois de plus la nécessité de rendre des comptes sur le campus de Columbia. »
Ces suspensions ont été prononcées alors que Columbia continue de faire face à des mois d’allégations d’antisémitisme sur le campus, à la suite du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre contre Israël et de la guerre qui s’en est suivie dans la bande de Gaza.
L’école a attiré l’attention du monde entier en avril lorsque des étudiants anti-Israël avaient installé un campement qui a déclenché un mouvement national et, selon les critiques, a créé un environnement hostile et menaçant pour les étudiants juifs. Plus de 100 étudiants ont été arrêtés lors du campement, puis lors de la prise de contrôle d’un bâtiment du campus par les militants. Peu après, l’école a annulé sa principale cérémonie de remise des diplômes.
Le campus est plus calme maintenant que les cours sont terminés, mais le groupe de travail sur l’antisémitisme de l’université, mis en place dans les semaines qui ont suivi le 7 octobre, doit publier un rapport sur les incidents au cours desquels les étudiants juifs ont été pris pour cible.
Les étudiants protestataires, quant à eux, ont promis de continuer à manifester même après la fin des cours. Le mois dernier, des groupes d’étudiants de toute la ville, y compris à Columbia, ont déclaré un « été de la résistance [nom que se donnent les groupes terroristes islamistes anti-Israël] », exhortant leurs partisans à mener des « actions ininterrompues » dans les mois à venir.
- Israël et Ses Voisins
- Opération Épées de fer
- Désinformation
- Fake news
- Anti-sionisme
- Boycott d'Israël
- Propagande anti-Israël
- Diffamation
- Anti-Israël
- Discrimination
- Harcèlement
- Juifs américains
- Etats-Unis
- Universités américaines
- Antisémitisme
- New York
- Hillel
- Chambre des représentants
- Théorie du complot