Des étudiants juifs protestent contre la violence en parlant arabe dans le tram
150 jeunes juifs discuteront ouvertement en arabe afin de « légitimer l'arabe dans la sphère publique »
Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes
Le 4 mai, pour montrer leur solidarité envers les victimes des récentes agressions racistes à Jérusalem, quelque 150 lycéens juifs qui étudient l’arabe monteront à bord du tramway de Jérusalem et discuteront en arabe .
L’initiative, organisée par Tag Meir, un organisme communautaire créé en 2011 pour lutter contre les crimes motivés par la haine en Israël, et le Center for Educational Technology (CET), une organisation à but non lucratif dédiée à la promotion du système d’éducation d’Israël, a été mise en place suite à une série d’agressions violentes contre les arabophones dans le centre de Jérusalem et ailleurs en Israël ces derniers mois.
Selon le programme, les étudiants – à la fois religieux et laïcs – monteront dans le tram le 4 mai à l’hôtel de ville, sur la rue de Jaffa, et descendront à son dernier arrêt sur le mont Herzl, où une cérémonie officielle aura lieu en hébreu et en arabe, en présence de représentants du ministère de l’Education.
Le long du parcours, les étudiants communiqueront en arabe, une langue rarement parlée par les Juifs dans les lieux publics de Jérusalem.
« Nous avons décidé de donner de la visibilité aux arabophones de Jérusalem et même de la fierté », a déclaré Merav Livneh-Dill, coordinatrice médias de l’initiative pour Tag Meir.
Elle a déclaré au Times of Israel que les étudiants seront coachés sur les phrases appropriées à utiliser dans une conversation et seront vêtus de T-shirts sur lesquels seront inscrit : « Yallah (Viens), parlons arabe à Jérusalem ».
« L’objectif est de permettre à l’arabe d’exister dans la sphère publique et de légitimer ceux qui veulent le parler mais qui ont peur de le faire », a ajouté Livneh-Dill.
Bien que la langue arabe jouisse du statut de langue officielle en Israël, figurant sur les panneaux dans les rues et les documents officiels, certaines versions du projet de loi sur l’Etat-nation cherchent à la rétrograder et à en faire une langue avec un « statut spécial ».
Le danger physique qui pèse sur les arabophones d’Israël a fait la Une des médias quand un vétéran druze, Tommy Hasson, a été agressé près de la gare centrale de Jérusalem à la fin du mois de janvier par un groupe composé d’environ dix Juifs qui l’ont entendu parlé arabe avec un ami. Deux semaines plus tard, un soldat druze, Razzi Houseysa, a été frappé à l’extérieur d’une discothèque du kibboutz de Yagur, près de Haïfa, pour la même raison.
Dans le but de faire passer le message à plus de gens, les organisateurs ont créé un événement sur Facebook où des vidéos de conversation en hébreu et en arabe seront mises en ligne avant le trajet en tramway.
Livneh-Dill a demandé aux bénévoles – dont l’écrivain israélien Almog Behar et le professeur de l’université hébraïque Hillel Cohen – de lire un poème ou de citer un dicton en arabe puis en expliquer la signification en hébreu.
Livneh-Dill a déclaré qu’il était important pour Tag Meir de travailler avec « un Israël officiel » pour l’initiative. Son organisation espère qu’au-delà de la coopération avec le ministère de l’Education, le maire de Jérusalem, Nir Barkat, et le président Reuven Rivlin assisteront à la cérémonie de clôture.
« Il est important que les gens comme le maire envoient le message aux résidents qu’ils doivent se sentir libres de parler en arabe et qu’ils recevront le soutien de la population pour le faire », conclut-elle.