Des militants arrêtés à l’extérieur de la Knesset après de violents heurts avec la police
Un élu d'Otzma Yehudit dit avoir été confronté à de "graves violences" ; Le président de la Knesset exige que les militants soient "traduits en justice" ; Des avocats accusent la police d'usage excessif de la force

La police s’est heurtée à des manifestants qui dénonçaient le gouvernement dans la journée de mardi – et un certain nombre d’entre eux ont été arrêtés alors qu’ils bloquaient les routes menant à la Knesset, à Jérusalem, avant le vote du budget de l’État pour l’année 2025.
Les protestataires s’opposaient au budget controversé – ses critiques l’accusent d’être déconnecté de la réalité et des besoins du pays – et ils appelaient le gouvernement à conclure un accord susceptible de garantir la remise en liberté des 59 otages qui se trouvent toujours à Gaza.
Malgré le rassemblement, le budget a été adopté en séance plénière lors de sa troisième et dernière lecture par 66 voix « Pour » contre 52 « Contre ».
Alors même que les députés de la Knesset arrivaient avant le vote dans la matinée de mardi, un certain nombre de manifestants ont tenté de bloquer la circulation en immobilisant leurs voitures au milieu de la route. D’autres ont bloqué le trottoir et ils ont été emmenés par les forces de l’ordre.
Selon un porte-parole de la police israélienne, les agents qui ont tenté de dégager les véhicules stationnés au milieu de la route se sont heurtés à la résistance des manifestants.
Six personnes ont été arrêtées pour « trouble à l’ordre public ». Elles seront interrogées, a précisé le porte-parole.
Un réseau d’avocats représentant les protestataires qui ont été arrêtés a accusé les forces de l’ordre d’usage excessif de la force, déclarant que les agents ont inutilement déchiré les vêtements des personnes qui ont été appréhendées.

Sur des images diffusées sur les réseaux sociaux, deux manifestants sortis de force de la benne d’une dépanneuse, alors que la police s’efforce de dégager les routes.
Dans la séquence, des policiers tirent de force l’un des manifestants – identifié sur X sous le nom de Yaacov Godo – de la benne du camion par le poignet. Tom Godo, le fils de Yaacov Godo, avait été tué par les terroristes du Hamas au kibboutz Kissufim le 8 octobre 2023, aux premières heures de la matinée.
Un deuxième homme est menotté et transporté hors du camion par trois policiers – deux le tenant par chaque bras et le troisième lui tenant les jambes.
שוטר מרחיק בכוח את יעקב גודו, ששכל את בנו ב-7.10 ושוטרים אוזקים ועוצרים את תא"ל דוד אגמון (78), ששובת רעב חלקית כבר חודשים ואיבד 15 ק"ג, לאחר שניסו לחסום גרר שמפנה רכבי מפגינים ליד הכנסת. pic.twitter.com/17NjxNZc0E
— نير حسون Nir Hasson ניר חסון (@nirhasson) March 25, 2025
Alors que les manifestants avaient bloqué la route avant le vote du budget, plusieurs députés, dont le ministre des Finances Bezalel Smotrich et le député d’Otzma Yehudit Almog Cohen, ont été dans l’obligation de quitter leur voiture et de parcourir à pied la distance restante jusqu’au bâtiment de la Knesset.
Dans un post qui a été publié sur X, Cohen a affirmé qu’il avait été « attaqué avec une grande violence à l’entrée de la Knesset par un groupe d’émeutiers, soutenus par des médias qui se livrent à des incitations à la haine. L’objectif de la manifestation et de ses responsables est de faire couler le sang dans les rues ».
Reprochant à la police israélienne de ne pas avoir su « protéger ma vie », Cohen a averti que si la garde de la Knesset n’avait pas été présente sur les lieux, il aurait été contraint de « riposter » aux manifestants.
« Ne confondez pas ma gentillesse de ce matin avec de la faiblesse », a-t-il ajouté. « Vous êtes des individus violents et dangereux pour la démocratie et pour le pays. »
Il a partagé un extrait d’une vidéo de sept secondes – des membres de la garde de la Knesset l’encerclent alors qu’il traverse le parking. Aucune violence n’y est alors visible.
הותקפתי כעת באלימות קשה בכניסה לכנסת בידי חבורת פורעים, בגיבוי תקשורת מסיתה, משנאלצתי להיכנס ברגל למשכן הכנסת.
מטרת המחאה ומנהיגיה היא דם ברחובות. אל תפרשו את טוב הלב שלי הבוקר כחולשה.צר לי כי משטרת ישראל לא הייתה שם בכדי להגן על חיי, ולולא משמר הכנסת – הייתי נאלץ להגיב, ולא רק… pic.twitter.com/KkY3zVK4Ps
— אלמוג כהן Almog cohen (@almog_cohen08) March 25, 2025
Smotrich a, lui aussi, eu des mots durs à l’égard des manifestants : il leur aurait dit, selon la radio publique Kan, qu’ils « ne voulaient pas la démocratie, mais le maintien des privilèges et du pouvoir ».
« Quand j’ai bloqué les routes, on m’a enfermé pendant trois semaines dans la cellule d’une prison du Shin Bet », a-t-il ajouté. « On ne m’a pas laissé m’asseoir sur la route et bloquer la circulation comme quelqu’un de privilégié. »
A la tête du parti d’extrême droite HaTzionout HaDatit, Smotrich a été arrêté en 2005 pour terrorisme, quatre autres activistes et lui-même ayant été trouvés en possession de 700 litres d’essence et de pétrole.
Suite à l’interpellation des six manifestants, le président de la Knesset, Amir Ohana, membre du parti Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a dénoncé leurs faits et gestes et demandé aux forces de l’ordre de prendre des mesures complémentaires contre eux.
« Ce matin, on a tenté de bloquer le processus démocratique à la Knesset par la violence en empêchant ses membres d’entrer pour aller voter », a-t-il déclaré en session plénière. Il a ajouté que les forces de l’ordre devaient « traduire les responsables en justice et ne pas se contenter d’arrestations ou de remorquage de véhicules, mais les poursuivre en justice ».
« La liberté d’expression existe dans l’État d’Israël, mais personne n’a le droit de bloquer le processus démocratique à la Knesset par la force », a-t-il affirmé. « Cela ne fait pas partie des règles du jeu. »

L’appel d’Ohana à poursuivre les manifestants a été accueilli avec colère par le président du parti des Démocrate, Yair Golan, qui lui a suggéré de « se regarder dans le miroir » lorsqu’il cherchait des personnes dangereuses pour la démocratie.
« Ce ne sont pas les manifestants en faveur de l’État de droit qui nuisent à la démocratie, mais ce gouvernement qui pille le trésor de l’État et réserve les fonds publics aux fraudeurs, aux corrompus et aux loyalistes », a-t-il accusé.
« La démocratie ne consiste pas à s’emparer du pouvoir par la force. La démocratie ne consiste pas à transformer le budget en un outil entre les mains d’un groupe jaloux et déconnecté », a-t-il poursuivi. « La démocratie, c’est la responsabilité, l’égalité et le respect de la vie humaine. »
Ces derniers jours, ce n’est pas la première fois que la police est accusée d’usage excessif de la force contre des manifestants anti-gouvernement, car elle a commencé à déployer des agents de sa toute nouvelle Garde nationale. Des membres de ce service, dont l’idée, controversée, revient au ministre de la Sécurité intérieure Itamar Ben Gvir, ont été filmés en train de donner des coups de poing, des coups de pied et de jeter au sol des manifestants lors de manifestations à Jérusalem et Tel Aviv.