Des milliers de Gazaouis empruntent le couloir vers le sud ; Tsahal poursuit son offensive
Israël dit avoir tué le chef de production d’armes du Hamas dans une frappe aérienne ; un soldat des forces spéciales de Tsahal tué, portant à 32 le nombre de soldats morts
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Des milliers de Gazaouis ont emprunté mercredi encore, un couloir humanitaire ouvert par Israël pour évacuer le nord de la bande de Gaza, alors qu’Israël poursuit son offensive pour en chasser le groupe terroriste du Hamas.
« Le nord de la bande de Gaza est une zone de combat acharné et le temps presse pour l’évacuer », a publié sur X le porte-parole de Tsahal en langue arabe Avichay Adraee, appelant les Gazaouis à « rejoindre les centaines de milliers » qui ont déjà évacué.
Le passage était ouvert de 10 heures à 15 heures.
Tsahal a publié des images vidéo montrant le mouvement des civils vers le sud, dont beaucoup pouvaient être vus portant des drapeaux blancs et tenant leurs mains en l’air.
Le volume de la foule semble correspondre à celle observée mardi, lorsqu’environ 15 000 personnes se sont déplacées vers le sud, selon l’ONU, contre 5 000 lundi et 2 000 dimanche, a déclaré le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU.
Les observateurs de l’ONU ont rapporté mercredi que le nombre de civils palestiniens fuyant la zone de combat dans le nord de la bande de Gaza augmentait proportionnellement à l’intensification de la campagne aérienne et terrestre d’Israël dans cette région.
החל מהשעה 10:00 אלפי תושבים מצפון הרצועה נענו לקריאות צה״ל ועושים בשעה זו את דרכם לדרום הרצועה, מדרום לנחל עזה, דרך כביש צלאח אלדין. pic.twitter.com/JZeq3HyUaL
— דובר צה״ל דניאל הגרי – Daniel Hagari (@IDFSpokesperson) November 8, 2023
Les civils ont une fenêtre de quatre heures quotidienne déterminée par l’armée israélienne qui leur assure un passage sûr de la ville de Gaza et de ses environs vers le sud de la bande de Gaza, où les frappes aériennes sont moins fréquentes. La plupart des réfugiés sont des enfants, des personnes âgées et des personnes handicapées, selon l’agence des Nations unies. Nombre d’entre eux sont arrivés à pied avec un minimum d’effets personnels.
Le nord de la bande de Gaza, densément peuplé, et plus particulièrement la ville de Gaza et ses banlieues, constituent le point focal de la campagne israélienne visant à anéantir le Hamas.
Des dizaines de milliers de civils palestiniens restent dans la zone de combat et beaucoup s’abritent dans des hôpitaux ou des écoles de l’ONU. Certains ont déclaré avoir été dissuadés de se rendre vers le sud en raison des conditions humanitaires désastreuses qui règnent dans la zone d’évacuation et des frappes aériennes israéliennes qui se poursuivent dans l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le sud.
Israël a accusé le Hamas de chercher à maintenir les civils dans la partie nord de Gaza pour les utiliser comme boucliers humains.
Le Hamas a accusé Tsahal d’avoir tiré et frappé les convois d’évacuation, des accusations fermement démenties par Israël. Tsahal a au contraire fourni des preuves que des membres du Hamas tentaient d’empêcher les civils de se rendre au sud, en dressant des barrages routiers et même en tirant sur les convois.
Les combats et les frappes aériennes se sont poursuivis mercredi, et l’armée israélienne a annoncé que le sergent de première classe Jonathan Chazor, un soldat de l’unité d’élite Shaldag de l’armée de l’air, avait été tué en combattant les terroristes du Hamas dans le nord de la bande de Gaza un jour plus tôt.
Chazor, 22 ans, était originaire de la communauté de Katzir, au nord de la bande de Gaza.
Sa mort porte à 32 le nombre de soldats tués lors de l’offensive terrestre israélienne à Gaza, et à 350 le nombre de soldats tués depuis le 7 octobre.
Mercredi également, l’armée israélienne a annoncé avoir tué l’un des principaux responsables de l’appareil de production d’armes du Hamas lors d’un bombardement nocturne.
Selon l’armée et le Shin Bet, Muhsin Abu Zina était « l’un des responsables de la production d’armes » pour le Hamas, spécialisé dans la fabrication « d’armes stratégiques et de roquettes ».
Il était considéré comme le chef de la division « industries et armement » du groupe terroriste.
L’armée a déclaré avoir également tué plusieurs agents du Hamas lors de frappes sur des positions antichars et de lancement de roquettes.
L’armée israélienne a indiqué que les troupes ont découvert et détruit quelque 130 puits menant à des tunnels dans la bande de Gaza depuis le début de l’opération terrestre le mois dernier.
Les troupes du génie de combat sont chargées de dégager des routes pour permettre aux forces terrestres de manœuvrer, de localiser et de détruire les installations du Hamas, notamment les tunnels et les lance-roquettes.
Tsahal a déclaré que les troupes ont trouvé un bon nombre d’entrées de tunnels à proximité d’une structure comportant des batteries de voitures, qui seraient reliées au système de filtration d’air du tunnel.
Les forces de la brigade d’infanterie du Nahal ont en outre capturé un camp d’entraînement du Hamas dans le nord de la bande de Gaza.
Tsahal affirme que les troupes ont trouvé un lieu de rassemblement dans le camp, où les agents du Hamas avaient préparé des armes et de la nourriture en vue d’une attaque. Dans le camp, plusieurs entrées de tunnels ont également été trouvées.
Tous les tunnels ont été détruits, précise Tsahal.
Selon la treizième chaîne, un responsable dont le nom n’a pas été révélé a déclaré lors d’un briefing militaire mercredi qu’Israël aurait probablement des « résultats » concernant les tunnels « dans les jours à venir », et qu’au besoin, les troupes « entreraient dans les tunnels ».
« Le Hamas a pénétré dans un système souterrain avancé et fortifié et a élaboré un certain nombre de mécanismes de protection. Certains tunnels peuvent être attaqués depuis les airs », aurait déclaré le responsable. « L’incursion terrestre de Tsahal a permis de débusquer l’infrastructure de l’ennemi et le corps du génie a commencé par la destruction des puits et des tunnels ».
Pendant ce temps, la pression internationale continue de s’accentuer en ce qui concerne la situation humanitaire dans la bande de Gaza.
Depuis le 21 octobre, des centaines de camions transportant de l’aide ont été autorisés à entrer dans la bande de Gaza depuis l’Égypte. Mais les travailleurs humanitaires affirment que cette aide est loin de répondre aux besoins croissants.
Emily Callahan, une infirmière américaine qui se trouvait à Gaza avec Médecins sans frontières (MSF), a décrit la réalité du sud de la bande de Gaza telle qu’elle l’a vécue avant qu’elle ne parvienne à traverser Rafah pour entrer en Égypte, il y a une semaine.
Elle avait été évacuée à Khan Younis, où elle partageait un abri avec 35 000 personnes déplacées dans un seul complexe.
« Il y avait des enfants avec d’énormes brûlures sur le visage, le cou et tous les membres », a-t-elle raconté à CNN.
Callahan a expliqué que la nourriture et l’eau manquaient cruellement et l’équipe de MSF en est arrivé à comptabiliser les calories. « Nous serions morts de faim ou aurions été à cours d’eau sans le personnel local », a-t-elle déclaré.
Il n’y avait que quatre toilettes pour les dizaines de milliers de Gazaouis, a-t-elle ajouté.
Callahan a affirmé que sa sécurité personnelle a été compromise, car des habitants en colère l’ont accusée, ainsi que son personnel local, d’être des Israéliens ou des traîtres.
Alors que la pression s’accentue sur Israël pour qu’il autorise une aide plus importante, le pays bénéficie toujours du soutien des grandes puissances occidentales pour ses efforts visant à détruire le Hamas.
Les principaux diplomates du G7 ont annoncé une position unifiée sur la guerre entre Israël et le Hamas à l’issue de réunions intensives à Tokyo, où ils ont condamné le Hamas, soutenu le droit d’Israël à se défendre et appelé à des « pauses humanitaires » afin d’accélérer l’acheminement de l’aide aux civils palestiniens.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken et les ministres des Affaires étrangères de Grande-Bretagne, du Canada, de France, d’Allemagne, du Japon et d’Italie ont affirmé qu’Israël avait le droit de se défendre et de défendre son peuple dans le respect du droit international », dans le but d’empêcher que ne se reproduisent les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre.
Ils ont également exprimé leur à des « pauses et couloirs humanitaires » à Gaza, afin notamment de permettre l’acheminement « urgent » d’aide humanitaire, la circulation des civils et la libération des otages ».
Les ministres du G7 ont également exhorté l’Iran à ne pas soutenir le Hamas et le Hezbollah et à ne rien faire qui puisse « déstabiliser le Moyen-Orient », y compris le soutien au Hezbollah libanais et à d’autres acteurs non étatiques, et à user de son influence auprès de ces groupes pour désamorcer les tensions régionales ».
Blinken a également condamné « la montée de la violence des habitants des implantations extrémistes commise contre les Palestiniens », qui, selon les ministres, est « inacceptable, compromet la sécurité en Cisjordanie et menace les perspectives d’une paix durable. »
Lors d’une conférence de presse organisée suite à la rencontre du G7 à Tokyo, le secrétaire d’État Antony Blinken a expliqué comment les États-Unis envisageaient l’après-guerre à Gaza. Il a exhorté Israël à ne pas réoccuper la bande mais il a reconnu qu’il devrait y avoir « une période de transition ».
« La seule façon de garantir que tout cela ne se reproduira jamais est de mettre en place les conditions nécessaires pour une paix et pour une sécurité durables », a-t-il commenté.
Blinken a ensuite énuméré les éléments qui, selon les États-Unis, sont indispensables pour mettre en œuvre une telle paix et une telle sécurité : « Pas de déplacement forcé des Palestiniens de Gaza, pas maintenant et pas dans l’après-guerre. Pas d’utilisation de Gaza comme plateforme du terrorisme et autres attaques violentes. Pas de réoccupation de Gaza à la fin du conflit. Pas de tentative de blocus ou de siège de Gaza. Pas de réduction du territoire à Gaza. Nous devons aussi garantir qu’aucune menace terroriste n’émergera de la Cisjordanie », a-t-il indiqué.
Il faut « une gouvernance palestinienne, une bande de Gaza unie à la Cisjordanie, sous le contrôle de l’Autorité palestinienne… un mécanisme durable de reconstruction à Gaza et une voie ouverte » vers la solution à deux États, a-t-il ajouté.
Interrogé sur les paroles prononcées par le Premier ministre Benjamin Netanyahu qui a évoqué la possibilité qu’Israël assume la responsabilité de la sécurité dans la bande de Gaza pour une durée indéterminée, Blinken a admis qu’il « pourrait y avoir besoin d’une période de transition ».
Netanyahu a déclaré mardi que Tsahal avait pénétré plus profondément dans la bande de Gaza que le Hamas ne l’aurait jamais imaginé.
Son ministre de la Défense, Yoav Gallant, a quant à lui déclaré que Tsahal opérait désormais « au cœur » de la ville de Gaza et « resserrait l’étau » autour du Hamas.
Ces propos interviennent un mois après que le groupe terroriste du Hamas a lancé un assaut choc qui a fait près de 1 400 morts et des milliers de blessés, pour la plupart des civils ; il a également pris en otage au moins 240 personnes, dont des femmes et des enfants qui ont été emmenés dans la bande de Gaza. Israël a juré de détruire le Hamas et de le chasser du pouvoir dans la bande de Gaza. Le pays est également confronté à des tirs de roquettes en provenance du Liban et à des attaques meurtrières le long de sa frontière avec ce pays.
Netanyahu a déclaré que des milliers de terroristes avaient été éliminés, tant en surface que dans un vaste réseau de tunnels, y compris nombre de ceux qui ont planifié et perpétré le massacre de 1 400 personnes en Israël le 7 octobre.
Concernant les otages détenus à Gaza, Netanyahu a affirmé s’être entretenu avec le président de la Croix-Rouge et lui a demandé d’œuvrer pour obtenir leur libération immédiate, « comme l’exige le droit international ». Il a également exigé que la Croix-Rouge rende visite à tous les otages et s’assure qu’ils aillent bien, là encore comme l’exige le droit international.
« Il n’y aura pas de cessez-le-feu sans le retour de nos kidnappés », a souligné Netanyahu, délivrant cette déclaration « à nos ennemis comme à nos amis ». Il a également déclaré que tant que les otages ne seraient pas libérés, aucun carburant ne serait autorisé à être transporté dans la bande de Gaza. Il a ajouté que l’opération terrestre était une partie essentielle de l’effort visant à ramener les otages chez eux.
L’attaque du Hamas du 7 octobre a été accompagnée d’un barrage de milliers de roquettes qui visaient des agglomérations israéliennes. Le Hamas et d’autres groupes terroristes ont continué à faire pleuvoir des roquettes sur Israël, causant davantage de morts et de dégâts. Plus de 200 000 Israéliens ont été déplacés par les attaques.
Le ministère de la Santé, dirigé par le Hamas, affirme que plus de 10 500 habitants de Gaza ont été tués depuis le début de la guerre, un chiffre qui ne peut être vérifié de manière indépendante et qui inclut les personnes tuées par les tirs de roquettes palestiniens ratés sur Israël. Le Hamas a été accusé par le passé de gonfler artificiellement le nombre de morts et de ne pas faire de distinction entre les civils et les terroristes.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.