Israël en guerre - Jour 349

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Des milliers de personnes dans les rues après la démission d’Amichaï Eshed

27 manifestations dans tout le pays ; Ayalon bloquée ; 1 blessé ; le chef de la police de Tel Aviv dit avoir quitté son poste pour avoir refusé d'utiliser une force disproportionnée

  • Suite à la démission du chef de la police de Tel Aviv, Amichaï Eshed, des manifestants anti-gouvernement levant des drapeaux et allumant un petit feu sur l'autoroute Ayalon à Tel Aviv, le 5 juillet 2023. (Crédit : Oren Zvi/AFP)
    Suite à la démission du chef de la police de Tel Aviv, Amichaï Eshed, des manifestants anti-gouvernement levant des drapeaux et allumant un petit feu sur l'autoroute Ayalon à Tel Aviv, le 5 juillet 2023. (Crédit : Oren Zvi/AFP)
  • Suite à la démission du chef de la police de Tel Aviv, Amichaï Eshed, des policiers israéliens à cheval tentant de disperser des manifestants anti-gouvernement sur l'autoroute Ayalon à Tel Aviv, le 5 juillet 2023. (Crédit : Oren Zvi/AFP)
    Suite à la démission du chef de la police de Tel Aviv, Amichaï Eshed, des policiers israéliens à cheval tentant de disperser des manifestants anti-gouvernement sur l'autoroute Ayalon à Tel Aviv, le 5 juillet 2023. (Crédit : Oren Zvi/AFP)
  • Une voiture fonçant sur des manifestants anti-gouvernement bloquant l'autoroute Ayalon à Tel Aviv, 5 juillet 2023. (Crédit : Capture d'écran vidéo de Michel Braunstein ; utilisée conformément à l'article 27a de la loi sur le droit d'auteur)
    Une voiture fonçant sur des manifestants anti-gouvernement bloquant l'autoroute Ayalon à Tel Aviv, 5 juillet 2023. (Crédit : Capture d'écran vidéo de Michel Braunstein ; utilisée conformément à l'article 27a de la loi sur le droit d'auteur)
  • Manifestants sur l'autoroute Ayalon, le 5 juillet 2023. (Crédit : Capture d'écran Facebook)
    Manifestants sur l'autoroute Ayalon, le 5 juillet 2023. (Crédit : Capture d'écran Facebook)
  • Manifestations anti-gouvernement sur la place de Paris, à Jérusalem, le 5 juillet 2023. (Crédit : Times of Israel)
    Manifestations anti-gouvernement sur la place de Paris, à Jérusalem, le 5 juillet 2023. (Crédit : Times of Israel)
  • Le chef de la police de Tel Aviv, Amichaï Eshed, tenant une conférence de presse annonçant sa démission, à Tel Aviv, le 5 juillet 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)
    Le chef de la police de Tel Aviv, Amichaï Eshed, tenant une conférence de presse annonçant sa démission, à Tel Aviv, le 5 juillet 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)
  • Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, s'exprimant lors d'une conférence de presse, à la Knesset, le 5 juillet 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
    Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, s'exprimant lors d'une conférence de presse, à la Knesset, le 5 juillet 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Des milliers d’Israéliens sont descendus dans les rues et ont bloqué plusieurs autoroutes majeures à travers le pays mercredi soir après que le chef de la police de Tel Aviv, Amichaï Eshed, a annoncé sa démission.

Eshed était sur le point d’être démis de ses fonctions et transféré à un poste considéré comme inférieur, en raison de ce qu’il a appelé des « considérations politiques » et pour avoir refusé d’utiliser une « force disproportionnée » envers les manifestants opposés à la refonte du système judiciaire.

La plus grande manifestation – en solidarité avec Eshed et contre la coalition radicale – a eu lieu sur l’autoroute Ayalon de Tel Aviv, où la police a fait face à des manifestants bloquant la circulation et allumant des feux de joie. L’artère a été bloquée pendant plusieurs heures, avant que la police ne fasse usage de la force pour disperser les manifestants après minuit.

Un conducteur coincé dans la circulation a tout simplement décidé de rouler sur la foule, blessant au moins un manifestant avant d’être arrêté par la police.

Pendant la manifestation, des pétards ont été lancés depuis des bâtiments voisins apparemment en signe de solidarité avec les manifestants, provoquant des acclamations de la foule. Dans plusieurs images diffusées sur les réseaux sociaux, des policiers ont été filmés sur l’autoroute Ayalon en train de frapper des manifestants qui refusaient de quitter la zone.

La police a déployé des agents de la garde montée et des canons à eau pour dégager l’autoroute mais ils ont eu besoin de plusieurs heures pour rétablir l’ordre. Après minuit mercredi, la police a déclaré avoir évacué la plupart des manifestants de Tel Aviv d’Ayalon et arrêté 15 personnes. La manifestation s’est terminée par des manifestants chantant l’hymne national israélien « Hatikvah », a rapporté Ynet.

Au moins 12 autres personnes ont été arrêtées lors d’autres manifestations, dont huit à Jérusalem. La police a déclaré plus tard avoir arrêté quatre autres personnes lors d’une manifestation à un carrefour important situé près d’Herzliya.

Avec des manifestants allumant des feux de joie sur l’autoroute Ayalon, les manifestations n’étaient pas sans rappeler celles qui avaient eu lieu dans tout le pays fin mars après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu eut annoncé sa décision de limoger son ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui avait mis en garde contre l’impact de la refonte judiciaire sur la sécurité. Netanyahu avait ensuite suspendu le processus législatif de la réforme judiciaire dès le lendemain et était ensuite revenu sur sa décision de renvoyer Gallant.

Des manifestations contre la législation largement controversée visant à réformer en profondeur le système judiciaire israélien ont lieu depuis janvier et se sont récemment intensifiées alors que la coalition radicale de Netanyahu a renouvelé ses efforts pour faire adopter certains des projets de loi du paquet de réformes prévues.

Les manifestations ont provoqué la colère de la coalition, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, le député d’extrême-droite et chef du parti Otzma Yehudit qui supervise la police, se heurtant à plusieurs reprises à la police de Tel Aviv pour sa gestion des manifestants. Ben Gvir a plaidé pour une approche beaucoup plus dure avec les manifestants et plus d’arrestations.

L’indignation de Ben Gvir était souvent dirigée contre Eshed, qui refusait ouvertement d’utiliser plus de force lors des manifestations anti-réforme.

Suite à la démission du chef de la police de Tel Aviv, Amichaï Eshed, des policiers israéliens à cheval tentant de disperser des manifestants anti-gouvernement sur l’autoroute Ayalon à Tel Aviv, le 5 juillet 2023. (Crédit : Oren Zvi/AFP)

Lors de sa conférence de presse mercredi soir, Eshed a affirmé qu’il avait été démis de ses fonctions en raison de « considérations politiques » et qu’il payait « un prix terrible pour [son] choix d’empêcher une guerre civile ».

Sa démission a également déclenché des manifestations à Jérusalem, où des centaines de manifestants se sont rassemblés sur la place de Paris et ont bloqué le carrefour. Ici aussi, la police a déployé des officiers de la garde montée et des canons à eau – tirant de l’eau nauséabonde – pour disperser la foule, au milieu des cris de « honte ». Les manifestants comprenaient un grand nombre d’étudiants et d’Israéliens d’âge moyen. La police a déclaré avoir arrêté quatre personnes et évacué les manifestants après minuit. Au moins deux femmes ont été blessées.

Un canon à eau de la police sur des manifestations anti gouvernement, sur la place de Paris à Jérusalem, le 5 juillet 2023. (Crédit : Times of Israel)

Plus tôt, des manifestants se sont rassemblés devant la résidence officielle de Netanyahu rue Azza (Gaza) de Jérusalem, se heurtant à la police alors qu’ils bloquaient la route. Plus tard dans la nuit, les manifestants se sont de nouveau dirigés vers la rue Azza depuis la place de Paris vers le domicile du Premier ministre.

Outre Tel Aviv et Jérusalem, les manifestants ont bloqué mercredi soir les intersections de Karkur, Carmiel, Tzemach, Horev, Rager et Azza dans le nord et le sud d’Israël. Des manifestations ont été signalées dans une quarantaine d’endroits du pays.

« Les limites de la force »

Le chef de la police israélienne, Kobi Shabtaï, avait récemment informé Eshed qu’il serait muté pour diriger un centre de formation interne de la police, largement considéré comme une rétrogradation. Shabtaï et Eshed ont longtemps eu une relation difficile, qui s’est aggravée lorsque Ben Gvir a pris ses fonctions.

Ben Gvir et Shabtaï avaient expliqué, la semaine dernière, que ce serait le commandant-adjoint du district du sud de la police, Peretz Amar, qui remplacerait Eshed à Tel Aviv.

En mars, Ben Gvir avait annoncé que, sur la recommandation de Shabtaï, il transférait Eshed à un nouveau poste, après avoir critiqué la gestion par Eshed des manifestations de masse contre la réforme judiciaire du gouvernement.

Le transfert a été temporairement gelé par la procureure générale Gali Baharav-Miara, qui s’était dite préoccupée par le fait que le moment du transfert lui apparaissait politiquement motivé.

Shabtaï avait approuvé le limogeage d’Eshed, vraisemblablement dû à des tensions de longue date avec l’officier supérieur, mais avait admis par la suite que le moment choisi était erroné.

https://twitter.com/cjkeller8/status/1676679327063109632

En mai, Shabtaï avait convoqué Eshed pour un entretien sur la prise en charge du service de formation, mais ce dernier avait choisi de répondre par une lettre dans laquelle il affirmait que les « considérations du chef de la police sont personnelles, politiques et contraires aux instructions de la procureure générale ».

Shabtaï et Ben Gvir ont tous deux insisté sur le fait que le retrait d’Eshed avait été planifié à l’avance. Mais Ben Gvir a également déclaré que la décision initiale de mutation était liée à la gestion des manifestations à Tel Aviv par le commandant.

Eshed s’est opposé frontalement à Ben Gvir lors de la conférence de presse, affirmant qu’il « ne pouvait pas être à la hauteur des attentes de l’échelon ministériel, qui demande une violation des règles et des procédures et une ingérence manifeste dans la prise de décision professionnelle ».

« J’aurais pu facilement utiliser une force disproportionnée et remplir les urgences [de l’hôpital] d’Ichilov à la fin de chaque manifestation à Tel Aviv. Nous aurions pu vider [l’autoroute] Ayalon en quelques minutes en échange d’un coût terrible : en frappant des têtes et en brisant des os, en rompant le pacte entre la police et les citoyens », a-t-il déclaré.

« En tant que commandant, j’ai appris à des générations de policiers à reconnaître les limites de la force, à protéger notre contrat avec le public… Malheureusement, pour la première fois au cours de mes trente années de service, j’ai été confronté à l’étrange réalité que le calme et l’ordre n’étaient pas le but recherché, mais plutôt le contraire », a ajouté Eshed.

Il a affirmé que son refus de suivre les recommandations de Ben Gvir avait conduit à « une machine à poison bien huilée se retournant contre moi en ligne, entraînant des menaces importantes pour ma vie et ma désignation comme étant sous le plus haut niveau de menace ». « Mais cela ne m’a pas dissuadé. À tout moment, j’ai vu devant moi une feuille de route, une boussole : des freins et contrepoids, la loi israélienne et les règles de la moralité et de la justice. »

Le chef de la police de Tel Aviv, Amichaï Eshed, lors d’une conférence de presse à Tel Aviv, le 5 juillet 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Eshed a exhorté la police à ne pas se laisser intimider par son éviction ostensible, affirmant que les commandants devaient « rester fermes comme un roc, adhérer aux valeurs de l’institution et s’élever au-dessus des considérations personnelles passagères. Un policier est un émissaire public, un fonctionnaire… Le ‘cas Ami Eshed’ ne doit pas effrayer les chefs de police. Un commandant de district ne doit pas s’empêcher d’exprimer son opinion, ne doit pas aller à l’encontre de ses valeurs ».

Il a dit qu’il avait payé le prix ultime – professionnellement parlant – pour avoir respecté ses principes, avec « 33 ans de service en uniforme – dans la dernière ligne droite avant une course au poste de chef de la police – en train de s’effondrer ».

« Tout cela pour une raison simple : j’ai exigé que les policiers sous mes ordres respectent la loi. »

Tenant sa propre conférence de presse plus tard mercredi soir, Ben Gvir a accusé Eshed de « se rendre à la gauche ».

Il a déclaré que « le ruissellement de la politique dans les postes de direction de la police est un dangereux précédent ».

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, s’exprimant lors d’une conférence de presse, à la Knesset, le 5 juillet 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Ben Gvir a déclaré que le gouvernement, dont il est membre, a été « élu pour rétablir l’égalité devant la loi, pour ne pas permettre à une force de police de se comporter d’une manière envers [les résidents d’implantations] et d’une autre envers les haredim et les militants de gauche ».

Lors de la manifestation de Tel Aviv plus tard mercredi soir, des milliers de manifestants ont défilé de la rue Kaplan à l’autoroute Ayalon, agitant des drapeaux israéliens et soufflant des vuvuzelas.

« Je ressens un choc absolu », a déclaré Avi Dar, un avocat de 60 ans et ancien professionnel des services de sécurité lors de la manifestation.

« Nous allons faire face à un coup d’État par un groupe d’extrémistes qui ont pris le contrôle d’Israël et nous amènent à l’anarchie », a déclaré Me Dar, qui a enfilé un tee-shirt du groupe de protestation des vétérans de Tsahal, les Frères d’armes.

Son ami Reuven, également âgé de 60 ans, a déclaré qu’en sortant mercredi soir, ils espéraient influencer Ben Gvir et la future politique des dirigeants de la police.

« Nous avons fait cela après le licenciement de Gallant, et ils l’ont ramené », a-t-il déclaré.

Alors que les deux ne pensaient pas qu’Eshed reviendrait dans la police, « le fait que cela se produise et que la personne responsable de la sécurité nationale d’Israël soit un criminel nous rappelle vraiment les pays où les extrémistes sont arrivés au pouvoir par la voie démocratique », a déclaré Reuven, faisant référence aux précédentes condamnations de Ben Gvir en tant qu’activiste d’extrême-droite.

Mais les manifestants avaient aussi leurs opposants.

« Ce n’est pas bien. C’est un retour à la politique de gauche, qui nous amènera à un point où nos ennemis nous dévoreront vivants », a déclaré Itzhak Maloul, agent de sécurité du parking surplombant la section bloquée de l’autoroute.

Maloul a déclaré avoir été témoin d’une multitude de manifestations anti-réforme au cours des derniers mois et a affirmé qu’elles visaient moins à empêcher l’érosion démocratique et davantage à refléter les clivages politiques.

« Ils cherchent à provoquer quelque chose parce que les choses ne se sont pas passées comme prévu [pendant les élections] », a-t-il déclaré.

Israël a été secoué par des manifestations de masse depuis début janvier, lorsque le gouvernement a dévoilé ses plans de grande envergure pour radicalement réformer le système judiciaire. Les manifestants ont averti que cette réforme affaiblirait le caractère démocratique d’Israël, supprimeraient un élément clé de ses freins et contrepoids et laisseraient les minorités sans protection. Ses partisans affirment, au contraire, qu’il s’agit d’une réforme indispensable pour mettre un frein à l’activisme de la Cour.

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