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Shabtaï ne démissionnera pas, bien qu’il ait admis avoir eu tort d’évincer Eshed

Le chef de la police a déclaré qu'il a fait un examen de conscience au cours des dernières 48 heures, et qu'il ne renoncera pas à sa tâche

Le chef de la police Kobi Shabtaï s'exprimant lors d'une conférence de presse, à Tel Aviv, le 11 mars 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)
Le chef de la police Kobi Shabtaï s'exprimant lors d'une conférence de presse, à Tel Aviv, le 11 mars 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Deux jours après l’annonce explosive de la révocation du chef de la police de Tel-Aviv – au milieu des critiques du ministre de la Sécurité nationale concernant son maintien de l’ordre ostensiblement trop laxiste à l’égard des manifestants anti-gouvernement – le chef de la police israélienne Kobi Shabtaï a déclaré lors d’une conférence de presse samedi qu’il avait « commis une erreur » en approuvant cette mesure.

Shabtaï a également indiqué qu’il avait envisagé de démissionner face au tollé provoqué par cette décision, mais qu’il avait finalement décidé de ne pas abandonner la tâche qui lui incombait. Des manifestants, d’anciens chefs de police et, semble-t-il, des officiers supérieurs actuels ont accusé Shabtaï d’avoir cédé aux pressions politiques et lui ont demandé de démissionner.

L’éviction d’Amichaï Eshed a été annoncée jeudi soir par le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui a déclaré que, sur la recommandation de Shabtaï, Eshed serait transféré à la tête de la division de formation de la police. La révocation de Eshed a été immédiatement bloquée par la Procureure générale, qui a déclaré qu’il y avait des raisons de penser qu’elle avait été effectuée à l’instigation de Ben Gvir, une décision estimée être motivée par des considérations purement politiques.

« J’ai commis une erreur. J’ai fait une erreur de jugement, je me suis trompé dans le timing et dans la manière dont cela a été fait. Je ne prends pas cela à la légère », a déclaré Shabtaï devant les caméras. « Je respecte et j’accepte la décision de la Procureure générale de bloquer la destitution. »

Shabtaï et Ben Gvir ont tous deux assuré que l’éviction d’Eshed avait été planifiée en amont. Mais Ben Gvir a également déclaré que sa décision d’agir maintenant était liée à la façon dont le chef du district de Tel-Aviv avait géré les manifestations de masse à Tel Aviv au cours des dix dernières semaines, où la police a largement fait preuve de patience avec les manifestants, même lorsque ceux-ci ont bloqué des routes principales, notamment l’autoroute Ayalon.

Shabtaï a déclaré qu’il continuerait à travailler avec Eshed et qu’il était certain qu’ils sauraient rester professionnels l’un envers l’autre. (Eshed aurait dit à Shabtaï, après sa décision, qu’il n’était pas « apte » à diriger la police).

Le commandant de la police du district de Tel Aviv, Amichaï Eshed, lors d’une manifestation contre la réforme du système judiciaire prévue par le gouvernement, à Tel Aviv, le 11 mars 2023. (Crédit : Erik Marmor/Flash90)

Shabtaï a déclaré que le transfert d’Amichaï Eshed devait initialement avoir lieu dans quelques semaines, après le mois du ramadan, dans le cadre d’un vaste remaniement de la police.

Il n’a pas précisé s’il suspendait le transfert indéfiniment ou seulement le temps que la Procureure générale Gali Baharav-Miara l’exigerait.

Le chef de la police a indiqué que l’affaire, et la polémique qu’elle avait provoquée, l’avait amené à reconsidérer son affectation.

« Au cours des dernières 48 heures, j’ai fait un examen de conscience, me demandant ce que j’allais faire », a-t-il déclaré. Mais, a-t-il ajouté, en 37 ans de service, « je n’ai jamais abandonné un front ou une mission, et après avoir réfléchi à la question, je confirme que n’ai pas l’intention de le faire maintenant ».

Le chef de la police Kobi Shabtaï s’exprimant lors d’une conférence de presse, à Tel Aviv, le 11 mars 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Shabtaï a souligné que les forces armées sous sa direction s’engageaient à respecter le droit de manifester « dans les limites de la loi » et a promis qu’il « ne céderait à aucune pression politique sur cette question ».

« Nous ne voulons pas voir de sang dans les rues », a-t-il déclaré, citant des incidents au cours desquels des manifestants ont été blessés par des grenades incapacitantes jetées par la police et lors desquels une femme âgée a été menottée.

« Même s’il y a des doutes sur des incidents spécifiques, nous avons enquêté », a-t-il déclaré, ajoutant que les leçons tirées de ces incidents étaient appliquées.

« En tant que chef, je suis attaché à l’État d’Israël, à ses lois et à ses valeurs », a-t-il ajouté.

Eshed, quant à lui, a été accueilli tel un héros par les manifestants lors du grand rassemblement de samedi à Tel Aviv.

S’exprimant sur la chaîne publique israélienne Kan après la conférence de presse de Shabtaï, Ben Gvir a estimé que « la Procureure générale gouverne le chef de la police », jugeant que « c’est elle qui est le problème ».

Plus tôt, lors de l’émission « Rencontre avec la presse » sur la Douzième chaîne, Ben Gvir avait déclaré que Shabtaï lui avait dit qu’Eshed était « un échec » depuis le moment où il avait pris ses fonctions de ministre.

Dans une apparente dérobade, Ben Gvir a également déclaré qu’Eshed ne serait pas transféré avant la fin du ramadan (30 avril). Il avait précédemment indiqué que son intention de le transférer était à effet immédiat.

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, à l’entrée de l’aéroport Ben Gurion près de Tel Aviv, le 9 mars 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Ben Gvir se serait emporté contre la retenue dont a fait preuve la police jeudi lors des grandes manifestations anti-gouvernement organisées à Tel-Aviv et à proximité de l’aéroport international Ben Gurion, dans le cadre d’une « journée nationale de résistance contre la dictature » et les efforts du gouvernement visant à réformer le système judiciaire et à affaiblir considérablement la Cour Suprême.

Les manifestations ont pris de l’ampleur au cours des dix dernières semaines, les opposants affirmant que les propositions, menées par le ministre de la Justice Yariv Levin et soutenues par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, affaibliront le caractère démocratique d’Israël, supprimeront un élément clé de son équilibre des pouvoirs et laisseront les droits individuels sans protection et les minorités sans défense. Ses partisans affirment qu’il s’agit d’une réforme indispensable pour mettre un frein à l’activisme de la Haute Cour.

Eshed a dirigé la réponse à un attentat terroriste à Tel Aviv jeudi soir, peu après l’annonce de son transfert et avant que la Procureure générale ne le bloque.

Vendredi, des sources policières de haut niveau citées par Haaretz ont déclaré que la direction de la police « a perdu confiance dans le chef » en raison de sa conduite.

Lors de leur appel de jeudi, Eshed aurait rappelé à Shabtaï qu’ils avaient convenu qu’il occuperait le poste de chef du district de Tel Aviv jusqu’à la fin de l’année, après quoi il avait l’intention de se présenter au poste de chef de la police israélienne, avait rapporté Kan vendredi. « Si je ne l’obtiens pas, je rentrerai chez moi », aurait déclaré Eshed à Shabtaï, selon les informations, qui ont également rapporté que le chef du district de Tel Aviv aurait été surpris et « blessé » par la décision de jeudi.

« Si telle est votre décision à ce moment précis, vous n’êtes pas apte à diriger la police. Vous êtes faible, vous avez détruit la police. Je n’irai pas à la division de formation de la police. Vous entendrez parler de moi », aurait dit Eshed à Shabtaï selon plusieurs médias israéliens.

Une photo aérienne montrant une manifestation contre la loi controversée du gouvernement sur la réforme du système judiciaire, à Tel Aviv, le 11 mars 2023. (Crédit : Jack Guez/AFP)

Vendredi, un groupe d’anciens commissaires a demandé à Shabtaï de démissionner pour le rôle qu’il a joué dans la révocation de Eshed.

Dans une lettre adressée à Netanyahu, les anciens hauts gradés ont écrit qu’ils étaient « choqués » par les actions de Shabtaï, qu’ils ont qualifiées de « moment le plus faible de toute l’Histoire de la police israélienne », accusant Shabtaï d’avoir « perdu le droit moral et éthique de continuer » à diriger.

Parmi les signataires figuraient les anciens commissaires Roni Alsheich, Moshe Karadi, Shlomo Aharonishki, Assaf Hefetz et Rafi Peled.

« Vous avez coopéré avec un criminel condamné afin de transformer la police en une milice privée et de satisfaire les caprices politiques d’un ministre nommé », ont-ils écrit en référence à Ben Gvir, accusant Shabtaï d’avoir participé à « la purge d’un commandant qui avait une colonne vertébrale ».

Avant son entrée en fonction, Ben Gvir a été arrêté des dizaines de fois et a été condamné une fois pour incitation et soutien à un groupe terroriste juif.

Au cours de son court mandat de ministre de la Sécurité nationale, Ben Gvir s’est heurté à plusieurs reprises à la police, lui reprochant souvent de ne pas adopter une position plus sévère à l’égard des manifestants.

Ben Gvir insiste sur le fait qu’il soutient le droit de manifester, mais pas de bloquer les routes principales et de perturber la vie quotidienne dans le pays.

Le mois dernier, il a critiqué les officiers qui n’avaient pas fait usage de la force pour disperser des manifestants anti-gouvernement à Jérusalem. En janvier, il a exhorté la police à sévir contre les manifestants qui bloquent les routes, à utiliser des canons à eau pour les disperser et à les arrêter plus librement.

La semaine dernière, la police a été critiquée pour avoir fait preuve – pour la première fois depuis le début des manifestations de masse de plus de fermeté à l’égard des manifestants lors d’un grand rassemblement à Tel-Aviv, mais a été saluée par Ben Gvir. Les tactiques plus agressives ont fait un certain nombre de blessés parmi les manifestants et ont donné lieu à des enquêtes sur la conduite de la police.

Eshed était en vacances lors de la grande manifestation du 1er mars à Tel-Aviv – lorsque la police a utilisé des grenades incapacitantes et des canons à eau contre les manifestants. C’est son adjoint qui avait supervisé ces rassemblements.

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