Ben Gvir démet le chef de la police de Tel-Aviv de ses fonctions
Le chef de la police israélienne, Kobi Shabtai, a approuvé le changement ; les chefs de l'opposition ont fustigé les deux
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a démis de ses fonctions le chef de la police de Tel-Aviv et lui a confié un nouveau rôle, après une journée de manifestations.
Selon une déclaration conjointe de Ben Gvir et de la police israélienne, le chef du district de Tel-Aviv, Amichai Eshed, sera nommé à la tête de la division de formation de la police.
Ben Gvir s’est plaint que la police n’ait pas eu la main assez dure contre les manifestants qui ont bloqué à plusieurs reprises les principales autoroutes, en particulier l’autoroute Ayalon à Tel-Aviv. Selon certaines informations, Ben Gvir a fulminé contre les actions d’Eshed et a estimé que la police ne suivait pas ses ordres. Des reportages télévisés ont affirmé qu’Eshed était furieux après avoir été informé de la nouvelle.
Le chef de la police israélienne, Kobi Shabtai, a approuvé le changement – comme il doit le faire pour tout changement de personnel aussi important.
Eshed aurait été en vacances lors d’une grande manifestation à Tel Aviv la semaine dernière lorsque la police a utilisé des grenades assourdissantes et des canons à eau contre les manifestants ; plus tôt dans la journée, les manifestations ont été dispersées sans affrontements majeurs ni recours à l’une ou l’autre de ces mesures.
Les dirigeants de l’opposition ont dénoncé le ministre de la Sécurité nationale et le chef de la police israélienne Kobi Shabtai pour avoir évincé le chef du district de police de Tel Aviv de son poste.
« Il n’y a jamais eu une telle honte dans l’histoire du pays », a déclaré le chef de l’opposition Yair Lapid à propos de l’annonce qu’Amichai Eshed deviendrait le chef de la division de formation de la police. « Le clown de Tik Tok vire un officier de la police exceptionnel parce qu’il n’y a pas assez de sang ou de violence dans les rues. »
Ben Gvir nie qu’Eshed ait été évincé et assure que sa nouvelle nomination était prévue à l’avance.
Le chef du parti de Hamakhane Hamamlakhti, Benny Gantz, a déclaré que Ben Gvir « nettoie politiquement » les commandants de police. « J’appelle Netanyahu à renvoyer Ben Gvir avant qu’il ne détruise la police et l’État de droit. »
Juste avant cette annonce, le fils du Premier ministre, Yair Netanyahu, venait d’accuser les hauts gradés de la police de se livrer à une « rébellion ». « Il est important de comprendre que quelques milliers d’anarchistes n’ont pas la force de bloquer une seule route centrale », a écrit Yair Netanyahu sur Twitter. « La police et les procureurs sont ceux qui procèdent en fait aux fermetures de routes tous les quelques jours. » « Ils sont vraiment responsables du chaos ici », ajoutait-il, les accusant d’agir « par méchanceté ».
Il affirmait aussi sans preuve que la police israélienne et le bureau du procureur général « coopèrent pleinement avec les anarchistes, aux dépens de la nation israélienne ».
Mardi, un groupe constitué de cinq anciens chefs de la police ont demandé à Benjamin Netanyahu de renvoyer Ben Gvir, de son poste, affirmant que le député d’extrême-droite outrepasse son autorité et que ses agissements et autres déclarations sont susceptibles de provoquer de nouvelles violences avec les Palestiniens.
Cinq anciens chefs de la police, trois ex-responsables des services des prisons et des dizaines d’anciens officiels des forces de l’ordre ont signé cette lettre qui a été envoyée mardi à Netanyahu.
Parmi les signataires, les anciens commissaires de police Roni Alsheich, Shlomo Aharonishki, Assaf Hefetz, Rafi Peled et Moshe Karadi.
Ils ont indiqué qu’ils prévoyaient de se rendre aux manifestations antigouvernementales qui auront lieu samedi prochain dans la soirée à Tel Aviv, sous la bannière « Sauvez la police de Ben Gvir ».
Selon un reportage de la Douzième chaîne diffusé mardi, d’anciens officiers supérieurs de la police sont par ailleurs préoccupés par la demande de Ben Gvir de poursuivre la démolition des maisons palestiniennes construites illégalement à Jérusalem-Est pendant le mois du ramadan, qui doit commencer fin mars.