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Des notes secrètes d’Arafat confirment le pacte de l’OLP avec l’Italie

Les 19 volumes de notes d'Arafat de 1985 jusqu'à sa mort mettent aussi en lumière son admiration pour Shimon Peres et les pots-de-vin de Berlusconi dans une affaire de fraude

Yasser Arafat. (Crédit : Thomas Coex/AFP)
Yasser Arafat. (Crédit : Thomas Coex/AFP)

Les mémoires supposées de l’ancien dirigeant palestinien Yasser Arafat révèlent un accord secret pour protéger l’Italie des attaques terroristes palestiniennes, selon un journal italien qui a publié des extraits des documents dimanche.

Dans ses notes intimes, publiées par le magazine L’Espresso, Arafat décrit aussi le mensonge pour aider l’ancien Premier ministre italien Silvio Berlusconi à éviter les accusations de fraude, son amitié avec l’ancien dictateur cubain Fidel Castro et son opposition au dirigeant irakien Saddam Hussein pendant la guerre du Golfe en 1991.

Les 19 volumes d’Arafat, le chef historique de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), décédé en 2004, avaient été confiés à un couple d’administrateurs au Luxembourg, mais ont été récemment vendus à une fondation française pour qu’ils puissent être étudiés. Le journal italien indique que c’est la première fois que ces cahiers intimes sont rendus publics.

Les volumes confirment un pacte de non-agression mutuelle entre les autorités romaines et l’OLP, qui a conduit les autorités italiennes à permettre aux terroristes auteurs du détournement du paquebot italien Achille Lauro de s’échapper en 1985.

Leon Klinghoffer, 1916-1985 (Capture d’écran : Youtube)

A la suite du détournement, au cours duquel le passager juif américain en fauteuil roulant Leon Klinghoffer a été tué, une confrontation entre les autorités italiennes et américaines a eu lieu pour tenter de faire traduire en justice les agresseurs.

Selon les notes, le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Giulio Andreotti, a permis au cerveau du détournement Muhammad Zaidan, connu sous son nom de guerre Abul Abbas, d’échapper à l’extradition américaine et de fuir Rome pour la Yougoslavie.

Cela faisait suite à un accord conclu il y a plus d’une décennie entre les Palestiniens et les autorités italiennes, selon lequel les Palestiniens renonçaient de mener des attaques en Italie et les terroristes palestiniens de l’OLP, du FPLP et d’autres factions pouvaient circuler librement dans tout le pays.

« L’Italie est une rive palestinienne de la Méditerranée », a écrit Arafat.

L’accord entre Rome et les Palestiniens avait déjà été révélé par l’ancien président italien Francesco Cossiga en 2008, qui livrait dans un journal italien de l’époque que c’était le Premier ministre Aldo Moro qui avait conclu le pacte.

Cependant, d’autres rapports relatifs à l’accord indiquent qu’il a été conclu en 1973, lorsque Andreotti était Premier ministre.

Le rapport note qu’Andreotti, décédé en 2013, a été secrètement une figure clé dans les négociations entre l’OLP et d’autres pays.

Un accord similaire, revendiqué par Ilich Ramirez Sanchez, également connu sous le nom de « Carlos le chacal« , aurait protégé la Suisse des attaques palestiniennes dans les années 1970 et 1980.

Les cahiers intimes, écrits entre 1985 et juste avant sa mort en 2004, révèlent également qu’Arafat a reçu un pot-de-vin de Berlusconi pour avoir menti aux procureurs italiens en 1998 au sujet de la réception d’environ 10 millions de lires (21,5 millions de shekels) d’aide financière qui ont en fait été versés au Parti socialiste italien.

L’accord est intervenu après leur rencontre dans une capitale européenne, selon le rapport. Il révèle combien Arafat a reçu en retour. Les cahiers contiennent des détails sur d’autres transferts d’argent.

L’ancien Premier ministre italien Silvio Berlusconi, le 27 novembre 2013 à Rome (Crédit : AFP/Archives Tiziana Fabi)

Le dirigeant palestinien, responsable des attentats terroristes de l’OLP contre les Israéliens pendant des décennies avant de signer les accords d’Oslo avec Israël en 1994, a écrit qu’il n’avait jamais officiellement ordonné les attentats terroristes, mais qu’il disait simplement « vous décidez » lorsqu’on lui présentait un plan d’attaque. Après l’attentat, il disait : « Bien, bien. »

Il écrit aussi sur les négociations secrètes avec le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin et Shimon Peres, qu’il qualifie d’ « excellentes personnes… belles ». En 1994, les trois ont partagé le prix Nobel de la paix pour les accords d’Oslo.

De gauche à droite, le dirigeant palestinien Yasser Arafat, le ministre des Affaires étrangères Shimon Peres et le Premier ministre Yitzhak Rabin, les trois lauréats du Prix Nobel de la Paix 1994, à Oslo. (Crédit : GPO via Getty Images)

La publication explosive intervient quelques semaines après que le journaliste israélien Ronen Bergman a révélé les tentatives déployées par Israël pour tuer Arafat, y compris un complot visant à l’assassiner en abattant un avion de ligne.

Dans les carnets, Arafat parle de sa tentative de discréditer le dictateur irakien Saddam Hussein pendant la guerre du Golfe de 1991. La guerre, a été déclenchée lorsque l’Irak a envahi le Koweït et que les Etats-Unis ont répondu en envahissant l’Irak. Hussein a fait tirer 39 missiles Scud sur Israël.

« Je dois le soutenir, mon peuple me l’impose, mais j’ai passé plusieurs coups de téléphone pour qu’il renonce à sa folie », a écrit Arafat, selon le rapport. Il ne détaille pas les actions entreprises pour empêcher Hussein de passer l’acte.

Arafat a parlé de ses journaux intimes dans une interview en 1989 avec le journaliste de Vanity Fair T. D. Allman, qui a remarqué que le leader palestinien écrivait dans un petit carnet après avoir fini son travail.

Arafat dit alors à Allman qu’il ne pouvait pas voir les notes et qu’il les cachait à plusieurs endroits.

« J’en remplis un certain nombre chaque année », confia-t-il au magazine. « Ils racontent toutes mes négociations secrètes. Tout est enregistré, pour que les générations futures comprennent exactement ce qu’il s’est passé. C’est mon devoir de le faire, puisque je suis un dirigeant historique. »

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