Des Palestiniens poursuivent Londres pour la déclaration Balfour
Les plaignants considèrent le gouvernement britannique responsable d'une déclaration "sinistre" et demandent des indemnisations pour les Palestiniens lésés, sans fixer de somme
Plus de 100 ans après la déclaration Balfour, des avocats palestiniens ont attaqué en justice jeudi le gouvernement britannique, tenu responsable pour ce texte ayant ouvert la voie à la création de l’Etat d’Israël et dont découlerait, selon eux, « la souffrance des Palestiniens ».
Cette initiative de Londres, qui règne alors sur la Palestine mandataire, avait été une étape importante dans le processus qui allait conduire en 1948 à la création de l’Etat d’Israël, mais aussi au déplacement de quelque 750 000 Palestiniens et à des décennies de conflits.
La plainte a été déposée jeudi auprès du tribunal de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, au nom de la Fondation pour le suivi des droits des Palestiniens, du syndicat des journalistes palestiniens et de l’Assemblée nationale des travailleurs indépendants.
La déclaration Balfour a été publiée le 2 novembre 1917, un an avant la fin de la Première guerre mondiale.
Signée par le chef de la diplomatie britannique Arthur Balfour, cette déclaration indique que Londres apporte son soutien à « l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif ».
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Les plaignants, dont la démarche est avant tout symbolique, considèrent le gouvernement britannique responsable d’une déclaration « sinistre » et demandent des indemnisations pour les Palestiniens lésés, sans fixer de somme.
« Le mandat britannique est à la racine de la souffrance du peuple palestinien et a ouvert la voie à la violation de leurs droits et au pillage de leur terre », a affirmé Mounib al-Masri, à la tête de l’Assemblée nationale des travailleurs indépendants lors d’une conférence de presse à Ramallah.
Mounib al-Masri a déclaré que la plainte sera portée devant les tribunaux régionaux et internationaux ainsi qu’à Londres, dans le but de tenir le Royaume-Uni pour responsable de sa promesse « illégale ».
Mohammad Barakeh, chef du Haut comité de suivi des citoyens arabes d’Israël, a affirmé que le système judiciaire palestinien était habilité à examiner l’affaire contre la Grande-Bretagne.
Il a ajouté que la Grande-Bretagne, « en tant que responsable des crimes commis contre les Palestiniens à la suite de la Déclaration Balfour, devrait être poursuivie par tous les moyens dont dispose la Palestine ».
Al-Masri a ajouté que la déclaration « a donné aux Juifs tous les droits politiques aux dépens du peuple palestinien ».
Ce n’est pas exactement ce en quoi consiste la déclaration.
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Elle était davantage un précurseur non contraignant du plan de partage de l’ONU de 1947, qui prévoyait la division de la terre entre Juifs et Arabes en deux États existant côte à côte. La population juive a accepté le plan, tandis que les Arabes de la région l’ont rejeté et ont attaqué les Juifs, ce qui a conduit à la guerre d’indépendance d’Israël.
La déclaration Balfour, adressée au Lord Walter Rothschild, un éminent sioniste britannique, demandait également à ce que « rien » ne soit « fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives en Palestine, ou aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans tout autre pays ».
Cette déclaration a néanmoins ébranlé le monde arabe, qui n’avait pas été consulté et qui avait reçu de vagues promesses d’indépendance lors de l’éclatement de l’Empire ottoman vaincu après la guerre.
Les Palestiniens ont toujours condamné la déclaration, qu’ils appellent la « promesse Balfour », en disant que la Grande-Bretagne avait cédé des terres qu’elle ne possédait pas.
Avec la déclaration Balfour, Londres cherchait à obtenir le soutien des Juifs pour ses efforts de guerre, et l’impulsion sioniste pour une patrie pour les Juifs représentait une force politique.
Le Mandat britannique pour la Palestine a ensuite été mis en place au lendemain de la Première Guerre mondiale et a régi les terres qui constituent aujourd’hui Israël et la Cisjordanie jusqu’à la déclaration d’Israël en 1948.