Des pilotes jordaniens en Israël pour une « visite de travail »
Un aviateur qui avait refusé de se joindre à la délégation a été limogé de l'Armée de l'Air du royaume hachémite
Des médias jordaniens ont rapporté que des pilotes de l’Armée de l’air jordanienne avaient récemment mené une « visite de travail » en Israël.
Un pilote, Majdi Asmadi, aurait refusé de se joindre à la délégation et aurait ensuite été exclu de l’armée de l’air, selon les journaux, qui ont été cités mercredi par le quotidien israélien Haaretz.
Les médias citent Asmadi disant qu’il avait rejoint l’Armée de l’air pour lutter contre Israël, pas pour le visiter ou coopérer avec lui.
Son renvoi, comme le voyage lui-même, n’ont pas été rendus publics par les autorites d’Amman. Asmadi n’aurait pas reçu d’indemnités de départ.
Sa position lui a par contre valu de nombreux éloges sur les réseaux de médias sociaux arabes, et a suscité un débat dans le royaume hachémite sur la coopération militaire du pays avec Israël.
Les pilotes de chasse jordaniens se sont entrainés en étroite collaboration avec leurs homologues israéliens lors d’un exercice conjoint organisé cet été par l’armée de l’air américaine, a affirmé le mois dernier un responsable américain dans une rare reconnaissance sur l’intime coopération militaire entre l’Etat juif et son voisin arabe à l’est.
Israel hasn't responded to reports that Jordanian pilots came on 'cooperation visit' https://t.co/ByICUy21PH pic.twitter.com/KJ3mNFhZQz
— Haaretz.com (@haaretzcom) December 17, 2015
Les propos du responsable américain, rapportés par Reuters, sont venus alors que le ministre israélien de la Défense Moshe Yaalon avait confirmé en novembre la coopération en des termes plus flous.
Yaalon avait affirmé dans un discours que des pilotes israéliens se sont entrainés avec des pilotes arabes non spécifiés en juillet dans le cadre de « Red Flag », le dernier d’une série d’exercices conjoints de formation organisées régulièrement par les Etats-Unis en Alaska.
L’Egypte est connue pour avoir participé à des exercices « Red Flag » précédents ; ce n’est pas le cas de la Jordanie.
« Il y avait aussi là-bas des pilotes arabes et des pilotes des différentes branches de l’armée des États-Unis et d’autres pays », avait déclaré Yaalon.
Le fonctionnaire américain anonyme cité par Reuters a précisé que les avions de guerre jordaniens ont volé avec des engins israeliens au cours de l’exercice, et ont même été ravitaillés en vol par un avion israélien au dessus de l’océan Atlantique.
À la fin octobre, l’aviation israélienne avait accueilli l’exercice aérien international le plus importante jamais organisé dans le pays, contre un Etat ennemi fictif.
L’exercice « Blue Flag », qui a fait suite au « Red Flag » aux Etats-Unis, a impliqué les Armées de l’Air d’Israël, des États-Unis, de la Grèce et de Pologne avait révélé fin octobre le responsable des entrainements de l’aviation isaelienne au Times of Israel. D’autres pays, dont l’Allemagne, ont également envoyé des pilotes et des officiers pour observer l’exercice mais n’y ont pas pris part.
« Interrogé pour savoir si la Jordanie … avait participé au « Blue Flag », un porte-parole de l’armée israélienne a refusé de commenter, » a rapporté Reuters le 3 novembre. « Les autorites jordaniennes ont également refusé tout commentaire sur les deux exercices, » a-t-il dit.
Israël et la Jordanie ont signé un traité de paix en 1994, et entretiennent des relations discrètes en matière de sécurité et d’économie. Mais ils n’ont jamais reconnu avoir mené des exercices aériens conjoints.
Alors que le traité de paix n’est pas très populaire auprès des Jordaniens de la rue, et est régulièrement critiqué lors de flambées dans le conflit israélo-palestinien, Israël et la Jordanie partagent beaucoup de préoccupations régionales, notamment sur les ambitions nucléaires de l’Iran et la menace posée par l’État islamique.