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Des responsables polonais critiqués pour leur révisionnisme de l’Holocauste

La censure arrive après des affirmations que les nazis, et pas les Polonais, sont responsables du pogrom de Jedwabne en 1941

Michael Schudrich, grand rabbin de Pologne, récite une prière pour les victimes du massacre de Jedwabne au cimetière juif de la ville, le 10 juillet 2016. (Crédit : JTA/Cnaan Liphshiz)
Michael Schudrich, grand rabbin de Pologne, récite une prière pour les victimes du massacre de Jedwabne au cimetière juif de la ville, le 10 juillet 2016. (Crédit : JTA/Cnaan Liphshiz)

Plusieurs organisations juives ont condamné les déclarations récentes de responsables polonais, que les critiques perçoivent comme nuisant à la précision historique sur l’Holocauste et la Deuxième Guerre mondiale.

La Fédération des communautés juives de Russie a visé la semaine dernière le ministre polonais de la Défense Antoni Macierewicz, qui a déclaré sur la chaîne publique TVP, que les Russes étaient en fait responsables des massacres de masse des juifs et des Polonais que les historiens attribuent aux nationalistes ukrainiens et aux forces nazies.

La déclaration de Macierewicz, qui est un habitué des remarques antisémites, intervient en pleine controverse entourant les déclarations dites révisionnistes de la ministre polonaise de l’Education Anna Zalewska, et d’autres responsables, sur les données historiques de Jedwabne, une ville où les Polonais ont tué des centaines de juifs en 1941.

Jaroslaw Szarek, président nouvellement élu de l’Institut du souvenir national polonaise, a récemment déclaré devant une commission parlementaire que « les auteurs de ce crime étaient les Allemands, qui ont utilisé dans leur proche machine de terrorisme un groupe de Polonais. »

Antoni Macierewicz, ministre polonais de la Défense, le 19 mars 2015. (Crédit : Marcia Obara/PAP/AFP)
Antoni Macierewicz, ministre polonais de la Défense, le 19 mars 2015. (Crédit : Marcia Obara/PAP/AFP)

Sa propre institution dit officiellement que l’acte avait été perpétré par des Polonais, même si deux historiens de l’institut ont récemment déclaré qu’une exhumation était nécessaire pour déterminer ce qui était arrivé à Jedwabne.

L’un d’entre eux, directeur-adjoint, a déclaré que les Polonais qui avaient tué des juifs à Jedwabne se vengeaient de la mobilisation juive pour oppresser les Polonais pendant l’occupation de l’est de la Pologne par l’Union soviétique entre 1939 et 1941.

Zalewska ne s’est pas engagé à la télévision sur ce sujet la semaine dernière, déclarant qu’elle ne pouvait pas déterminer qui avait tué les juifs de Jedwabne. Dans un communiqué publié jeudi, Ronald Lauder, le président du Congrès juif mondial, a demandé que Zalewska s’excuse. Il a noté que Macierewicz, son collègue du parti de droite Droit et Justice qui a gagné les élections l’année dernière, avait également remis en cause Jedwabne.

« Le brouhaha entourant Jedwabne a-t-il pour but d’éclipser la responsabilité des juifs dans le communisme et l’occupation soviétique ? » avait écrit Macierewicz en 2001, selon Lauder.

Dans un entretien avec TVP la semaine dernière, Macierewicz a parlé des massacres de Volyn que les nationalistes ukrainiens ont commis contre les Polonais entre 1941 et 1943 sus les auspices de l’occupation de l’Allemagne nazie en Pologne et un Ukraine. En parallèle, les nationalistes ukrainiens ont aidé à tuer 200 000 juifs de Volyn.

« Nous ne devrions pas être empêchés de voir que le vrai ennemi, celui qui utilisait des parties des forces ukrainiennes nationalistes pour ce terrible crime de génocide, semble être la Russie », a déclaré Macierewicz.

Monument en mémoire de  la famille Ulma, exécutée par les nazis en 1944 pour avoir accueilli des Juifs dans le village polonais de Markowa. (Crédit : Wojciech Pisz)
Monument en mémoire de la famille Ulma, exécutée par les nazis en 1944 pour avoir accueilli des Juifs dans le village polonais de Markowa. (Crédit : Wojciech Pisz)

Boruch Gorin, rabbin important de l’organisation juive russe, a été cité par le site d’informations Kresy déclarant que Macierewicz « sacrifiait la mémoire historique en faveur d’une histoire fausse pour des raisons politiques », et au détriment des relations russo-polonaises.

Ces dernières semaines, le journal polonais Gazeta Wyborcza a dévoilé des déclarations révisionnistes précédentes de Macierewicz. En 1996, il avait écrit dans le journal Glos, dans lequel il était rédacteur, que les Polonais n’avaient pas tué les juifs à Kielce en 1946, malgré d’amples preuves historiques montrant que des douzaines de survivants de l’Holocauste y avaient été tué par la police et des civils polonais.

« C’est un mensonge effronté et de la diffamation d’accuser le peuple polonais du crime de Kielce », avait écrit Macierewicz dans Glos, selon le journaliste Tomasz Piatek. « Il n’est pas acceptable que les juifs et les communistes soient les seuls qui puissent enquêter sur ces documents », avait-il également soutenu, ajoutant que « nous devons créer un tribunal nationale pour au moins nous défendre des diffamateurs. »

Le survivant de l'Holocauste Edward Mossberg (à droite) et d'autres participants de la Marche annuelle des Vivants sur le sol de l'ancien camp d'extermination nazi d'Auschwitz-Birkenau à Brzezinka (Birkenau) près d'Oswiecim (Auschwitz), en Pologne, le 5 mai 2016. (Crédit : AFP/Wojtek Radwanski)
Le survivant de l’Holocauste Edward Mossberg (à droite) et d’autres participants de la Marche annuelle des Vivants sur le sol de l’ancien camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau à Brzezinka (Birkenau) près d’Oswiecim (Auschwitz), en Pologne, le 5 mai 2016. (Crédit : AFP/Wojtek Radwanski)

L’année dernière, la Ligue anti-diffamation (ADL) avait appelé le gouvernement polonais à reconsidérer la nomination de Macierewicz, citant sa déclaration de 2002 dans laquelle il affirmait que la contrefaçon antisémite des « Protocoles des Sages de Sion » contenait quelques vérités.

D’autre part, le président de l’Union des communautés juives de Pologne, Leslaw Piszewski, a déploré pendant un entretien avec le Judische Allgemeine que le gouvernement Droit et Justice du président Andrzej Duda ignorait la communauté et repoussait la restitution des propriétés juives nationalisées pendant le communisme.

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