Israël en guerre - Jour 423

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Reportage

Désimpression du papier et treescopes maison : la technologie israélienne intéresse la COP29

Le pavillon israélien à la conférence de l'ONU sur le climat à Bakou, en Azerbaïdjan, présente 20 innovations climatiques pendant deux semaines. Découvrez six de ces remarquables projets

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Un piéton passe devant le lieu du sommet de la COP 29 à Bakou, le 10 novembre 2024, à la veille de la conférence des Nations unies sur les changements climatiques. (Crédit : Alexander Nemenov / AFP)
Un piéton passe devant le lieu du sommet de la COP 29 à Bakou, le 10 novembre 2024, à la veille de la conférence des Nations unies sur les changements climatiques. (Crédit : Alexander Nemenov / AFP)

Du papier réutilisable révolutionnaire à l’encre amovible à une méthode contre-intuitive pour transformer les déchets textiles en produits plastiques, la technologie israélienne a suscité un vif intérêt lors de la conférence des Nations Unies sur le climat, la COP29, qui se tient à Bakou, en Azerbaïdjan, jusqu’à aujourd’hui vendredi.

C’est la troisième année qu’Israël dispose d’un pavillon lors d’une conférence de la COP. L’objectif est de faire progresser les partenariats régionaux et internationaux par le biais de dizaines d’événements et d’une exposition des technologies climatiques israéliennes.

Cette année, l’Institut israélien pour l’exportation a choisi 20 entreprises – parmi 80 candidates – pour faire partie de la délégation israélienne, à raison de 10 présentations par semaine.

À la fin de la première semaine de la COP, Sabine Segal, directrice générale adjointe de l’institut pour les affaires commerciales internationales, a confié au Times of Israel que la conférence avait été « incroyable » pour les entreprises israéliennes.

« Nous avons eu une grande visibilité et les entreprises rencontrent constamment des représentants d’autres gouvernements et d’entreprises privées. » Elle a ajouté : « Il y a un grand respect pour les capacités israéliennes et les solutions que nous présentons. »

Malgré quelques difficultés initiales pour nouer des partenariats avec d’autres pays pour la tenue de certains événements et la crainte que le pavillon israélien soit boycotté en raison de ses guerres contre le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban, les visiteurs sont venus – politiciens, diplomates et même agriculteurs britanniques intéressés par la valorisation des tourbières séchées sur le stand de la startup israélienne Terrra.

On a également noté la présence de femmes de l’Agence de développement de Zambie, à la recherche de technologies agricoles pour lutter contre la sécheresse, et de représentantes ghanéennes qui ont participé à un événement intergouvernemental.

On présente à une déléguée africaine l’activité de Salicrop, entreprise israélienne à l’origine de semences pour les sols salins, au pavillon israélien de la conférence sur le climat de la COP29 à Bakou en Azerbaïdjan, le 14 novembre 2024. (Sue Surkes/Times of Israel)

L’auteure de ces lignes n’a vu aucun délégué arabe – qui soit du moins identifiable par sa tenue vestimentaire – au pavillon d’Israël, mais il se dit que les contacts avec les pays arabes se poursuivent, mais plus discrètement, et ce jusqu’à la fin de la guerre. A une exception près, vendredi, lorsque Gary Soleiman, spécialiste du climat au sein de la délégation diplomatique de l’ONG israélienne Start-up Nation Central, a participé à une table-ronde organisée par la nouvelle Agence de développement numérique et d’innovation d’Azerbaïdjan en compagnie d’un délégué marocain et de représentants des banques et investisseurs.

L’agence travaille déjà sur la cybersécurité avec le Technion d’Israël – Institut israélien de technologie, situé dans la ville de Haïfa, dans le nord du pays – et a clairement indiqué que des incitations financières et autres seraient disponibles pour les entreprises de technologie climatique qui pourraient bénéficier à l’État d’Asie centrale.

« Depuis le 7 octobre [lorsque les terroristes du Hamas ont envahi Israël, assassinant 1 200 personnes, principalement des civils, et en enlevant plus de 250 dans la bande de Gaza], l’essentiel de notre diplomatie de l’innovation avec le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord se fait dans la plus grande discrétion, mais elle n’a pas cessé », explique Soleiman au Times of Israel.

« En dépit de toute cette sensibilité exacerbée, il y a toujours de l’activité dans le secteur de la technologie avec des partenaires au Maroc, aux Émirats arabes unis ou à Bahreïn », poursuit-il.

S’agissant de l’intensification de la coopération, Soleiman ajoute : « Les opportunités commerciales sont toujours là, même si certaines personnes disent que l’activité visible attendra la fin de la guerre. »

Les entreprises israéliennes de technologie climatique choisies pour faire partie de la délégation israélienne à la COP29, la conférence des Nations Unies sur le climat, qui s’est tenue cette année à Bakou, en Azerbaïdjan. La photo a été prise avant le voyage, en présence du président Isaac Herzog, à sa résidence officielle à Jérusalem, le 29 octobre 2024. (Autorisation)

Voyons quelques-unes des 20 entreprises du pavillon israélien.

Reep : l’espoir de sauver des milliards d’arbres

Parmi les exposants de la première semaine de la COP figurait Reep, qui a développé la première technologie au monde adossée au laser pour retirer l’encre du papier blanc et lui permettre (à lui et certains pigments des encres) d’être réutilisé, pour l’heure, jusqu’à 10 fois.

La solution de Reep pourrait sauver des milliards d’arbres et leur permettre de continuer à absorber le dioxyde de carbone de l’atmosphère (ce qu’ils font lors de la photosynthèse).

L’entreprise, qui est sur le point de commercialiser sa solution, a le projet d’intéresser des imprimeries, un peu partout dans le monde, en leur proposant des abonnements incluant la fourniture de papier réimprimable, doté d’un revêtement spécial, les machines de « désimpression » et les logiciels qui quantifient, vérifient et rendent compte des avantages climatiques.

Selon Barak Yekutiely, qui a cofondé l’entreprise avec sa femme Margalit, qui a travaillé à des postes de direction dans des entreprises internationales d’impression, Reep permet de réduire les émissions mais aussi les coûts des entreprises.

La société est en train de développer un outil d’IA pour faciliter la certification, rapide et reconnue sur le plan international, des copies numériques de documents physiques devant subir une « désimpression ». Ce qui permettrait de se passer d’archives physiques, et donc de réutiliser immédiatement le papier.

Barak (à droite) et Margalit Yekutiely, cofondateurs de Reep, de part et d’autre du professeur émérite Yehuda Kahane, membre du conseil d’administration et expert en financement climatique, lors d’un événement organisé à la résidence du président de la délégation israélienne à la conférence des Nations Unies sur le climat COP29, à Jérusalem, le 29 octobre 2024. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Rappelant que 40 % des arbres abattus chaque année dans le monde alimente la production de papier, Yekutiely explique que l’impression circulaire pourrait considérablement réduire les quantités d’énergie, d’eau et de produits chimiques sans oublier les émissions de carbone impliqués dans le long processus qui va de l’abattage des arbres au recyclage des pages imprimées en passant par le transport des grumes, la production de papier ou encore le déchiquetage.

Le recyclage du papier ne règle pas le problème de l’abattage des arbres ou de la gestion des déchets, poursuit-il. Le papier d’impression utilisé autrefois ne pouvait être recyclé que sous forme de papier de soie ou d’emballage de qualité inférieure et il finissait malgré tout, à un moment ou à un autre, dans une décharge, ce qui génère du méthane, puissant gaz à effet de serre.

Il explique que des arbres abattus pour le bois ne se remplacent pas aisément. « Il faut des dizaines d’années, au moins, pour faire pousser des arbres capables d’absorber des quantités importantes de dioxyde de carbone », souligne-t-il.

Lors de la COP29, plusieurs ministères israéliens ont manifesté leur intérêt pour tester l’outil de Reep.

Momentick : identifie les sources de fuites à moins de 3 m.

Une autre entreprise bleue et blanche, Momentick, créée il y a de cela deux ans et demi, utilise le satellite et l’IA pour surveiller les fuites de méthane du gaz et du pétrole en amont (au niveau des puits) et en milieu de flux (dans les pipe-lines).

Exemple indiquant une fuite de méthane dans une installation gazière au Texas, aux États-Unis. (Avec l’aimable autorisation de Momentick)

Le directeur du développement commercial, Tamir Kessel, explique au Times of Israel que la société, qui n’utilise que des logiciels, récupère les données fournies par plusieurs satellites et leur applique des algorithmes capables d’identifier la source exacte d’une fuite avec une précision de moins de trois mètres.

« Le fait de combiner des satellites à usage général avec de l’IA dans le but d’obtenir une telle précision dans la localisation et l’estimation des quantités émises est notre marque de fabrique », assure M. Kessel.

Lors de la COP29, Momentick a annoncé un partenariat avec l’une des plus grandes entreprises japonaises chargées d’assurer les sociétés pétrolières et gazières japonaises.

Kessel a parlé du développement commercial des entreprises de technologie climatique au pavillon du Kazakhstan.

NGV : des déchets en carburant d’aviation

Le vice-président de l’une des plus grandes sociétés de gestion des déchets municipaux de l’Inde a pu être vu en train de converser avec NGV, dont le directeur technique, le professeur émérite Mordechai Herskowitz de l’Université Ben Gourion dans le sud d’Israël, a développé des catalyseurs et des processus pour convertir différents types de déchets en carburant d’aviation et autres produits.

Arie Sussely (debout à droite) explique ce que fait NGV aux représentants d’une entreprise indienne de gestion des déchets (assis) sous le regard du directeur technique et professeur émérite Mordechai Herskowitz (à gauche), au pavillon israélien de la conférence des Nations Unies sur le climat COP29, à Bakou, en Azerbaïdjan, le 14 novembre 2024. (Autorisation, NGV)

Le PDG et cofondateur Arie Sussely explique que sa société, fondée en juillet 2023, cherche en ce moment des partenariats stratégiques avec les industries du gaz, de la gestion des déchets et de l’aérospatiale.

A partir de janvier prochain, la réglementation communautaire européenne exigera que le carburant des avions contienne au moins 2 % de « carburant durable », pourcentage destiné à augmenter chaque année pour atteindre 70 % d’ici 2050.

« Nous estimons que notre SAF sera 20 % moins cher que celui de nos concurrents », affirme M. Sussely. Il a déclaré plus tard au Times of Israel que NGV examinait plusieurs offres de collaboration.

Treetoscope : des données sur l’irrigation à faire soi-même

Dispositif de surveillance de l’irrigation Treetoscope installé sur un arbre fruitier à agrumes. (Treetoscope)

Treetoscope, créé en 2021, a quant à lui développé un « appareil maison extrêmement simple et abordable » que les agriculteurs peuvent brancher sur l’écorce d’un arbre pour obtenir des données sur l’irrigation. Comme l’explique Dotan Eshet, son PDG et cofondateur, 70 % de l’eau douce mondiale sert à l’irrigation, mais moins de 2 % des agriculteurs utilisent des outils d’irrigation de précision.

« Une économie de 2 % sur l’irrigation équivaudrait à la consommation totale des États-Unis en la matière », assure-t-il. La plupart des outils actuels se présentaient sous la forme de graphiques de type électro-cardiogramme, trop difficiles à exploiter par la plupart des agriculteurs.

Treetoscope a recours à l’imagerie satellitaire et à d’autres données prêtes à l’emploi, à l’apprentissage automatique et à l’IA pour mesurer la quantité d’eau fournie, consommée et nécessaire. Il libère l’agriculteur de calculs fastidieux sur les volumes d’eau pour se concentrer sur la vérification du temps d’irrigation effectif.

Ajoutant que Treetoscope travaille déjà avec des entreprises bien établies, à l’instar de la société israélienne d’irrigation goutte-à-goutte Netafim, Eshet dit faire d’excellentes ventes en Turquie depuis le début de la guerre contre le Hamas et le Hezbollah, malgré la rupture des relations avec Israël décidée par le dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan.

Anina : recycler des produits « moches »

Quelques exemples de repas séchés d’Anina exposés au pavillon israélien lors de la conférence des Nations Unies sur le climat COP29, à Bakou, en Azerbaïdjan, le 13 novembre 2024. (Crédit : Sue Surkes/Times of Israel)

Anina a une idée très novatrice pour réduire le gaspillage alimentaire et elle consiste à acheter aux agriculteurs les produits dont les supermarchés ne veulent pas et qui finissent à la décharge.

Esti Brantz et Meidan Levy, qui se sont rencontrés alors qu’ils étudiaient le design industriel à l’Académie Bezalel des arts et du design de Jérusalem, transforment des légumes par ailleurs sains en capsules de repas sèches, légères, nutritives et prêtes à cuisiner, simplement en ajoutant de l’eau.

Textre : faire le lien entre deux industries ayant le même problème

C’est l’usine textile de son père qui a donné à Lee Cohen l’idée de fabriquer de nouveaux produits pour l’industrie plastique à partir de déchets textiles. Ces derniers représentent près de 100 millions de tonnes par an dans le monde : il s’agit principalement de nylon et de polyester (dérivés de l’industrie pétrolière), explique Cohen.

« Au bout de 10 ans d’incitations diverses, on se rend compte que l’industrie du vêtement ne recycle que 1 % des textiles en nouveaux vêtements, peut-être un peu plus en comptant les tissus et les jouets », poursuit-il. « Il n’existe aujourd’hui aucune solution évolutive pour les déchets textiles. Dans l’industrie plastique, les matériaux recyclés représentent un peu moins de 10 %. Nous faisons donc la jonction entre deux industries qui ont le même problème. »

Textre décompose les déchets textiles en granulés durs, recyclables en plastiques recyclables, comme des cintres pour vêtements ou des pièces en plastique pour l’industrie automobile.

Lee Cohen (à gauche) et Ariel Yedvab de Textre présentent leurs produits au pavillon israélien lors de la conférence des Nations Unies sur le climat COP29, à Bakou, en Azerbaïdjan, le 13 novembre 2024. (Autorisation)

« L’industrie textile est la deuxième plus polluante au monde », ajoute la cofondatrice, Ariel Yedvab.

« Nous remplaçons le polymère vierge produit par l’industrie pétrolière. »

Elle ajouté que les textiles sont à l’origine de la plupart des microplastiques, ces minuscules déchets plastiques que l’on retrouve dans la mer et l’organisme des êtres vivants, à commencer par les humains.

Textre espère profiter de la nouvelle réglementation européenne qui va interdire l’exportation de déchets textiles au-delà des frontières de l’UE, sauf à des fins de recyclage.

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