Deux des trois Israéliens innocentés d’espionnage pour l’Iran
Selon la Cour, ils ont été manipulés par l'agent iranien présumé, ne voulaient pas nuire à la sécurité de l'État ; la 3e femme, condamnée pour contact avec l'ennemi
Deux Israéliens ont été blanchis mercredi d’accusations d’espionnage pour le compte de l’Iran, tandis qu’une troisième a été reconnue coupable d’un chef d’accusation lié, mettant ainsi un terme à une affaire qui avait débuté par de graves accusations d’espionnage portées contre cinq ressortissants ayant des liens personnels ou familiaux avec la République islamique.
Ces trois individus, un homme et deux femmes, étaient accusés d’avoir été en contact avec un agent étranger et d’avoir fourni des informations susceptibles d’être utiles à l’ennemi.
Bien que le tribunal de district de Jérusalem ait innocenté deux des accusés, une des femmes a été reconnue coupable de contact avec un agent ennemi. Elle avait admis aux enquêteurs qu’elle soupçonnait l’homme avec lequel elle était en contact de travailler pour le gouvernement iranien.
En janvier 2022, l’agence de sécurité Shin Bet a annoncé l’arrestation de cinq Israéliens juifs accusés d’avoir aidé l’agent iranien Rambod Namdar, qui se faisait souvent passer pour un Juif, à recueillir des renseignements et à nouer des contacts en Israël. Les cinq suspects – quatre femmes et un homme – étaient tous des immigrants juifs venus de la république islamique, ou des descendants d’immigrants iraniens.
Deux des cinq suspects, des femmes, ont été blanchis des accusations portées contre elles l’année dernière.
« Il est incontestable que la relation (…) avec la personne présumée être un agent étranger a été établie sans connaissance de son identité et certainement pas dans l’intention d’établir un contact avec un agent étranger ni dans celle de porter atteinte à la sécurité de l’État », a déclaré le juge Ilan Sela dans sa décision de mercredi.
« Il ne fait aucun doute que ces personnes sont des sionistes, qui aiment leur pays et qui n’avaient à aucun moment l’intention de porter atteinte à la sécurité du pays », a-t-il déclaré à propos des accusés.
« Il s’agit ici de femmes qui cherchaient un peu de chaleur et d’amour, quelqu’un à qui parler, et dans certains cas, une aide financière. Rambod, qui serait un agent étranger, en aurait profité par la ruse, il aurait forgé avec elles une longue relation et, de manière très sophistiquée et manipulatrice, il serait parvenu à les manipuler pour ses propres besoins ».
Sela a noté que les suspects ignoraient que le type d’informations qu’ils fournissaient, qui sont ouvertement accessibles au public, « peuvent être utiles à l’ennemi ».
En ce qui concerne la femme condamnée, une résidente de Holon, Sela a déclaré : « Elle a donné à Rambod un grand nombre d’informations… qui auraient dû lui paraître comme étant utilisables par l’ennemi. »
« Elle soupçonnait effectivement ce dernier d’être une entité liée au gouvernement iranien et que le but de ses contacts avec elle était d’obtenir des informations », a ajouté l’avocat. « Cela est d’autant plus vrai que Rambod s’est présenté à l’accusée comme étant musulman, et surtout que l’accusée soupçonnait, et il ressort même de ses propos qu’elle aurait su, et malheureusement cru, que Rambod avait des contacts avec des organes du gouvernement iranien. »
L’un des accusés, résidant à Beit Shemesh, a déclaré après le prononcé du verdict : « Je n’avais aucune idée, j’ai toujours supposé qu’il était juif, je n’ai jamais eu l’intention de nuire à l’État d’Israël, c’est mon pays, j’ai élevé six fils ici, je lui ai donné mon âme », a rapporté la chaîne publique Kan.
Les dossiers du tribunal montrent que Namdar s’est présenté à la plupart des suspects comme un riche entrepreneur iranien et à l’un d’entre eux comme un musulman célibataire, riche et originaire de Téhéran.
L’une des accusées a dit à Rambod qu’elle travaillait pour une municipalité et il lui a demandé des photos de l’hôtel de ville. Il a également essayé de la convaincre de persuader son fils de rejoindre la marine, l’armée de l’air ou les unités de renseignement de l’armée. En décembre 2019, elle lui a parlé d’un voyage qu’elle effectuait avec son mari à Istanbul et s’est arrangée – à l’insu de son mari – pour lui apporter certains articles qu’il avait demandés, notamment des livres en hébreu.
La femme a apporté les articles avec elle et a été accueillie à l’extérieur de son hôtel par un étranger qui lui a donné 3 000 dollars.
Un autre des accusés avait été chargé de photographier des isoloirs lors des élections de 2020 et 2021. Rambod lui a également demandé de photographier divers sites de Tel Aviv, tels que la gare routière centrale, les parcs et les postes de police.
Selon le Shin Bet, les suspects auraient photographié des sites stratégiques importants au sein de l’État juif et notamment le consulat américain de Tel Aviv ; ils auraient essayé de se mettre en relation avec des politiciens et auraient fourni des informations concernant les dispositifs mis en place pour assurer la sécurité sur différents sites, entre autres délits – tout cela alors qu’ils étaient placés sous la direction de l’agent de Téhéran, qui se présentait sous le nom de Rambod Namdar et qui aurait offert des milliers de dollars en contrepartie.
Le Shin Bet estime qu’aucun des suspects impliqués dans l’affaire n’avait accès à des informations classifiées et que rien n’indique que la cellule ait compromis la sécurité nationale.
L’une des femmes accusées aurait tenté de mettre fin à ses jours suite aux accusations. Son mari, accusé par le Shin Bet d’être au courant de la connexion, d’avoir lui-même discuté avec l’agent iranien et d’avoir conduit sa femme au consulat des États-Unis pour qu’elle puisse le photographier, a accusé le Shin Bet d’avoir abusé de lui.
Namdar aurait été en contact avec une vingtaine d’autres Israéliens, pour la plupart des femmes.
L’enquête et les inculpations qui en ont résulté ont mis en lumière le phénomène rare et peu discuté des Juifs d’Iran qui se rendent en Israël pour rendre visite à leur famille.