Deux villages arabes de Cisjordanie vandalisés lors de crimes de haine présumés
Des voitures ont été endommagées et un jardin d’enfants a été tapissé de graffitis, suite à des affrontements entre la police et des émeutiers juifs, près d’un avant-poste

Les résidents de deux villages palestiniens ont découvert, jeudi matin, des véhicules endommagés ainsi que des graffitis comportant des slogans en hébreu sur les murs d’un jardin d’enfants, des crimes de haine présumés survenus dans la nuit, selon le groupe de défense des droits de l’homme, Yesh Din.
Aux alentours de minuit, plusieurs résidents de Asira et Kabalia auraient découvert qu’un tracteur localisé dans une carrière située entre leur village et un village voisin, Urif, a été enflammé, causant d’importants dégâts, a indiqué Yesh Din.
Des photographies du lieu de l’incident, publiées par le conseil local d’Urif, ont montré un tracteur brûlé ainsi qu’un graffiti indiquant que « la démolition apportera la destruction ».
Après avoir identifié le village concerné, Urif, la police israélienne a déclaré jeudi matin que les forces de l’ordre ainsi que l’armée se préparaient à mener une enquête sur l’incident.
Les deux villages jouxtent Yitzhar, une implantation radicale qui ces derniers jours, a servi de théâtre d’affrontements entre la police et les Palestiniens. Un agent de la police des frontières a en effet été blessé lors d’affrontements impliquant un groupe de “jeunes des collines » ultra-nationalistes, au cours de la démolition de structures illégales d’un avant-poste situé à proximité d’Yitzhar.
הלילה בגדה: חשד לשני פשעי שנאה. בעסירה אל-קבליה שבאזור שכם שרפו טרקטור וריססו כתובת. לא רחוק משם ביאסוף ניקבו מכוניות וריססו כתובות pic.twitter.com/fJzHdhWj8k
— Nurit Yohanan (@nurityohanan) August 13, 2020
Les émeutiers ont aussi jeté des pierres sur des Palestiniens lors de deux incidents distincts, et notamment sur six Palestiniens travaillant leur terre dans le village de Hawara. Un Palestinien qui a été blessé, après avoir été heurté par une pierre, a été évacué dans une clinique locale pour recevoir des soins.
Suite à une autre attaque du type “Prix à payer” – une expression forgée par les ultra-nationalistes, en référence au prix que les Palestiniens doivent payer lorsque le gouvernement israélien décide de démolir des structures juives illégales, – des voitures ont été endommagées avec des pneus crevés à Yasouf, dans le gouvernorat de Salfit. Tandis que des graffitis en hébreu ont recouvert les murs d’un jardin d’enfants du village.
Ces derniers mois, les attaques racistes contre des Palestiniens ou contre leurs propriétés, supposément menées par des résidents d’implantations d’extrême droite, ont connu une forte augmentation, selon Yesh Din.
Alors que la plupart des attaques d’extrême-droite ont ciblé des maisons, des commerces, des parcelles agricoles ou des voitures, elles ont aussi visé des mosquées dans les villes palestiniennes et des communautés arabes israéliennes. Fin juillet, des pyromanes auraient brûlé une mosquée située à al-Bireh aux abords de Ramallah, et apposé des graffitis avec des slogans en hébreu.
Le groupe de défense de droits de l’homme Yesh Din a observé que la période de trois mois allant de mars à mai s’est avérée particulièrement violente. Dans ce laps de temps, les villages palestiniens ont été visés 44 fois lors des attaques « Prix à payer », manifestement perpétuées par des extrémistes juifs. Sur l’ensemble de ces cas, 21 se sont accompagnés par des violences contre des Palestiniens, tandis que le reste des attaques a visé des propriétés, selon Yesh Din.
Quatorze des incidents se sont déroulés dans la zone de Naplouse, au nord de la Cisjordanie, dix ont été localisés dans la zone de Ramallah et le centre de la Cisjordanie, tandis que huit ont été rapportés aux environs de Hébron, au sud de la Cisjordanie.
En dépit de la douzaine de crimes de haine visant les Palestiniens et leurs propriétés survenus au cours de l’année écoulée, les arrestations de suspects ont été extrêmement rares.