Devant l’Assemblée générale de l’ONU, Abbas a affiché son nouveau « rejectionisme »
Lors d'un événement commémorant la Nakba, le chef de l'Autorité palestinienne a fait volte-face sur les assurances qu'il avait pu donner à Israël - personne ne semble l'avoir noté
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).
Cela fait des années que le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas prononce des discours remplis d’incitations violentes à l’encontre d’Israël à la tribune des Nations unies ou ailleurs – qualifiant le sionisme d’entreprise colonialiste sans aucun lien avec le judaïsme, niant l’histoire juive en terre sainte, accusant Israël de sacrifier les Palestiniens dans un nouvel holocauste…
Les propos les plus incendiaires qu’il est amené à tenir sont souvent improvisés – absents de l’allocution qui est officiellement distribuée, absents des textes probablement préparés avec soin en vue de ses différentes prises de paroles. Ce sont en général des remarques qu’il laisse échapper à son gré et, en conséquence, il est probable qu’elles sont l’expression la plus fidèle de ce qu’il croit réellement, – de ce qu’il a envie de dire.
Et cela a encore été le cas lors de l’événement de commémoration anti-israélien de la Nakba qui était organisé pour la première fois devant l’Assemblée générale de l’ONU, lundi dernier. Cet événement a eu lieu pour mettre en exergue ce que les Palestiniens appellent la « catastrophe » qui s’était abattue sur eux avec la renaissance d’Israël en 1948 – une « catastrophe », autrement dit, qui avait été provoquée par le rejet violent du monde arabe de la reconnaissance par les Nations unies, en 1947, du droit du peuple juif à redonner vie à son ancien foyer aux côtés de ce qui aurait été le tout premier État palestinien de toute l’Histoire du monde.
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Abbas – comme c’est devenu une habitude pour lui – a utilisé cette tribune pour fustiger le Royaume-Uni, les États-Unis et toute la communauté internationale pour le soutien qu’ils ont apporté au droit du peuple Juif à avoir un État et, s’éloignant donc du texte qui avait été préparé en amont pour son discours, il a accusé Israël d’utiliser une propagande digne des nazis pour soutenir son narratif.
Mais le président de l’AP a aussi improvisé en tenant des propos qui ont traduit un renversement hautement significatif des positionnements qu’il affirmait autrefois adopter – un changement qui révèle qu’il ne rejette pas seulement aujourd’hui toute présence et toute revendication israéliennes concernant Jérusalem-Est, la Cisjordanie et la bande de Gaza, mais qu’il rejette aussi toute légitimité d’Israël dans ses frontières pré-1967 tout en demandant la fin d’Israël en tant qu’État à majorité juive.
Dans les années passées, Abbas avait établi clairement, de source fiable, qu’il ne s’attendait pas à ce qu’Israël accepte sur son territoire les millions de descendants des Palestiniens qui avait été rendus sans-abri pendant les combats qui avaient entouré la création d’Israël dans la mesure où la démographie de l’État juif changerait de visage si tel était le cas, transformant le seul État juif du monde en entité binationale judéo-palestinienne. « Concernant le nombre de réfugiés, c’est illogique de demander à Israël d’accueillir 5 millions, ou même un million de réfugiés – cela signifierait la fin d’Israël », avait déclaré Abbas à ses propres négociateurs de paix en 2008, par exemple, selon des informations transmises par Al-Jazeera.
Citant sa propre situation, Abbas avait également indiqué devant les caméras de télévision israéliennes en 2012 que les Palestiniens placés sous son autorité revendiquaient un État qui serait établi dans les territoires capturés par Israël pendant la guerre de 1967 et qu’ils n’avaient aucune revendication sur le territoire d’Israël dans les frontières pré-1967, indiquant que lui-même, réfugié originaire de Safed, une ville du nord de l’État juif, ne considérait pas qu’il bénéficiait du droit au retour qui lui permettrait de revenir y vivre.
« Aujourd’hui, la Palestine, pour moi, ce sont les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale », avait-il déclaré à la Douzième chaîne. « Maintenant et pour l’éternité… C’est ça, la Palestine, pour moi. Je suis un réfugié mais je vis à Ramallah… Je crois que la Cisjordanie et Gaza forment la Palestine et que le reste forme Israël ».
Il avait reconnu qu’il était retourné à Safed et qu’il aimerait encore s’y rendre, ajoutant qu’il n’espérait pas en faire un jour son lieu de vie : « C’est mon droit d’y aller mais ce n’est pas mon droit d’y vivre », avait-il expliqué.
Contraste saisissant, Abbas, qui portait une petite clé à sa boutonnière pour symboliser la demande des Palestiniens au « droit au retour », a prononcé lundi, à la tribune de l’ONU, des paroles qui ont pris le contre-pied total de ces propos de 2012.
« Je suis un réfugié palestinien. Je veux retourner sur ma terre d’origine », a-t-il dit à l’Assemblée générale. « Je veux Safed », a-t-il ajouté, sous une salve d’applaudissements chaleureux.
Ce changement drastique, qui a été à peine relevé par les médias, reflète combien l’idée même de résolution du conflit israélo-palestinien est devenue hors de propos et désespérée – avec un Israël qui a résolument tourné la barre à droite depuis la vague d’attentats-suicides de la seconde Intifada et qui est aujourd’hui placé sous la coupe d’une coalition extrémiste.
A l’âge de 87 ans, Abbas est une force affaiblie qui, à l’évidence, souhaite laisser derrière lui le souvenir d’un leader du modèle de Yasser Arafat, dont le rejet d’Israël avait réduit à néant toute quête d’un État pour les Palestiniens. Pour sa part, le Hamas islamiste, consolidant sa mainmise sur Gaza et reconstruisant sans relâche ses forces pour atteindre son objectif inaltéré d’annihilation de l’État juif, œuvre de manière assidue à supplanter l’AP – des initiatives déjouées, ironie de l’histoire, par les forces de sécurité du même Israël qu’Abbas se plaît tant à diaboliser.
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David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel