Dix neuf jours après l’assaut, le temps de l’incursion terrestre est arrivé
Alors qu'Israël n'a encore abouti à rien, l'opération terrestre est-elle retardée par l'indécision, l'absence de volonté ou autre ? Peut-il y avoir une autre explication plus encourageante ?

Le 7 octobre, alors que l’ampleur du massacre du Hamas commençait à se révéler, il aurait semblé inconcevable et incompréhensible pour une population israélienne horrifiée, en état de sidération, de savoir que 19 jours plus tard, leurs soldats seraient encore à l’arrêt, hors de la frontière avec Gaza.
Presque trois semaines après la pire atrocité commise contre des Juifs depuis la Shoah, le Hamas est encore bien vivant, en capacité d’envoyer des équipes de commando naval pour des missions-suicides sur le territoire israélien et des roquettes vers le sud, le centre et le nord de l’État juif.
Avec un soutien international substantiel, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son fameux cabinet de guerre n’ont remporté aucun résultat militaire dans le même intervalle de temps qu’il avait fallu à Israël pour vaincre la Syrie et l’Égypte lors de la guerre de Yom Kippour, en 1973.
Comme l’État juif l’a déjà fait dans les innombrables raids de l’armée de l’air au sein de l’enclave côtière dans le passé, le pays continue à se vanter d’avoir éliminé des commandants de catégorie B, du nombre de frappes effectuées et des infrastructures du Hamas détruites. La capacité du Hamas à menacer Israël, d’un autre côté, reste intacte et la majorité des membres du groupe terroriste restent confortablement à l’abri dans des souterrains.
Au même moment, le Hamas peut, lui, revendiquer de nombreuses réussites depuis son « succès » sans réserve du 7 octobre. Environ 200 000 Israéliens ont quitté leurs habitations, laissant les zones frontalières de Gaza et du Liban complètement nues, vides, pour la première fois de toute l’Histoire du pays. Des centaines de milliers d’Israéliens ont dû trouver refuge dans les abris antiaériens lors des tirs de roquette massifs qui ont pris pour cible Tel Aviv et ses environs. Plus de 30 0000 réservistes ne viennent plus soutenir l’économie dans les meilleures années de leur carrière. Les initiatives diplomatiques avec les partenaires musulmans d’Israël, dans la région, sont suspendues jusqu’à une date indéterminée.
Lentement mais sûrement, la focalisation de la couverture médiatique et des conversations diplomatique change, passant de la barbarie du Hamas à la nécessité de libérer les otages, d’apporter des aides humanitaire à Gaza et au décompte macabre des victimes palestiniennes.

Israël ne peut tout simplement pas atteindre les objectifs fixés par le pays dans le cadre de cette guerre sans une opération terrestre massive dans la bande de Gaza.
Mais Netanyahu tergiverse. Pourquoi ? difficile à dire.
Selon le Wall Street Journal, les États-Unis ont demandé à Israël d’attendre le moment où l’armée américaine aura mis ses défenses aériennes en place afin de protéger ses troupes dans la région.
Le New York Times, de son côté, a fait savoir que l’administration Biden voulait plus de temps pour obtenir la libération des otages et pour faire entrer les aides à Gaza.
Il y a aussi des raisons susceptibles d’expliquer cette lenteur du côté israélien. Il est sage de garantir que les soldats seront totalement équipés avant d’entrer (même si la pagaille logistique est absolument impardonnable). Et amollir les défenses du Hamas a un intérêt, tactiquement parlant.

Mais la plus grande partie des attaques aériennes semble avoir visé les responsables, les sièges et les lanceurs du Hamas – pas ce que les troupes de Tsahal rencontreront lorsqu’elles atteindront l’entrée des villes de Gaza.
Et avec chaque jour qui passe, l’état de préparation des soldats se dégrade. En proie à une détermination brûlante, celle de détruire les monstres qui avaient assassiné leurs compatriotes, les soldats étaient prêts à entrer dans la bataille dès les premiers jours du massacre. Maintenant, ils retournent chez eux pour rendre visite à la famille, ils organisent des matchs de volley et ils écrivent à leurs amis dans des textos : « Nous ne faisons rien ».
En même temps, il y a aussi une autre possibilité – plus optimiste.
Les informations provenant des États-Unis et Israël qui ont fuité auprès des médias internationaux et le discours – plutôt superflu – qui a été prononcé par Netanyahu devant la nation, mercredi dans la soirée, pourraient bien entrer dans le cadre d’une campagne de supercherie coordonnée.
Les responsables israéliens et américains pourraient avoir convenu de faire en sorte que le Hamas baisse sa garde en donnant l’impression que la Maison Blanche a demandé un report de l’incursion, et que le cabinet de guerre a cédé à la requête soumise par Biden.

« Nous nous préparons en vue de l’incursion terrestre », a dit le Premier ministre dans son adresse à nation. « Je ne préciserai quand elle aura lieu, comment, ni combien. Je n’aborderai pas non plus dans le détail un certain nombre de considérations dont le public n’a pas connaissance. Il faut que les choses se passent comme ça. C’est comme ça, c’est nécessaire pour protéger la vie de nos soldats ».
Si Israël a mis au point une ruse avec son allié super-puissant – une ruse qui aura trompé le public israélien et, il faut l’espérer, le Hamas – alors le pays est peut-être entre de meilleurs mains que ce qu’un grand nombre de personnes pouvaient actuellement le penser.
Mais si ce retard résulte de l’indécision, du manque de volonté ou de la croyance erronée qu’il est possible de mener cette guerre avec relativement peu de douleur, alors Israël est dans une situation beaucoup plus désespérée que ce qu’il était possible d’imaginer.
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