Dominique De Villepin voterait pour l’union de gauche controversée en cas de duel avec le RN
"Le Rassemblement National constitue aujourd'hui la véritable menace pour notre pays", a affirmé l'ancien locataire de Matignon
L’ex-Premier ministre de Jacques Chirac, Dominique De Villepin, a refusé mercredi de renvoyer dos à dos le parti d’extrême droite du Rassemblement national (RN) et le Nouveau Front Populaire (NFP), affirmant avant les élections législatives que la formation de Jordan Bardella « constitue la véritable menace pour notre pays ».
Au premier tour, Dominique de Villepin ne devrait pas voter pour le Nouveau Front populaire. « La force centrale est celle qui est susceptible d’apporter les réponses (…) même si elle souffre d’un immense handicap qui est le fait qu’Emmanuel Macron a usé et abusé des pouvoirs qui sont les siens et a montré une surdité sans égale », a-t-il estimé, selon des propos rapportés par Le Figaro.
En cas de duel avec le RN, « j’en déduis que vous votez Nouveau Front Populaire », lui a lancé le journaliste David Pujadas. « Je considère que la priorité doit être donnée à la lutte contre le Rassemblement national. Le Rassemblement National constitue aujourd’hui la véritable menace pour notre pays », a répondu Dominique de Villepin.
Plusieurs figures de la droite, à l’instar de François-Xavier Bellamy, tête de liste des Républicains aux européennes, ont indiqué qu’ils voteraient pour le RN au second tour s’il était opposé à La France Insoumise ou à une autre composante de gauche. Mais le chef des Républicains, Eric Ciotti, a indiqué que son parti allait s’allier avec le RN. Le jeune Guilhem Carayon, qui est président des Jeunes Républicains et la numéro 2 de la liste des Républicains aux élections européennes, Céline Imart, ont entre autres soutenu cette annonce pour le moins controversée au vu de l’histoire de cette faction gaulliste.
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— 24h Pujadas (@24hPujadas) June 19, 2024
Interrogé sur Serge Klarsfeld qui a indiqué qu’il voterait RN en cas de duel contre le NFP, Dominique de Villepin assure prendre en compte « les inquiétudes sur l’antisémitisme ». « Est-ce qu’il faut renvoyer dos à dos l’ensemble des formations ? Je crois que c’est prendre le risque de banaliser le Rassemblement National », a-t-il jugé.
« Le risque pour la France, le risque de discrédit, le risque de tensions avec certains de nos grands alliés et des pays du Sud global (…) le risque de coupure et de cassure serait important » avec la victoire du Rassemblement National le 7 juillet, poursuit Dominique de Villepin. « Je pense que c’est un risque qu’il ne faut pas prendre. »
« Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas être d’une très grande vigilance sur l’antisémitisme, sur le racisme (…) à l’égard d’autres formations. Cette vigilance est une nécessité pour chaque citoyen français », assure Dominique de Villepin.
L’ancien Premier ministre, retiré de la vie politique depuis les années 2010, s’est montré particulièrement présent sur les plateaux médiatiques depuis les massacres barbares palestiniens du 7 octobre. Il a suscité de vives critiques pour ses propos sur la « domination financière sur les médias et le monde de l’art et de la musique » qui, selon lui, empêche l’émergence de voix différentes, des propos tenus lors de l’émission Quotidien présentée par Yann Barthès – qui ne l’avait pas interrompu.
Et d’ajouter : « La règle financière qui est imposée aujourd’hui aux États-Unis dans la vie culturelle, elle pèse lourd. Malheureusement, nous le voyons aussi aujourd’hui en France, et tout cela est profondément regrettable sur le plan de la liberté et de la capacité à façonner un esprit public. »
L’ancien président socialiste, François Hollande, qui se présente sous la bannière de cette union controversée, avait alors défendu l’ancien locataire de Matignon. « Je connais Dominique de Villepin depuis longtemps, je ne peux pas croire qu’il ait eu cette intention », de tenir des propos antisémites.
Dominique de Villepin a enfin à maintes reprises critiqué Israël, qualifiant sa riposte terrestre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza, de « ni ciblée, ni proportionnée ».