Egypte : décès en prison d’un dirigeant des Frères musulmans
Ancien député et vice-président du parti Liberté et Justice, Issam al-Eriane est décédé à 66 ans; il avait été arrêté en 2013 après la destitution du président Mohamed Morsi

Un responsable égyptien des Frères musulmans, la confrérie islamiste ayant fait l’objet d’une répression implacable en Egypte, est mort jeudi dans la prison de Tora, où il purgeait une peine à perpétuité, selon son avocat Abdel Moneim Abdel Maksoud.
« Les autorités m’ont informé » du décès de Issam al-Eriane et « ont prévenu sa famille afin d’organiser la restitution du corps (…). Il s’agit d’une mort naturelle », a déclaré à l’AFP Me Abdel Maksoud.
Ancien député et vice-président du parti Liberté et Justice – organe politique de la confrérie -, M. Eriane, 66 ans, avait été arrêté en 2013 après la destitution du président Mohamed Morsi, issu de la confrérie islamiste.
Inculpé notamment pour « espionnage au profit d’organisations étrangères » et de « collaboration avec des groupes armés terroristes », dont le Hamas palestinien, il avait été condamné au total à l’équivalent de 150 années de prison, aux côtés de dizaines d’autres chefs des Frères musulmans, selon son avocat.

Sous couvert de l’anonymat, une source de sécurité a de son côté affirmé que le détenu était décédé d’une « crise cardiaque dans sa cellule après une altercation avec un autre chef de la confrérie au sujet de l’état actuel » de l’organisation.
Depuis 2013, les autorités égyptiennes considèrent les Frères musulmans comme une « organisation terroriste ».
« La responsabilité de la mort de Issam al-Eriane en prison (…) incombe entièrement aux autorités égyptiennes », a commenté Joe Stork, directeur adjoint du bureau régional de Human Rights Watch (HRW), appelant Le Caire à ouvrir « une enquête efficace sur son décès » et à « répondre à la crise sanitaire bien documentée » dans ses prisons.
La mort de plusieurs détenus en prison, parmi lesquels l’ex-président Morsi, a valu à l’Egypte des accusations de négligence médicale de la part des défenseurs des droits humains.

Depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi en 2014, une vague de répression impitoyable s’est abattue sur l’opposition islamiste comme libérale.
L’Egypte compte environ 60.000 prisonniers politiques, selon des ONG de défense des droits humains.