El Al – Nouvelle flotte, flambée des bénéfices et position dominante
Face aux incertitudes géopolitiques et au désengagement des compagnies étrangères, El Al renforce sa position sur le marché et conclut un accord pour l'achat de 31 Boeing 737 MAX
El Al et Boeing ont confirmé jeudi un accord permettant à la compagnie nationale israélienne d’acheter jusqu’à 31 avions 737 MAX pour remplacer sa flotte court-courrier vieillissante.
Selon l’accord, El Al achètera 20 unités du nouveau modèle pour 1,5 milliard de dollars, avec l’option d’en ajouter 11 autres pour un milliard de dollars supplémentaires.
Les appareils devraient être mis en service en 2028 pour remplacer les 737-800 et 737-900 actuels de la compagnie.
« Il s’agit d’une étape importante pour El Al, qui nous permettra d’offrir à nos clients l’expérience de service et de technologie la plus avancée de l’industrie », a déclaré Dina Ben-Tal Ganancia, PDG d’El Al, dans un communiqué.
« La mise en œuvre du plan d’approvisionnement à long-terme, qui a commencé par l’achat de 787 Dreamliners supplémentaires au début de cette année et qui aboutit à l’accord actuel, démontre une fois de plus notre engagement envers le peuple israélien et l’État, » lit-on par ailleurs dans le communiqué.
« EL AL joue un rôle central dans la garantie d’un ciel ouvert pour Israël. La mise en œuvre de notre plan stratégique – qui vise à développer la flotte, améliorer l’offre client et augmenter nos capacités comme le nombre de sièges – va permettre de garantir la solidité et la croissance de la compagnie pour de nombreuses années », poursuit le communiqué.
Stephanie Pope, PDG de Boeing, a déclaré que le constructeur aérien était « honoré » de compter le transporteur israélien parmi ses clients.
« Nous savons qu’El Al dépend de la polyvalence et de la fiabilité des avions Boeing, et nous sommes impatients de livrer les 737 MAX et 787 Dreamliner qui vont remodeler et développer la compagnie aérienne pour les décennies qui viennent », a-t-elle déclaré.
Ces liens entre El Al et la compagnie américaine ont été pointés du doigt par de nombreux étudiants américains anti-Israël lors des manifestations qui ont émaillé l’année universitaire 2023-2024. L’université de Portland (Oregon) a d’ailleurs plié face à ses étudiants et suspendu toute relation avec le fabricant.
La compagnie El Al suscite par ailleurs une vive colère chez les Israéliens en raison de la forte hausse de ses prix, tandis que de nombreuses compagnies annulent ou suspendent leurs liaisons avec Tel Aviv.
El Al a en effet annoncé jeudi des bénéfices records pour le deuxième trimestre 2024, alors que la plupart des compagnies étrangères concurrentes voient leurs opérations perturbées en Israël du fait de la guerre à Gaza et des risques d’attaques iraniennes et du Hezbollah.
La compagnie a indiqué que ses bénéfices d’avril à juillet s’élevaient à 147,4 millions de dollars, supérieurs de plus de 80% aux 80,5 millions de dollars engrangés par El Al entre janvier et mars, son meilleur trimestre à ce jour.
Certains lui reprochent de profiter de la situation pour augmenter le pris de ses billets, qui atteignent parfois des niveaux exorbitants.
« Depuis que la guerre a éclaté, il y a de cela plus de 10 mois maintenant, nous évoluons dans un marché compliqué et incertain, qui nous impose de mener nos activités avec soin et efficacité », affirme la PDG d’El Al, Dina Ben Tal Ganancia, par voie de communiqué.
« Ces derniers jours ont on ne peut mieux montré que la notion de ‘ciel ouvert’ était fragile dans le contexte israélien », poursuit-elle.
Le transport aérien a été à plusieurs reprises affecté par les combats à Gaza et l’exacerbation des tensions régionales.
Au tout début des combats, en octobre, au moment du pogrom du Hamas contre Israël, la plupart des compagnies aériennes étrangères ont suspendu leurs liaisons. Le service a progressivement repris les mois suivants, avant d’être à nouveau interrompu lorsque l’Iran a massivement attaqué Israël avec des drones et de missiles en avril.
Certaines compagnies ont rétabli leurs liaisons, mais ils sont nombreux à les avoir de nouveau suspendues ces toutes dernières semaines, par crainte d’une nouvelle attaque iranienne.
Ces annulations de vols traduisent la crainte d’une riposte iranienne et de son mandataire libanais, le Hezbollah, à la mort, fin juillet, du chef adjoint du Hezbollah, Fouad Shoukr, à Beyrouth, et de celui du Hamas, à Téhéran, Ismaïl Haniyeh.
Israël répète à l’envi que son espace aérien est sûr et qu’il n’hésitera pas à le fermer si le besoin s’en fait sentir. Les compagnies aériennes israéliennes continuent d’exploiter leurs liaisons comme à l’accoutumée.
Sur certaines liaisons, El Al est l’unique option pour les voyageurs israéliens. Même lorsqu’il en existe d’autres, les consommateurs ont tendance à penser qu’il s’agit de la solution la plus certaine et fiable.
Le journaliste de Kan news, Shaul Amsterdamski, a écrit jeudi sur X qu’El Al avait refusé l’interview de Ben Tal Ganancia dans son émission de radio du soir à propos des bénéfices records de la compagnie. Selon Amsterdamski, la société aurait affirmé ne pas donner d’interviews.
« J’ai demandé pourquoi. On m’a répondu que c’était la décision. Ils savent fixer des prix fous. Ils savent comment parler officieusement. [Mais] quand il s’agit de parler ouvertement au public – là c’est non », a-t-il écrit.