Elisabeth Lévy : « les juifs sont à l’avant-poste du malheur français »
La nouvelle Une du magazine Causeur unit la France et les Juifs dans un destin commun inextricable
Elisabeth Lévy, rédactrice en chef du magazine Causeur, a barré la Une de son dernier numéro d’un titre volontairement « provoc »: « Antisémitisme, l’idéologie anti-française ».
Interviewée par le FigaroVox, elle revient sur ce parti-pris éditorial :
« Ce titre est une interpellation (amicale) adressée à Bernard-Henri Lévy, avec lequel nous avons une divergence de taille, explique la journaliste. Dans « L’idéologie française », paru en 1980, il faisait du pétainisme et de l’antisémitisme une sorte de permanence de l’inconscient français ».
« Eh bien non ! affirme-t-elle. De même que ce n’est pas par la pratique de l’esclavage mais par son abolition que la France s’est distinguée des autres nations, ce n’est pas par l’antisémitisme, fort répandu à des degrés divers dans le monde d’avant 1945, qu’elle fait exception, mais par le fait que, depuis la Révolution au moins, une partie des élites l’a combattu, au point qu’il a été, tout au long du 19e et de la première moitié du 20e, l’un des enjeux, l’un des marqueurs, de la querelle nationale ».
Celle qui explique que « Causeur n’est pas un journal juif », bien qu »il « se trouve [qu’il y a] quelques juifs à Causeur » revendique de parler au nom de tous les Français, et renouvelle la célèbre métaphore « du canari dans la mine »: « les juifs ne sont pas les ‘chouchous du malheur’, ils sont à l’avant-poste du malheur français. Aujourd’hui, personne ou presque ne pense, comme Maurras, qu’ils ne peuvent pas être vraiment français. Et la plupart des antisémites leur reprochent de l’être trop ».
Sans résoudre la question insoluble entre l’appellation Juifs de France ou Français juifs, Lévy lie ces deux destins dans une histoire commune inextricable.