En Allemagne, des ados créent un fan club d’Hitler sur WhatsApp
Près de Leipzig, toute une classe de 3ème a participé à un groupe secret néonazi
La police allemande a confirmé mercredi avoir interrogé deux garçons d’une ville située près de Leipzig qui ont été photographiés faisant le salut d’Hitler, à la suite d’allégations selon lesquelles toute une classe d’écoliers allemands avait mis en place en secret un fan club néonazi.
Le groupe de l’école Landsberg, près de Leipzig, une ville du « land » de Saxe orientale, partageait secrètement leurs blagues et leur propagande extrémistes en utilisant l’application de téléphone mobile WhatsApp, a indiqué la police.
Une enquête sur les activités des élèves a été lancée après qu’il ait été révélé que les messages de médias sociaux qu’ils partageaient incluaient des références à Hitler comme une « personne fantastique ».
Les membres ont commencé avec des commentaires autour de « Deutschland – Sieg Heil » et partagé des blagues de mauvais goût. Un exemple était un signe sur la route menant à la montagne en disant qu’il était seulement possible de la visiter avec un Fuhrer (qui veut dire guide en allemand). Quelqu’un avait même écrit : « Ne pas oublier d’apporter Monsieur Hitler. »
Les autorités allemandes ont exprimé leur choc à l’écoute de ces révélations. Les néonazis en Allemagne sont parmi les premiers à être entrés dans la clandestinité en utilisant des connexions en ligne dissimulées (comme le Réseau de Thulé) en réponse aux lois restrictives du pays sur les activités d’extrême droite.
Il est en effet possible d’aller en prison pour avoir glorifié les crimes du Troisième Reich. Faire le salut hitlérien ou utiliser des symboles du IIIe Reich comme la croix gammée est illégal selon le droit allemand.
Le fait que des enfants âgés de 14-15 ans soient derrière la mise en place d’un réseau extrémiste a cependant suscité de vives préoccupations.
Les enseignants et les parents des 29 élèves de cette classe de l’école Landsberg ont assuré qu’ils ne savaient pas que les enfants partageaient entre eux ce type d’idéologie de manière secrète.
Même les parents d’un garçon juif dans la classe ont dit qu’ils étaient stupéfaits de découvrir l’ampleur des incidents antisémites pour la première fois, dans le journal local. Ils ont déclaré que leur fils n’avait jamais parlé avec eux de ce qui se passait à l’école.
Eli Gampel, 54 ans, dont le fils est le seul Juif dans la classe, a dit : « Mon garçon m’a dit que sur le capot de sa veste quelqu’un lui avait collé un sticker du NPD [Parti national démocrate d’extrême-droite]. Cela se savait, paraît-il, qu’il était juif.
« C’est sur cette base que j’ai fait une plainte officielle auprès de la police pour une enquête, mais en même temps ce serait certainement une mauvaise chose que d’accuser simplement toute la classe. »
Gampel, l’ancien chef de la communauté locale juive de Halle a ajouté : « Je pensais qu’il s’agissait d’un mauvais rêve en ouvrant les journaux et en lisant l’article. »
Il a dit, cependant, qu’il lui semblait qu’il y avait un énorme tabou imposé dans la classe, avec l’interdiction pour tout le monde, y compris son fils d’en parler.
« Même après avoir lu à ce sujet, je trouve qu’il est difficile de lui faire parler de ce qui se passait. Ce ne fut que grâce à une longue discussion qu’il a admis que ce qui était dans l’article du journal était essentiellement vrai. Bien sûr, le contenu de ce qui a été discuté l’a rendu triste et il s’est senti discriminé » a déclaré Gampel.
D’autres parents ont également déclaré qu’ils ne savaient rien de ce qui se passait parce que les étudiants avaient gardé leurs activités cachées pour communiquer en utilisant WhatsApp.

Le procureur Andreas Schieweck, 59 ans, a confirmé que les autorités enquêtaient sur des allégations visant à glorifier les crimes du Troisième Reich et que la police avait interrogé deux élèves.
En raison de l’âge des élèves, les autorités scolaires ont confirmé que des psychologues spécialement formés vont rencontrer les parents et les enfants très prochainement.
Le directeur de l’école, Lutz Feudel, a déclaré que toute l’école avait été choquée quant à cette sympathie secrète envers le nazisme qui, selon lui, ne s’est limitée qu’à une seule classe. Il a ajouté qu’il était difficile de comprendre le déroulement des événements puisque les vacances d’automne avaient déjà commencé.
Il a expliqué que les parents de deux des enfants avaient déjà été convoqués à une discussion avec leurs enfants, mais qu’un troisième enfant était parti en vacances avec ses parents.
Et il a ajouté qu’il ne voulait pas accuser directement les enfants : « Briser les tabous fait partie de l’âge adulte. Je ne crois pas qu’ils voulaient promouvoir activement l’idéologie néonazie ».
David Begrich, qui travaille en Allemagne dans le cadre de l’organisation « Miteinander » (« Un avec l’autre »), qui lutte contre l’extrémisme de droite, a déclaré : « Il est certainement temps que les responsables éducatifs s’impliquent, et pas les procureurs. Il doit y avoir des conversations très claires avec tous les enfants de la classe, et ils ne doivent pas être inquiets des conséquences afin que la vérité puisse éclater ».
« Il est également vrai, cependant, que la Saxe dans un passé récent a connu des cas où les écoliers ont pris part à des manifestations nazies, et ont été exposés par voie d’affichage de contenu antisémite ou de musique néonazie. Toutefois, selon le personnel enseignant au moins, cela n’a pas été perceptible pendant les cours, » a ajouté Begrich.