En douceur, le « roi de la babka » rapproche les peuples sur Instagram
Chris Caresnone s'est attiré plus d'un demi-million d'abonnés sur les réseaux sociaux en publiant sur la gastronomie de différentes cultures – et la communauté juive lui a fait une place

Lorsqu’on lui demande ce qu’il préfère entre la babka ou le kokosh, Chris Caresnone nous fait un grand sourire.
Plus connu sous le nom de roi de la babka, la star des réseaux sociaux, qui a 41 ans et est originaire de Chicago, s’est prêtée au jeu des questions/réponses – knish ou kreplach, bagel ou bialy ?
« Babka. Le kokosh est un peu le cousin raté, celui qui a des ennuis. On est moins dans le côté pain, plus dans le gluant, le chocolaté. C’est très bon, mais la babka… confie-t-il au Times of Israel, sans finir sa phrase.
Ses 470 800 abonnés sur TikTok et 159 000 sur Instagram se régalent de ses critiques culinaires et de sa façon de rapprocher les peuples, tout en douceur.
« Je fais en sorte d’apporter de la légèreté et de la chaleur à ce que je fais. Il n’y a pas une once de haine en moi », souligne-t-il lors d’un chat vidéo depuis sa voiture, à Chicago.
Pour autant, lorsque l’on clique pour la première fois sur l’une de ses vidéos sur Instagram, il y a de quoi avoir un pic de tension. Comme tant d’autres vidéos, elle commence sur un gros plan de Caresnone en train de dire d’une voix forte : « Une fois de plus, les juifs mènent le jeu ! »
Mais il n’y a là absolument rien d’antisémite : les yeux de Caresnone s’éclairent en avalant un rugelach à l’abricot. Il en prend ensuite un au chocolat. Puis, il en reprend un à l’abricot, cette fois avec du café.
« Merde. Je pourrais en manger 1 000 », dit-il en éclatant de rire, au volant de sa voiture, stationné devant la boulangerie Shalom Kosher de Buffalo Grove, dans l’Illinois.
Un peu après, quelqu’un lui recommande de goûter la babka.
« J’ai pensé : « Mais qu’est-ce que c’est, la babka ? », confie-t-il.
Depuis, quand il parle de babka, c’est un mélange de Shakespeare et de message de carte de voeux.
« C’est une pâtisserie délicieuse. Même une mauvaise pâtisserie a quelque chose de bon. Mais là, on est au-delà, c’est carrément beau. C’est fluide et tressé. Quand on la coupe, on peut voir toutes les couches. Et il y en a littéralement pour tous les goûts », poursuit-il.
Né Chris Campbell, il a pris le nom Caresnone [NDLT : l’équivalent de « je m’en fiche »] il y a de cela plusieurs années pour bien dire qu’il se fiche que les gens disent des choses négatives à son sujet ou n’aiment pas ce qu’il publie. Il préfère penser au positif.
« En société, je fais en sorte de vivre selon l’adage qui veut que si je respecte une personne, elle va aussi me respecter. L’énergie engendre l’énergie. Mais cela vient aussi d’un traumatisme. Ma mère est morte quand j’étais jeune et je n’ai jamais vraiment connu mon père. J’ai été élevé par ma grand-mère et ma demi-sœur. D’où mon envie de connaître du monde », explique-t-il
Caresnone explique également ce qui lui a permis de vaincre l’obésité et son anxiété sociale et parle de sa vie avec la leucémie lymphoïde chronique.
Tout ceci lui a fait opter pour la carrière de conférencier spécialisé dans la motivation, pour répandre les « bonnes vibrations », plutôt que de suivre les cours d’une école de cuisine.
Sa première incursion sur les réseaux sociaux remonte à six ans, avec une chaîne YouTube. Il y a de cela un peu plus d’un an, il a commencé à publier des contenus sur des spécialités de toutes les cultures, en parlant de tout, du pho vietnamien au pozole mexicain.
S’il a passé du temps avec des Juifs, enfant, à Wheeling, dans l’Illinois, ville qui, tout comme Buffalo Grove ou Highland Park, est forte d’une importante population juive, il n’avait jamais goûté la cuisine juive, sauf peut-être un bol de soupe au poulet avec des boulettes de matzah.
Depuis ses premiers articles sur la babka et le rugelach, son palais s’est affiné.
Il dit que The House of Glatt, à Crown Heights, est l’un des meilleurs traiteurs casher qu’il connaisse (« Le burger et le sandwich au bœuf sont tout bonnement divins »). Il a travaillé avec Babka Bailout, dans le New Jersey, pour créer ses propres saveurs – un cobbler aux pêches sucrées et une birria salée, un ragoût mexicain. Depuis qu’il est allé chez Katz Deli, à New York, il fait une fixation sur le pastrami – à tel point qu’il s’est mis en quête d’un Reuben sandwich à Milwaukee.
La réaction de la communauté juive a été extrêmement positive, dit-il.
« J’ai été invité à des dîners de Shabbat et chez des rabbins. Les gens m’ouvrent leurs portes. La chaleur que j’ai reçue de la part de la communauté juive est incroyable, c’est formidable », confie-t-il, en ajoutant qu’il y a eu quelques réactions négatives.
« Il y a de l’antisémitisme : la parole est libre. Les gens tiennent des propos insensés. J’ai reçu des menaces de mort. C’était la première fois qu’une chose pareille m’arrivait, mais j’ai redoublé d’efforts », assure-t-il.
Parmi toutes les spécialités qu’il a goûtées jusqu’à présent, il n’y en a qu’une dont il n’est pas très fan : la carpe farcie.
« Ce n’est ni le meilleur plat, ni mon préféré », confie-t-il en ajoutant avoir entendu beaucoup de Juifs dire la même chose sur ce plat de poisson haché.
Cela en dit long si l’on ajoute que Caresnone est allé jusqu’à goûter le p’tcha, plat ashkénaze traditionnel à base de pieds de veau en gelée particulièrement relevé. En l’apprenant, l’auteure de ces lignes, elle-même ashkénaze à 98,9%, dit à Caresnone qu’elle ne partagerait sous aucun prétexte la même pièce qu’un pot de p’tcha.
Avant que Caresnone ne parte, on lui pose une dernière question : quels plat principal, accompagnement et dessert juifs emporterait-il sur une île déserte ?
Après quelques instants de rélexion, il répond : « Une escalope de poulet », « Non, attendez. Un sandwich au pastrami, du cholent comme accompagnement, et bien sûr, de la babka. »
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