Israël en guerre - Jour 493

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Un Shabbat mémorable à Tel Aviv terni par un enlèvement

En ce repas de Shabbat avec plus de 2 000 convives organisé par White City, un "invité imprévu" était présent

Debra est chroniqueuse pour le Times of Israel.

Capture d'écran de la page Facebook #Bringbackourboys
Capture d'écran de la page Facebook #Bringbackourboys

Vendredi dernier, lorsque 2 300 jeunes de Tel Aviv etaient rassemblés dans un hangar du port de Tel Aviv pour établir le record du monde Guinness du plus grand dîner de Shabbat communautaire de l’histoire, l’ambiance de fête a été tempérée par quelque chose de très sombre

Quelques heures avant que les 800 bouteilles de vin soient ouvertes et que les milliers de parts de poulet, de boeuf et Halla (pain de Shabbat) aient été servies, un nombre beaucoup plus petit et plus troublant était sur ​​les lèvres des Israéliens à travers le pays : Trois.

Les médias sociaux ont fait le buzz sur l’histoire toute la journée, mais finalement les médias ont pu confirmer la terrible nouvelle : trois jeunes gens, dont deux âgés de seulement 16 ans, ont été enlevés jeudi soir en Cisjordanie sur la route du retour de l’école ou de la yeshiva, sans aucune nouvelles depuis.

Pour Jay Shultz, le fondateur de White City Shabbat, l’association qui a organisé le repas de Shabbat dont le nombre d’assistants devait battre le record Guiness, il ne faisait pas de doute que l’enlèvement devait être évoqué.

Plusieurs célébrités étaient à la table du dîner, officiellement déclaré détenteur du record à 23 heures, et presque tous, dont le professeur Alan Dershowitz, le maire de Tel-Aviv Ron Huldai et le député canadien Irwin Cotler, ont mentionné les trois garçons disparus dans leurs interventions.

Selon Schultz, « chacun d’eux a affirmé que nous devrions avoir les garçons à l’esprit et notre méga-événement d’unité devait signifier une chose – qu’ils rentrent à la maison sains et saufs. C’était vraiment beau. C’était imprévu, mais sans aucun doute, nous tous à White City Shabbat avons tenu à ce que les pensées et les prières pour les kidnappés fassent partie de notre événement d’une manière significative. »

Les manifestations d’unité et de solidarité de masse sont courantes en Israël . En temps de crise, cette nation fortement fracturée a une étrange capacité à regarder au-delà de ses quartiers divisés, ses tensions et ses innombrables segmentations ethniques, et s’unir réellement comme un seul peuple.

C’est peut-être pourquoi, au cours du week-end, tant de parents ont décrit Naftali Frankel (16 ans) , Eyal Yifrah (19 ans) et Gil-ad Shaar (16 ans) comme leur propres enfants. Le hashtag #bringbackourboys a commencé à fleurir sur les médias sociaux. Dimanche soir, à l’initiative des Grands Rabbins d’Israël, 25 000 personnes – tant religieuses que laïques – se sont réunies au Mur occidental pour une prière unie dans l’espoir de leur retour sains et saufs.

Shev Zacks, qui a fait son aliyah de Detroit en 2009, a écrit sur son blog du Times of Israel : « Tout ce à quoi je suis capable de penser, ce sont les trois garçons, dans un lieu inconnu. Tout ce à quoi je suis capable de penser ce sont leurs parents, la force de leurs mères, la terreur qu’elles doivent ressentir ».

Zacks, qui est dans les dernières étapes des préparatifs de son mariage, résume dans son blog ce que beaucoup d’Israéliens ressentent en ce moment : nous devons être tristes, certes, mais nous devons aussi être forts.

« Nous ne pouvons pas arrêter nos vies à  cause du terrorisme. Je prépare un mariage juif, je construis une maison juive », écrit-elle. « A chaque minute, alors même que j’écris ces lignes, je regarde les infos pour voir si des mises à jour ont été postées. Mais je garde à l’esprit que nous devons continuer. La vie doit continuer. »

La réception de Zacks est loin d’être la seule à avoir été touchée par cette histoire. Une mère, R., qui a célébré la bat-mitsva de sa fille dimanche soir, a ouvert l’événement, non pas avec des mots de félicitations à sa fille , mais avec un discours grave sur la façon dont les jeunes gens manquants étaient dans l’esprit de tout le monde. Plus tard, les convives se sont certes mis à dîner et danser, mais une lecture de Psaumes en leur honneur a aussi été introduite.

R. ajoute : « Nous avons ressenti un genre de culpabilité d’avoir fait cette grande fête, d’être tous joyeux et de s’amuser pendant qu’ il y a trois garçons quelque part, que personne ne sait où ils sont, et que leurs parents souffrent (…) Il n’y avait pas un nuage dans la simcha [réjouissance] , mais il y avait un nuage dans nos esprits… nous ne pouvions pas la célébrer sans le mentionner. »

Benji Lovitt, un autre blogueur du Times of Israel et comédien local apprécié, exprime un sentiment similaire lundi matin. Dimanche soir, au moment de la prière de masse au Mur occidental, Lovitt dirigeait un événement d’un tout autre genre – un spectacle dans la salle Off the Wall Comedy Basement à Jérusalem.

« Je ne voulais pas y être », admet-il. « Je n’étais pas d’humeur – personne n’était dans l’ambiance. »

Lovitt a partagé son expérience dans un blog, et plus tard a déclaré au Times of Israel que la seule façon dont il a réussi à faire rire était d’aborder d’emblée le problème épineux.

Dès sa montée sur la scène à Jérusalem, à une courte distance en voiture de l’arrêt d’auto-stop dans le Gush Etzion où Eyal, Naftali et Gil-ad ont été enlevés jeudi soir, il a commencé sur une note étonnamment grave, disant au public qu’il savait que les pensées de chacun étaient concentrées sur les garçons portés disparus et qu’il espérait qu’ils pourraient apprécier le spectacle malgré tout.

« C’est comme ça dans ce pays », dit Lovitt. « Nous devons continuer. Nous n’oublions pas mais nous continuons à vivre nos vies. Et puis, vous obtenez ce premier rire de la salle, et le comédien que vous êtes se sent très bien. »

Et Shulz de conclure : « Je crois au Shabbat, tant physiquement que spirituellement. L’unité du peuple juif a une valeur. Elle apporte de la lumière supplémentaire dans l’univers. Je ne comprends pas comment le monde fonctionne spirituellement, mais si quoi que ce soit de que nous ayons fait lors de notre dîner pouvait être utile ou significatif, je serais fier d’avoir pu y contribuer. »

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