En pleines négociations, Netanyahu aurait offert 400 millions aux yeshivot
L'initiative viserait à lever le refus des partis religieux à dissoudre le gouvernement d'union et à la tenue de nouvelles élections ; le bureau du Premier ministre dément
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait proposé de verser des centaines de millions de shekels aux yeshivot afin de réduire l’opposition des partis ultra-orthodoxes à la dissolution du gouvernement d’union et à la convocation d’élections.
Les 400 millions de NIS (100 millions d’euros) seraient reversés aux établissements ultra-orthodoxes alors même qu’un budget national n’a pas été approuvé par le gouvernement, a rapporté mardi la Douzième chaîne d’information. Cette somme viendrait s’ajouter à l’argent déjà injecté dans le système éducatif en préparation de la prochaine année scolaire, selon le rapport.
Le procureur général Avichai Mandelbit s’oppose à ce projet, selon le reportage, bien qu’une déclaration faite en son nom ait nié qu’il ait été consulté ou qu’on lui ait offert de donner son avis.
L’information est sortie en pleines négociations alors que le gouvernement d’unité nationale en place depuis peu fait face à de graves divisions. Le parti du Likud de Netanyahu est actuellement en conflit avec son partenaire Kakhol lavan concernant l’adoption du budget d’État, sur une période couvrant uniquement le reste de l’année 2020, comme le demande Netanyahu, ou sur deux ans comme souhaité par le leader du parti Kakhol lavan, Benny Gantz, et comme prévu dans l’accord de coalition.
Les deux partis orthodoxes, Shas, dirigé par le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri, et Yahadout HaTorah, dirigé par le ministre du Logement Yaakov Litzman, feraient pression sur Netanyahu pour parvenir à un accord avec Gantz et adopter le budget – menaçant même de renoncer à leur soutien de longue date à Netanyahu si des élections étaient organisées.
Selon la chaine, l’argent pour les yeshivot est inclus dans le budget, mais Netanyahu propose qu’il soit remis immédiatement, sans attendre que le budget ne soit approuvé.
En retour, Yahadout HaTorah et le Shas opposeront moins de résistance à la convocation d’élections, selon le reportage.
Une source de Yahadout HaTorah a confirmé à la chaîne que l’argent était sur la table mais a déclaré que cela ne servirait pas à acheter le soutien ultra-orthodoxe aux élections.
« Ces 400 millions de NIS sont des premiers secours pour les yeshivot qui ont besoin d’un budget, le minimum que nous pouvons nous permettre », a déclaré la source anonyme. « Nous continuerons à nous opposer aux élections même si nous obtenons cet argent, mais cela rendra les élections plus faciles à avaler et nous empêchera de prendre des mesures extrêmes pour empêcher les élections. »
Le député d’opposition Avigdor Liberman, chef du parti laïc de droite Yisrael Beytenu, a écrit en réponse sur Twitter : « Le versement de 400 millions de NIS aux partis ultra-orthodoxes en ce moment n’est pas un budget pour les yeshivot, mais une capitulation devant Deri et Litzman et un pot-de-vin électoral. »
Un communiqué du bureau du Premier ministre a indiqué que « le reportage est incorrect, il n’y a aucun lien entre les sujets. M. Netanyahu estime que tout doit être fait pour empêcher les élections et pour adopter immédiatement le budget ».
La Douzième chaîne a déclaré que les objections des ultra-orthodoxes aux élections étaient basées sur la crainte de retarder encore le budget, et avec lui l’argent pour les yeshivot.
De hauts fonctionnaires de Yahadout HaTorah et du Shas ont été cités mardi par le radiodiffuseur public Kan comme ayant déclaré que si Netanyahu refusait de faire un compromis sur le budget de l’Etat, ils refuseraient de soutenir publiquement le Premier ministre comme ils l’ont fait lors des récentes élections. Ils ne s’engageraient pas non plus à soutenir Netanyahu en tant que Premier ministre après les élections, le privant potentiellement du soutien nécessaire de 61 députés pour une majorité à la Knesset de 120 sièges.
Le gouvernement a jusqu’au 25 août pour approuver un budget. Si celui-ci n’est pas adopté d’ici là, la Knesset sera automatiquement dissoute et de nouvelles élections seront convoquées pour novembre, dans ce qui serait le quatrième tour de scrutin en moins de deux ans.